L’expérience du SoiCaché au plus profond de l’inconscient, cœur du mandala intérieur, le Soi est porteur du projet de vie, porteur de ce qui relève du plus intime et de l’essentiel… C’est là ! … C’est au centre et ça irradie, … partout ! … Ça organise le monde tout autour de moi, et cela d’autant plus que je suis engagé dans l’aventure intérieure de l’individuation. Le Soi, c’est le maître de la transformation. Mais aussi, du fait qu’il est essence de la totalité, il est à la fois ombre et lumière. Établir le dialogue entre le Moi et le Soi, et puis le nourrir pour l’entretenir est chose importante – importante, mais pas facile – car les deux protagonistes s’opposent par bien des points. Leurs relations sont empreintes d’enjeux de pouvoir, et, en même temps, l’un ne peut pas aller sans l’autre. Il y a une double dépendance. Très souvent, l’individuation se fait sur le mode du conflit, conflit mis en scène par le Soi lui-même, conflit qui déchire – qui écartèle devrais-je dire – véritable Passion ! Le Moi, de son côté, doit retrouver le sens de l’intériorité, il doit nourrir notre vie intérieure et prendre l’habitude d’aller s’abreuver à sa source, … là, tout au fond. Le chemin qui y conduit est un chemin de vérité – de vérité et d’authenticité – un chemin qui passe par le cœur. Un rêve récent vient de me rappeler que plus le Moi boit de l’eau à sa source, plus celle-ci se bonifie, et inversement, moins il en boit, plus l’eau se dégrade. Et, … progressivement, … ce qui vient, c’est qu’on découvre que, bien plus qu’un concept limite, le Soi est une expérience, une expérience très sensible, une expérience empreinte de numinosité. Ainsi va l’aventure, et … finalement … une marche en avant se produit.
SoiConcept limite qui rend compte de l’existence paradoxale et problématique – à côté du moi et en opposition à celui-ci – d’un centre archétypique de la personnalité totale, consciente et inconsciente. Transcendant par rapport à la conscience, le soi n’est pas entièrement saisissable et « ne peut être décrit qu’en termes d’antinomies » ; il « représente par définition une unification virtuelle de tous les opposés » : conscient /inconscient, matière/esprit, masculin/féminin, bien/mal … Il est « à la fois la quintessence de l’individu et une entité collective » (objective et présente en chaque homme). En se confrontant au soi, à travers les symboles spontanés qui l’expriment, le moi en fait une expérience intime et tragique, car elle « représente une défaite de l’ego ». « Ce qui semblait auparavant être ‘moi’ est recueilli dans quelque chose de plus vaste qui ‘me’ dépasse et ‘me’ domine de toutes parts ». Le soi, en effet, « s’étend de tous côtés par-dessus la personnalité égotique ». L’union des opposés qui est dans sa nature et qu’il pousse à réaliser « place le moi devant des problèmes qu’il préfèrerait de beaucoup éluder ». En premier lieu, celui de l’ombre antagoniste, le plus souvent projetée sur autrui et qui se révèle être, lorsque cesse la projection et que le sujet reconnaît sa propre culpabilité, une partie intégrante du soi. Puis celui de l’opposé sexuel : animus de la femme et anima de l’homme, qui ne peut être intégré par le sujet – qui fait alors l’expérience d’un soi composite, masculin et féminin – que lorsque cesse la projection inconsciente sur le partenaire de l’autre sexe. En ce sens, c’est bien la Selbstwerdung, l’advenir ou la réalisation du soi, et le rapprochement des contraires qu’elle implique, qui permet ou facilite le retrait des projections. C’est par ce retrait – qualifié d’« effet thérapeutique par excellence » - que le moi peut reconnaître le soi comme le « véritable axe de croissance » du psychisme, le percevoir comme son origine et son but, et s’ouvrir à la complexité (par la mise en tension consciente des opposés) et à l’altérité (par la prise en compte de l’autre, dans la réalité extérieure et intérieure). Pour Jung, « devenir conscient » signifie « devenir entier ». Le soi objectif ne prend tout son sens que dans l’accomplissement du moi sujet. Le vocabulaire de Carl Gustav Jung, ouvrage coordonné par Aimé Aignel, pp 82 – 83, éditions ellipses |
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