Mérelle.net, l'aventure intérieure

18 - Plénitude contre perfection

Auqmn : Serpent blanc avec des racines

C'est encore moi...

Comme d'habitude je sollicite vos commentaires pour mon rêve de la nuit passée.

Cela commence par une course en montagne. Curieusement, le but n'est pas d'atteindre un sommet mais un village dans lequel nous devons goûter une spécialité à base de viande (je suis quasiment végétarienne, je ne mange de la viande que lorsque je suis invitée chez des gens qui ignorent mes goûts).

C'est mon grand-père - un homme autoritaire, violent et méchant, dont je n'ai découvert la vraie nature que depuis 4 ans - qui me conduit sur le lieu de départ. Il ne prend pas part à la course.

Nous partons à 4. La progression est facile et agréable. En chemin, je réalise que j'ai oublié mes crampons à pointes avant, lesquels sont nécessaires pour l'escalade d'une cascade de glace prévue sur le parcours. J'espère qu'une paire pourra m'être prêtée.

Plus tard, je commence l'ascension d'un rocher dont la base baigne dans l'eau. J'aperçois un serpent blanc qui se hisse hors de l'eau et se glisse dans une fissure du rocher qui fait face à celui sur lequel je grimpe. Ce serpent ne m'effraie pas, mais je remarque avec beaucoup de surprise qu'il porte sur toute sa longueur de fines excroissances ramifiées, comme des brindilles, ou de courts hyphes mycéliens, répartis très uniformément autour de son corps.

Je demande à un vieil homme la raison de cette singularité et il me répond que ce sont des racines qui ont poussé sur le serpent pour le protéger du froid pendant sa période d'hibernation.

Le vieil homme (mon grand-père?) frappe le rocher avec un bâton pour en déloger le serpent qui progresse parallèlement à moi le long de crevasses et de fissures. Je désapprouve intérieurement le comportement de cet homme qui ferait mieux de laisser le serpent tranquille.

Lorsque je suis parvenue presque au sommet, le serpent apparaît hors du rocher non loin de moi. Je ne lui veux pas de mal, mais il me répugne fortement à cause de ses 'racines' et je me hérisse à la seule idée de le toucher. Finalement il disparaît à nouveau et retourne dans l'eau, ce me semble.

Je termine mon ascension. Le vieil homme m'indique les bonnes prises et s'énerve quand je ne suis pas exactement ses instructions. Lui aussi m'agace car je le trouve beaucoup trop directif.

Une fois en haut, je rejoins mon frère et d'autres personnes. Ils sont arrivés depuis un bon moment déjà et je suis en retard à cause du serpent. L'endroit avait été désigné pour le déjeuner. Je veux me joindre à eux mais ils ont déjà fini de se restaurer. Je m'aperçois qu'il n'y a plus de coulis de tomate et cela m'irrite. J'apostrophe mon frère avec véhémence en lui reprochant de ne m'avoir pas laissé de coulis, ce que je trouve très égoïste. Il se contente de hausser les épaules et je lui en veux. Néanmoins cela m'étonne qu'il se soit comporté ainsi.

Ce serpent blanc couvert de 'racines'... L'image me semble familière, mais je ne parviens à trouver à quoi elle fait allusion. Ce serpent blanchâtre évoque pour moi des vers cavernicoles qui vivent dans l'eau et l'obscurité. Ce serpent a quelque chose d'interne, d'organique. Il n'a rien à faire dans mon monde de la surface.

Philippe : réponse

Si l'on prend les symboles un par un, cela donne:

la viande : la chair

le vieillard: le Soi...?

le nombre 4: la totalité, l'accomplissement

le serpent blanc: le phallus, le fait qu'il soit entouré de racine indique peut-être son aspect vital

le jus de tomate: ce qui fait parvenir à la maturité

Avec ça je suppose que tu peux comprendre toi même le sens du rêve qui finalement est dans la continuité des autres.

Tu n'aimes pas le Soi décidément, mais cela se comprend, ses exigences sont assez loin de ton mode de fonctionnement...

Une dernière chose: Jung enfant avait rêvé à un phallus qui sortait des profondeurs de la terre, il y voyait une sorte de divinité très ancienne le savais-tu ?

Auqmn : Rêve de Jung

Je connais le rêve de Jung auquel tu fais allusion et qui met en scène un phallus divinisé sur un trône souterrain.

Je sais aussi à peu près ce que le symbole du phallus représente pour lui, un principe créateur, qu'il désigne sous le terme de 'Mana' si je me souviens bien.

Philippe : Archétypes

Je crois que l'abondance d'archétypes du divin, de divinités dans tes rêves montre bien que le changement qui doit s'opérer en toi passe bien sûr par une aventure sentimentale mais aussi par un cheminement spirituel afin que l'aspect divin enfoui dans ton inconscient émerge enfin à la surface

Auqmn

Tu as raison, l'aspect divin est enfoui dans mon inconscient (refoulé : mon père tient l'idée de Dieu pour stérile et mon frère adore passer des heures à discuter pied à pied pour prouver à un croyant que le dieu de sa religion n'est qu'une invention humaine). Cela ne m'étonnerait pas que mon moi conscient se batte avec acharnement contre l'émergence de ce concept.

Tu insistes encore sur une histoire sentimentale nécessaire à mon évolution (pour compenser mon fonctionnement hypercérébral, je sais, ton idée est très cohérente). Cela signifie-t-il qu'à ton avis je ne peux pas progresser tant que cela ne m'est pas arrivé ? Perspective plutôt affligeante, car je ne puis pas agir dans ce domaine. Je ne peux pas décider d'aimer quelqu'un à fin thérapeutique. C'est ce qui me déplaît dans ce que tu suggères. Je suis contrainte à la passivité.

Philippe : synchronicité

Je crois qu'il faut continuer l'évolution qui s'est fait jour en toi, et compter sur la synchronicité. Quand tu seras prête tu aimeras sans doute de nouveau. L'amour , bien sûr ne se décrète pas. De même que la foi. Ne t'afflige pas, je pense qu'il faut un tout petit peu de patience, et cela viendra en temps et en heure comme le prolongement de ta mue intérieure.

Kriss : Douceur ...

J'ai envie de réagir aujourd'hui , je ne sais pourquoi, mais j'écoute cet élan... (Christian ne serait-il pas en train de se frotter les mains?!...)

J'espère ne pas te paraître complètement à côté de la plaque, mais je n'ai pas le temps de relire tout le feuilleton Auqmn (très belle histoire pourtant...) Alors voici une parole de femme au milieu de tous ces hommes qui prennent soin de toi...

S'il ne s'agit pas d'aimer quelqu'un à des fins thérapeutiques, on ne se programme pas ainsi, c'est encore une perspective en cul de sac...

Mais j'ai envie de te dire : commence par toi, pose les armes, soit bonne avec toi-même, mets de la douceur dans le regard que tu portes sur toi, prends-toi dans tes bras et berce-toi... On en crève toutes de vouloir se cramponner à nos rigidités...

Le temps est venu de prendre le risque de se laisser aller à s'émouvoir....

Moi, je te fais une grosse grosse bise....

Christian : oui, douceur ...

et moi je me frise les moustaches !

C'est très beau ce que tu écris Kriss.

Auqmn : Douceur ...

Merci Kriss :-))) pour tes douces et bonnes paroles.

Tu as raison, avant d'aimer quelqu'un d'autre, il importe de s'aimer soi-même.

Je crois que je suis en bonne voie, en dépit de mes velléités de perfection et de leurs commentaires frustrés.

Quant à relâcher la discipline, j'y travaille doucement. Le vieux cuir raidi n'est pas facile à assouplir.

Et je me prends dans mes bras dans mes mondes imaginaires.

Alain : Contact avec le serpent

Tu grimpes une montagne, pour moi c'est le signe que tu cherches à évoluer et à progresser vers la sagesse. Je sais que Christian trouve suspect ces élévations et j'espère qu'il répondra là-dessus. Je pense que l'humanité a toujours cherché à se démarquer, à progresser et à évoluer. Certainement qu'il ne faut pas le faire au détriment de nos bases, mais ici le serpent te suit parallèlement. Il arrive souvent que des gens rêvent qu'un serpent les devance pour montrer la voie. Ici, le serpent est à côté de toi et te montre que tu es déjà sur la bonne voie.

Philippe te parle de l'énergie du phallus. Cela me fait penser à la Kundalini, cette énergie qui monte du bassin et qui monte à la colonne vertébrale. Je n'en dis pas plus car je ne connais pas bien ce thème. Mais il y a bien une énergie qui monte en toi, ou, avec toi.

Tu me disais avoir peur d'aller jouer, de retrouver tes instincts. Or, dans ce rêve, le serpent ne te fait pas si peur que tu pouvais le croire, il te dégoûte tout au plus. Tu retrouves, par tes instincts, des bases archaïques très importantes.

Il y a un conte où un roi mangeait du serpent blanc chaque jour pour acquérir la sagesse et pour comprendre tous les éléments de la nature. Aussi, ton serpent a des racines, base de toute vie végétative. Je pense au serpent d'Esculape enroulé autour de son bâton. Ton serpent te montre que tu es sur la bonne voie et il est aussi une possibilité de guérison.

Au sommet de la montagne, tu n'as pas le consommé de tomate. Je pense que cela réfère à la chaleur, aux émotions, mais aussi au sang et à la fécondation. Tu crois que c'est le serpent qui t'a ralenti, mais je crois que si tu étais restée avec lui plus longtemps, si tu lui avais parlé et si tu t'en étais fait un ami, alors, tu pourrais vivre plus entièrement. Avec ta tête (toi), avec ta colonne vertébrale (le cheval) et avec tes tripes (le serpent aux racines) tu pourrais être plus chaleureuse, émue et porter fruit.

En tout cas, je crois qu'un bon contact s'est produit ici et que tu es sur la bonne voie.

Christian : Plénitude contre perfection

Il y a longtemps qu’on n’a plus discuté ensemble, je suis heureux de te retrouver parmi nous et de ‘ferrailler’ un petit coup avec toi.

Tu écris à Auqmn : ‘Tu grimpes une montagne, pour moi c'est le signe que tu cherches à évoluer et à progresser vers la sagesse'.

A cela je réponds : Bien sûr qu’Auqmn cherche et progresse réellement vers une forme de sagesse. Mais cet équilibre nouveau vers lequel elle tend, ce nouveau centre de gravité autour duquel elle tourne (comme on tourne autour du pot), ce n’est pas en grimpant sur la montagne qu’elle le trouvera, mais plutôt en descendant dans la vallée des hommes et en se gavant de coulis de tomates :-)))) ou comme tu le lui conseilles très justement toi-même en jouant et en déconnant. Tu la vois déconner dans les neiges éternelles ? C’est pas le lieu !

Relis son rêve ‘Je me bats encore ...’, vois ce qui est arrivé à l’enfant au tout début, le traumatisme qu’il a subi de la part des doctes adultes : crucifixion et oubli dans la neige.

Grimper sur la montagne, c’est se retirer du monde, se réfugier dans un monde désincarné, un monde de pureté intellectuelle ou spirituelle, c’est bleu et blanc, c’est le monde de la perfection froide. Des milliers d’années de culture judéo-chrétienne nous ont conditionnés pour faire de la recherche de la pureté cristalline, de cette fuite de l’incarnation, un idéal de sagesse et de salut. Pour Auqmn, grimper c’est ne pas pouvoir se dégager de son hyperintellectualisation, c’est continuer à ne pas s’ouvrir aux autres, c’est continuer à ne pas prendre de risque, car effectivement ça peut faire mal de se frotter aux autres et de se retrouver face à une image non parfaite de soi.

Une lecture que je fais de l’œuvre de Jung est d’avoir contribué de manière magistrale au remplacement d’un idéal de perfection désincarnée par un autre de plénitude incarnée. La différence est de taille.

Voilà pourquoi, ami Alain, je tiens pour suspect le fait de monter dans un rêve. ... Mais il peut y avoir des exceptions ! :-)))

Alain : Montagne (problèmes de ressources)

C’est un grand plaisir de discuter avec toi. Mon but n’est pas de gagner mon point de vue à tout prix, mais ce thème de la montagne me paraît important et je cherche vraiment à comprendre ta façon de voir. Dans ses rêves, Auqmn trouve sur la montagne des images : l’enfant blessé, l’enfant en croix (sacrifié), la fleur, le serpent, le potage, la centrale hydro-électrique et des gens qui représentent autant de problèmes en elle auxquels elle s’attaque. Elle est mal chaussée, mais ses efforts pour monter et pour voir plus loin et plus clairement en elle, l’amène à voir toutes ces images. La montagne me semble être, surtout ici, son désir de comprendre, de s’élever et cela lui offre un nouveau point de vue, une bonne base. Ce n’est pas la montagne qui a blessé l’enfant, c’est bien l’adulte en elle qui l’a abandonné. En grimpant, elle a pu voir et comprendre ce fait. Effectivement, pour le réanimer, il vaut mieux le faire redescendre (dans son corps) le réchauffer et le nourrir. Le soigner pour qu’il puisse vivre les joies de son âge. Dans ce sens je remercie Kriss pour son intention à l’égard d’Auqmn.

Le sommet de la montagne peut représenter l’isolement et le rationalisme froid d’Auqmn, mais, à quelque part, elle a toujours fonctionné avec cela. Pourtant, avec l’abstraction des rêves et sa logique à elle, elle a vu sa problématique, il dépend d’elle de conserver cela au niveau des idées ou de l’actualiser dans sa vie. C’est par la tête qu’elle a compris qu’elle avait un corps (une colonne vertébrale et des tripes), le goût de bouger, de jouer et de vivre. La montagne symbolise sa résolution ferme et solide comme un roc.

Moi aussi j’approuve le fait qu’elle se batte, cela montre qu’elle est prête à s’attaquer à de vieilles images, des tabous et une éducation stricte, je pense entre autres au vieillard qui lui dit toujours quoi faire, où poser les mains et les pieds. Tous ses instincts émergent ; le cheval de l’eau, le serpent de la caverne. Bien sûr, cela réveille aussi de vieilles idoles qui s’y opposent, on entre dans la chambre interdite. Les résistances sont légion, mais sa détermination et la confiance en elle sont puissantes et fermes (comme la montagne ? !).

Autant elle voit plus clair grâce à la montagne, autant la vie recommence à grouiller par en dessous, jaillissante des profondeurs. C’est bien souvent des montagnes que prennent leur source les rivières et la vie.

Ictiandre

Quel beau voyage vous me faites faire, et cette montagne !

Comme elle change avec les saisons , le voyage d'AUQMN est plein de nouvelles rencontres toutes autant de facettes qui composent son entièreté qu'elle a à rencontrer et à aimer en elle .

David : Coloriage ...

Tiens, un p'tit nouveau
Qui sort de l'eau
Qui émerge
Comme une verge
Le vieux Sournois
Ne l'aura pas
Et cet enfant
Sanguinolent
Qui veut jouer
Qui veut sauter
S'il coloriait
Le blanc serpent
S'il le rendait
Un peu moins blanc???

Alain : Serpent guérissant

Pourquoi veux-tu lui faire colorier le serpent? En restant blanc il demeure bien inoffensif, il est tout au plus dégoûtant (pour nous les pays riches; il faut bien le dire). Je le trouve, aussi, bien vivant; un bon compagnon. Certaines couleurs rendent dangereux les serpents qui deviennent démoniaques et qui peuvent nous blesser mortellement ou nous rendre malade. Un serpent blanc avec des racines me paraît être une source d'énergie positive et curative... Ici, nous avons un serpent salutaire qui montre que quelque chose d'important se passe au niveau de l'inconscient... c'est à suivre...

David : Gai serpent guérissant

> Un serpent (blanc) avec des racines me paraît être une source d'énergie positive et curative... Ici, nous avons un serpent salutaire qui montre que quelque chose d'important se passe au niveau de l'inconscient... c'est à suivre...

Je suis tout à fait d'accord avec toi et l'apparition de ce serpent est comme tu le dis salutaire. Mais il est dégoûtant. Il n'a pas (encore?) de couleur.

Et le coloriage n'est-il pas un des jeux préférés des enfants? Je ne pense pas que ce serpent puisse devenir démoniaque. Au contraire je crois que si Auqmn l'habillait de couleur(s), elle pourrait finir par le trouver plutôt sympa.

Mais ça, c'est à elle de nous le dire...

PS: Voir aussi Libido Libérée pour les Sept Piliers de la Sagesse

Auqmn : Couleur du serpent

Merci pour vos réflexions sur mon rêve.

Le problème que me pose ce serpent réside dans la présence de ces racines (blanchâtres ou jaune pâle). Ce sont elles qui me rebutent, et non la couleur blanche du corps du serpent.

Cependant David m'a fait songé que le serpent me serait plus sympathique s'il était coloré, avec des anneaux noirs, jaunes, rouges et blancs par exemple. Ainsi il serait moins 'inachevé'.

Christian : Tomate, pomme d'amour

A mon tour d'apporter ma lecture de ton rêve 'serpent blanc avec des racines'. Mes commentaires ne s'opposent pas fondamentalement à ce qui a été écrit par les autres.

> Curieusement, le but n'est pas d'atteindre un sommet mais un village dans lequel nous devons goûter une spécialité à base de viande.

Curieux en effet car inhabituel, le sommet abstrait ne t'intéresse plus pour lui-même. Ton but, c'est le village des hommes où tu vas manger de la viande. Te voilà intéressée par tes semblables et carnassière t'attaquant à des nourritures consistantes qui vont te donner du sang. Le progrès paraît clair.

> C'est mon grand-père ... qui me conduit sur le lieu de départ.

Ça ne peut être que lui (compte tenu de ce qu'il représente) qui t'engage dans ce qui reste tout de même une course en montagne. (je ne prends plus la peine de tout traduire, je considère que tu comprends ce langage des rêves).

> Nous partons à 4.

Tiens c'est nouveau ça. J'ai souvenir des 3 filles unies qui balançaient MoiNoir à l'eau, mais c'est la première fois que tu es quatre, le progrès est significatif. La quaternité est révélatrice d'un équilibre sinon réalisé du moins en perspective, souviens-toi des 4 fonctions.

> je commence l'ascension d'un rocher dont la base baigne dans l'eau. J'aperçois un serpent blanc qui se hisse hors de l'eau et se glisse dans une fissure du rocher qui fait face à celui sur lequel je grimpe.

Le rocher qui sort de l'eau est une forte image du Soi en émergence. Mais ce qui m'interpelle, c'est surtout le parallélisme entre ce que tu fais toi sur ton rocher et le serpent sur le sien.

La blancheur du serpent est pour moi une absence de couleur, car il vient d'un monde obscur de cavités. Je pense (mais peut-être que je me trompe) qu'il aurait pu être tout aussi bien noir. Ses racines soulignent son caractère très archaïque, quasi végétatif, de même que le fait qu'il sorte du froid et de l'hibernation. Ce qui te répugne en lui me paraît être son inhumanité intégrale. A la différence des autres commentateurs, je ne dirai pas que ce serpent est bienfaisant, ... ni malfaisant d'ailleurs. Pour moi, il est ambivalent, capable du bon comme du mauvais, incapable d'apprécier. Il est énergie primitive. Son caractère bienfaisant ou malfaisant dépendra de ce que tu en feras.

Ce serpent qui progresse parallèlement à toi est comme ton double. Peut-on voir là, dans cette scène, une image de cohérence entre ce qui se passe à l'extérieur, la réflexion que tu mènes dans ta vie consciente et d'autre part ce qui se passe à l'intérieur, cette circulation de ton énergie psychique qui progresse de crevasses en fissures ? Faisons cette hypothèse.

Ce parallélisme me paraît alors intéressant, car révélateur d'une démarche totale engageant ta surface et ta profondeur.

> Le vieil homme (mon grand-père?) frappe le rocher avec un bâton pour en déloger le serpent qui progresse parallèlement à moi le long de crevasses et de fissures. Je désapprouve intérieurement le comportement de cet homme qui ferait mieux de laisser le serpent tranquille.

Moi, dans cette scène, il me serait plutôt sympathique ce vieil homme. Je ne suis pas sûr que ce soit ton grand-père. C'est plutôt à mes yeux ton guide intérieur qui met en branle un processus, une évolution qui naturellement t'angoisse par l'inconnu qu'elle contient et par les plumes que tu vas peut-être devoir laisser dans la manip.

> Je m'aperçois qu'il n'y a plus de coulis de tomate et cela m'irrite.

Après la viande, voici du coulis ! C'est la première fois que je vois du rouge dans tes rêves. Intéressant, non ? ça change de la neige et du ciel ! Cette scène m'amuse beaucoup. Tu engueules ton frère, alors qu'il te rend un fier service. :-)))

En effet, alors que tu commences tout juste à sortir de ta froide solitude et à t'intéresser à la vie, tu veux te jeter sur le premier coulis venu. Pouah, du coulis, de la bouillie ! J'espère, comble de l'horreur, qu'il n'est pas sucré de surcroît, que ce n'est pas du ketchup ! Il faut acquérir le sens des nuances, chère amie, devenir gourmet. En Provence, la tomate est appelée 'pomme d'amour'. C'est beau, non ? Et le coulis n'est pas fait avec les plus belles tomates, c'est un sous produit. Si tu veux manger des pommes d'amour, et je t'approuve dans cette intention, je te conseille de les essayer à la croque-au-sel. Tu mets du bon gros sel dessus (pas du fin) et tu mords directement dedans, à pleine dents. C'est fameux ! Le sel exalte le goût de la pomme d'amour. :-))))))))) (je te laisse le soin de la traduction)

Tout cela me paraît très sympathique !

Auqmn

Encore une fois tu as éclairci le sens de mon rêve ('serpent blanc avec des racines'). Je loue ta perspicacité et je me réjouis grandement du hasard propice qui m'a mise en contact avec toi. (Formule un peu alambiquée, mais c'est sincère).

J'adore les tomates. Souvent j'emporte une tomate dans mes marches forcées estivales, et je mords dedans comme dans une pomme, lorsque vraiment je n'en puis plus, que je ruisselle sous le soleil, que des étoiles dansent devant les yeux si je baisse la tête et que ma peau est rêche de sel. Délice du jus qui jaillit, des graines glissantes et de la chair tiède légèrement salée ! En ces instants je jure que je n'ai jamais rien mangé qui soit aussi savoureux. Je pourrais alors vouer un culte aux tomates :-))) et dans mon exaltation je les appelle des œufs de sang.

Quant au coulis de tomates, c'est celui que fait ma grand-mère, délicatement parfumé, d'un beau rouge profond (et tellement succulent dans la tarte à la viande que j'en ai l'eau à la bouche...) Et toi tu as le toupet de supposer que ce pourrait être du ketchup, cette infâme abomination sucrée et américaine ?

Christian : Être

Je repasse tes derniers messages pour répondre aux questions restées en suspens

Je n'aime pas ta démonstration au trapèze et cette inclination à jouer au chien de cirque, l'idée me paraît de la même nature que la quête de la fameuse fleur sur la montagne. Je précise que je ne prône pas la médiocrité, au contraire, je suis pour l'excellence, mais je me méfie du besoin de (se) prouver qu'on est le plus fort.

Le docteur et sa femme : oui, on peut dire si tu veux que ce sont des complexes, comme le moi, comme l'ombre en sont, ce sont des entités psychiques plus ou moins autonomes, des petits mois si tu préfères. Ce sont des passe-muraille, on ne saurait les enfermer, on ne s'en débarrasse pas, on ne peut que les transformer ! A mes yeux, là est la bonne idée.

Je n'ai rien contre ton ambition d'enfant d'être un savant, bien évidemment, ni contre ton activité intellectuelle actuelle, je dis seulement qu'il ne faut pas tout leur sacrifier. 'Être' prime sur 'savoir' ! sinon savoir est faiblesse. Les rêves te l'ont déjà dit. De même puissance et supériorité recherchées sont faiblesse, alors que faiblesse et humanité intégrées constituent les véritables puissance et supériorité. Saisis-tu mieux mes nuances ?

Tout comme toi, j'ai pensé que la femme du rêve avait à voir avec ta mère réelle et avec l'image de la mère que tu portes en toi. Et le fait que ta mère réelle est aimante et tendre n'enlève rien à certains vécus et à certaines représentations moins sympathiques que tu portes en toi (comme tout un chacun). La vie psychique est étonnamment complexe. Oui, l'image de la mère en toi est à creuser, c'est un monde à elle seule.

J'ai pris beaucoup de plaisir à la lecture de ta manière de manger les pommes d'amour . La sensualité qui s'en dégage est très forte et ne peut que t'être bénéfique.

Auqmn

A propos du trapèze, je ne cherchais pas à faire des acrobaties. L'acrobate qui était à mes côtés était un professionnel, lui, et je lui montrais juste ce que je savais faire (= ce que je sais faire en réalité), ce qui n'est donc pas grand-chose. J'étais intimidée à l'idée de montrer mes maigres talents à quelqu'un d'émérite et une partie de moi me conseillait de rien faire du tout ("j'en sais moins que lui, il est bien meilleur que moi, mes exercices sont ridicules à côté de ses prouesses, bref je suis en position de faiblesse et il va me juger lamentable"), mais une autre m'incitait à ne pas avoir honte et à lui montrer ce dont j'étais capable sans redouter un jugement méprisant. Je prenais finalement plaisir à l'exercice physique et oubliais sa présence en me concentrant sur mes mouvements.

> De même puissance et supériorité recherchées sont faiblesse, alors que faiblesse et humanité intégrées constituent les véritables puissance et supériorité. Saisis-tu mieux mes nuances ?

Oui, c'est très clair. C'est même en substance ce que j'ai dit à Nadia (ma coloc) hier soir après qu'elle m'a demandé conseil sur la conduite à tenir suite à un accrochage avec une autre étudiante.

> l'image de la mère en toi est à creuser, c'est un monde à elle seule

Il y a du travail... Et en même temps peu d'images me viennent à l'esprit. En insistant, surgit quand même ce souvenir où elle apparaît en contre-jour (donc obscure) devant la fenêtre tandis que dans ses bras, je repousse obstinément le biberon (j'avais deux ans, peut-être moins). Je lui ai écrit des poèmes très émouvants pour chaque Fête des Mères jusqu'à l'âge de 21 ans (rituel contracté à l'école primaire), et trois ou quatre méritent d'être rangés parmi mes productions poétiques en dépit de leur caractère d'exercice de style. Dans mes mondes imaginaires, elle est absente. Une forme de père existe (celui d'A), et les divers pères adoptifs de Ian jouent parfois un rôle, mais jamais n'apparaissent les mères. Jamais. Je ne saurais pas quoi faire de ce personnage. Je suis fière de mon père, mais pas vraiment de ma mère. Je crois que je la méprise un peu. :-(((( C'est difficile à admettre. Cela me fait mal. J'aimerais bien ne pas avoir pensé cela. Je crois que je lui en veux, que je lui reproche quelque chose. En même temps je la sens vulnérable et fragile en dépit de sa volonté de fer - peut-être justement à cause de cette volonté inexorable - et cela m'ôte toute envie de creuser plus avant. Je l'aime autant que mon père, c'est certain, mais j'ai l'impression de ne pas être juste envers elle.

Christian : femme et mère, veux-tu en parler ?

Nous commençons à avoir de la matière pour aborder la question de ta féminité. Je ne veux pas le faire sans ton accord car je conçois tout à fait que tu puisses ne pas en avoir envie. De plus, on risque de toucher des points sensibles et du fait que nous ne serons pas face à face, il me sera impossible de tenir compte de tes réactions en direct et d'ajuster mes interventions. Dis-moi ce que tu souhaites

A propos du trapèze, je reviens sur mon mail précédent pour dire qu'au contraire avec tes nouvelles explications j'aime beaucoup cette séance faite de simplicité, d'acceptation de soi et de plaisir physique, sans complexe devant l'excellence du trapéziste professionnel. La scène est saine et sonne juste.

Quant à ta mère, je crois qu'il faut commencer par distinguer ta mère réelle de l'image de la mère que tu portes en toi. Il importe, me semble-t-il, de prendre un peu de recul, un peu d'altitude :-))) Je ne nie pas que parfois la montagne ait du bon !

Auqmn : Femme et mère : OK, on y va

Je ne vois pas très bien ce que JM a à voir là-dedans, mais je suis d'accord pour que tu abordes la question. Moi je ne sais pas comment attaquer le problème (j'ai juste envie de dire sur le sujet que je ne veux pas être une femme (enfant je vivais vraiment cela comme une injustice), mais qu'il faut bien accepter la réalité et que je la supporte finalement assez bien - superficiellement).

Je suis d'accord, distinguer ma mère réelle et l'image de la mère paraît simple à première vue puisque ce sont deux réalités différentes, mais en fait je m'aperçois que cela n'a rien d'évident. C'est stupide de penser que je vais faire du mal à ma mère réelle en explorant tout ce qu'a de négatif l'image de la mère en moi, mais c'est ma réaction spontanée. Peut-être n'est-ce pas tant ma mère que moi-même que j'ai peur de blesser dans l'affaire.

Lorsque j'étais plus jeune (à l'école primaire), j'étais très protectrice à l'égard de mon frère. Je n'intervenais pas dans ce qu'il entreprenait, mais j'avais toujours l'oeil sur lui et était prête à intervenir pour l'aider ou le défendre. Les adultes disaient parfois que j'étais comme 'une seconde mère' pour lui et je détestais cette remarque. Pourtant mon comportement était en effet très maternel à son égard. Mais le mot de 'mère' me hérissait. J'étais sa grande sœur. Point final. Je ne voulais pas jouer à être sa mère. Est-il utile de préciser que je ne jouais pas à la poupée ?

A la réflexion, je crois que je vois dans la notion de mère l'image d'un renoncement à soi et un dévouement total aux enfants. Un sacrifice obligé. Je ne veux pas me sacrifier pour quelqu'un d'autre. Je ne veux pas exister à travers un enfant (je n'arrive même pas à écrire 'mon' enfant). Je veux exister pour moi-même. Je veux rester totalement indépendante. Curieusement cela me fait penser à la discussion que j'ai eue cet après-midi avec deux amis, qui parlaient de l'amour et de Dieu. Je leur ai dit que je n'avais guère d'expérience en la matière et j'ai été amenée à leur relater brièvement deux relation avec amoureuses, et le fait que je les avais laissés tomber quand je m'étais aperçue à quel point ils avaient besoin de moi alors qu'ils ne m'apportaient rien. L’un d’eux a trouvé mon attitude très égoïste et j'ai été étonnée car je n'avais jamais considéré les choses sous cet angle. Bref, je viens de réaliser que deux fois dans ma vie une personne dépendait de moi pour son bonheur (besoin éphémère, bien sûr) et ma réaction a été de lui signifier que je ne voulais rien lui donner, parce que je n'obtenais rien en retour. Je ne remets pas en cause ma décision, elle était juste car je ne les aimais pas (ou je ne les aimais plus) ni l'un ni l'autre. Mais pourquoi me suis-je attachée à quelqu'un qui avait besoin de moi et pas à quelqu'un dont j'avais besoin ?

Il est vrai que j'ai horreur de dépendre des autres, ce que je ne puis m'empêcher de tenir pour une faiblesse. Quant à dépendre de l'amour de quelqu'un, c'est la vulnérabilité totale et l'incertitude absolue. On n'a plus aucun contrôle.

Et pourtant j'ai vécu cela pendant un temps et je me sentais au contraire forte de mon amour.

Réfléchir à tout cela devient pénible. J'attends que tu me guides.

Christian : Peur de ne pas être

Je vais prendre les questions comme elles viennent sans chercher à structurer et à ordonner. Tant pis pour les coq-à-l'âne !

> Je ne vois pas très bien ce que JM a à voir là-dedans, mais je suis d'accord pour que tu abordes la question. Moi je ne sais pas comment attaquer le problème.

‘Tes amoureux’ ont à voir que tu as été femme avec eux, et donc que la relation que tu as eu avec eux te renvoie une certaine image de ta féminité, et de ce que tu attends de l'homme. Tu as rompu avec tes deux amoureux lorsque tu t'es "aperçue à quel point ils avaient besoin de toi alors qu'ils ne t'apportaient rien". Si j'avais un conseil à donner au suivant, ce serait cette phrase que je répète souvent : "résiste et tu seras considéré". Je ne peux pas te reprocher d'être vite lassée par les gens qui n'ont pas de répondant et qui manquent de personnalité, mais il me semble (sans avoir toutefois la matière de ta vie pour argumenter) que tu vas un peu vite en besogne quand tu écris : "ma réaction a été de lui signifier que je ne voulais rien lui donner, parce que je n'obtenais rien en retour". A toi de voir les nuances à apporter.

Quant à la méthode d'attaque du problème, tu vois qu'on n'attaque rien, on laisse venir et les choses arrivent : une occasion ne s'est-elle pas présentée avec la discussion avec tes deux amis M.

> J'attends que tu me guides.

Ce n'est pas tout à fait ainsi que je vois les choses. Je ne suis pas ton guide, ni ton directeur de conscience. Ton guide, tu le portes en toi et il a déjà commencé à te fournir en abondance les éléments nécessaires à ton épanouissement. Moi, si je fais quelque chose, c'est seulement le suivre, c'est te renvoyer son écho, c'est t'accompagner dans ta confrontation, c'est être ton compagnon de route dans la mesure où tu as décidé de me prendre pour témoin objectif de ton aventure intérieure. Ce que je propose, c'est de faire ce qu'écrit Élie Humbert dans son petit livre "Jung" : 1) laisser advenir, 2) considérer, 3) s'expliquer avec.

Au fait, as-tu lu Élie Humbert ? Chef de file de l'école jungienne française, fondateur des cahiers jungiens de psychanalyse, esprit très fin et rigoureux, il a écrit quelques petits livres très synthétiques, dans une langue sobre et dense que j'aime beaucoup. A mon avis, c'est un de ceux qui ont le mieux pénétré la pensée de Jung.

> Mais pourquoi me suis-je attachée à quelqu'un qui avait besoin de moi et pas à quelqu'un dont j'avais besoin ?

Peut-être que donner est mieux que prendre. Je crois pouvoir ajouter que donner sans chercher à prendre apporte beaucoup en retour.

> Il est vrai que j'ai horreur de dépendre des autres, ce que je ne puis m'empêcher de tenir pour une faiblesse. Quant à dépendre de l'amour de quelqu'un, c'est la vulnérabilité totale et l'incertitude absolue. On n'a plus aucun contrôle.

Dépendre des autres est une faiblesse, ... mais ne pas vouloir dépendre des autres en est une aussi, d'autant plus faible qu'elle se travestit en force par peur d'elle-même.

Marque de fierté, d'orgueil, de fermeture sur soi, de peur de l'autre, de peur de ne pas réussir à être indépendant, de peur d'être vulnérable, de peur d'avoir à souffrir, d'angoisse à faire face à l'inconnu et de ne pas être capable. Pourquoi vouloir tout contrôler ? Ne crois-tu pas qu'il y a derrière cela une part de peur de ne pas être à la hauteur de la situation, et d'être confronté à sa faiblesse structurelle. Vouloir tout contrôler est une manière de se rassurer, de se barricader dans son propre monde pour ne pas avoir à affronter l'adversité extérieure, c'est aussi une manière de refuser de grandir en s'accrochant à "l'illusion-de-la-toute-puissance-enfantine".

"Je suis maître de moi comme de l'univers, je le suis, je veux l'être".

> Et pourtant j'ai vécu cela pendant un temps et je me sentais au contraire forte de mon amour !

Ben voilà, tu t'ouvres toi-même des horizons.

> A la réflexion, je crois que je vois dans la notion de mère l'image d'un renoncement à soi et un dévouement total aux enfants. Un sacrifice obligé. Je ne veux pas me sacrifier pour quelqu'un d'autre. Je ne veux pas exister à travers un enfant. Je veux exister pour moi-même. Je veux rester totalement indépendante.

Pourquoi forces-tu le trait ? Pourquoi être mère serait "renoncement à soi et dévouement total aux enfants" ? Est-ce la bonne image d'un adulte à donner à un enfant ? Lis Jacques Salomé. Il est possible de s'ouvrir aux autres sans se perdre pour autant.

Et puis, je trouve qu'il y a beaucoup de total ... itarisme dans tes propos. Une pensée élaborée me semble devoir intégrer un certain sens des nuances.

Auqmn

La journée a été rude et pas très productive. Je vais devoir passer le week-end devant mon ordinateur dans mon bureau sans fenêtre, perspective qui n'a rien de réjouissant. Bref, j'éprouve une certaine lassitude.

Et ton mail n'est pas vraiment stimulant ce soir - ne prends surtout pas cela comme un reproche :-))).

Tu trouves ce que mes propos sont totalitaires. Je pense que c'est symptomatique. Ce que j’écris au sujet de ma mère, ce sont les idées, les impressions et les sentiments bruts. Je n'ai pas cherché à les repenser, à les rationaliser et à les nuancer. Et avant que tu ne me pousses à réfléchir à la question, je ne m'étais jamais interrogée sur l'image de la mère.

En écrivant je me suis rendu compte que j’exagérais, que je ne considérais que les extrêmes, que je voyais tout en noir et blanc. Mais s'il m'est facile intellectuellement de nuancer, de développer une vision plus subtile et plus réaliste et plus féconde, cela demeure un processus strictement intellectuel et j'ai l'impression que l'image de le mère en moi n'est aucunement affectée.

Je m'étais fait à moi-même nombre de tes commentaires en rédigeant mon mail.

Mais ils ne m'aident pas. Cette image de la mère est ancrée très profondément en moi et je crains que ce ne soit pas en réfléchissant, en pensant, que je puis la modifier. Il faut quelque chose de bien plus réel que la pensée éthérée pour avoir prise sur cette image.

Tu écris que donner sans chercher à obtenir quelque chose en retour apporte beaucoup. Je suis d'accord. Mais je crois vraiment que cela ne s'applique à mes deux expériences amoureuses. Peut-être que je t'ai mal compris, j'ai l'impression qu'il y a un malentendu. Ils m'aimaient, je pouvais leur donner beaucoup, mais moi je ne les aimais pas. J'aurais pu ignorer ce fait et rester avec eux sans chercher à obtenir quelque chose en retour. Mais cela aurait été agir par devoir, et ma conduite aurait été guidée par la pensée rationnelle. En soi ce n'est pas un problème, j'ai l'habitude. Mais je me suis rebellée, j'ai dit NON, parce que je voulais vivre. Je voulais aimer, être heureuse, éprouver de la joie. Une relation amoureuse, c'est le dernier retranchement d'Uterpe. A condition qu'elle reste spontanée, que ce soit lui qui décide 'je l'aime' ou 'je ne l'aime pas'.

Être amoureuse a été un très grand bonheur, une liberté, parce que j'obéissais à quelque chose en moi de plus vrai, de plus vivant que la pensée qui régit tous mes autres comportements réels. Ce sentiment s'est estompé et j'étais déçue, je ne voulais pas le reconnaître. Quand j'ai réalisé que l'autre dépendait de moi, combien il m'aimait, en comparaison j'ai compris que je ne l'aimais plus et je l'ai admis.

J'ai l'impression que ces deux périodes pendant les quelles j'ai été amoureuse (8 mois avec C, 1 semaine avec JM) et la façon dont j'ai mis fin à ces relations, aussi brutale que j'aie pu être, sont les seules occasions où j'ai laissé parler cette partie de moi qui est tellement opprimée le reste du temps, où Uterpe a pris la décision (une décision importante, s'entend). J'étais parfaitement en accord avec moi-même quand j'ai rompu avec eux (bien sûr j'étais navrée de les faire souffrir). En accord avec mon moi profond, avec mes sentiments, et je me moquais bien des arguments raisonnables totalement déplacés dans cette sphère.

C'est pourquoi je prends très mal le fait que tu suggères que j'aurais pu agir autrement.

Cela m'a beaucoup remuée de t'écrire ces quelques lignes. Si le papier n'était virtuel, il serait gondolé.

C'était excessif de te désigner comme 'guide'. Je voulais dire que sans notre interaction j'aurais du mal à progresser. Tu me guides au sens où tes commentaires sur ce que je t'écris provoquent une réaction en moi et me lancent sur de nouvelles pistes. Mais je ne te considère pas comme un gourou vénérable :-)))).

Je vais lire Élie Humbert.

Auqmn : Regain

A la réflexion, cela m'a fait du bien de t'écrire ce mail un peu douloureux hier. J'ai l'impression que j'ai ainsi évacué une tension et je me suis sentie beaucoup mieux et apaisée pendant la soirée. N (ma coloc) attendait mon arrivée pour me parler de son expérience d'animatrice d'un groupe d'entraide pour maniaco-dépressifs (elle est en 1ère année de psycho et fait du bénévolat). Elle en est à la fin de la période de formation et cela lui plaît beaucoup, mais en même temps elle craint d'être trop sensible car elle a elle-même fait une dépression l'an dernier et les discussions font remonter de mauvais souvenirs. Nous avons essentiellement parlé d'elle hier soir, et cela m'a fait plaisir qu'elle ait manifestement envie de discuter avec moi et d'avoir mon opinion, j'ai l'impression de lui être utile et la conversation est un moment très agréable et intellectuellement stimulant, un échange qui m'enrichit.

Je suis étonnée de constater que nous abordons des sujets très personnels et qui nous touchent beaucoup alors que nous nous connaissons depuis 6 semaines seulement. Si cela continue dans cette voie, nous allons devenir amies.

Il y a 3 semaines, elle m'a dit d'un air grave : "faut que tu sortes plus." Sortir, pour elle, c'est aller dans les bars lors des "partys" organisés par les étudiants. Naturellement je me suis hérissée, et j'ai argumenté longuement pour lui expliquer pourquoi je n'en avais aucune envie, que certes je savais que je ne pourrais que profiter du contact des autres, mais pas forcément de cette façon, et que surtout cela ne servirait à rien de me forcer, il me fallait au contraire accomplir un travail intérieur afin de ressentir le besoin de nouveaux contacts et l'envie d'aller vers les gens. Mais je ne lui en voulais pas du tout car sa suggestion avait pour seul but de m'aider. En fait son geste m'a fait plaisir car il dénotait un intérêt pour moi, ce à quoi je ne m'attendais guère, ayant pour seul objectif dans mes rapports avec mes colocs une cohabitation harmonieuse.

Je lui en ai reparlé hier soir pour lui dire que j'avais évolué à ce sujet et qu'à présent j'éprouvais le besoin de faire de nouvelles rencontres et que si elle m'invitait à nouveau à un party psycho, je l'accompagnerais volontiers (là où je travaille il n'y a guère d'activités étudiantes, si ce n'est pour les étudiants du bac (=diplôme d'ingénieur) qui songent essentiellement à boire). J'ai été un peu déçue depuis que je suis au Québec par le manque de culture générale (même scientifique) des gens que je côtoie. Ils sont très bons dans leur domaine, certes, mais en dehors de leur spécialité, ils n'ont pas grand chose à dire. Les personnes avec qui j'ai de réelles discussions (assez rares néanmoins) sont presque toutes d'origine étrangère (Bénin, Roumanie, Iran, Cambodge). J'avoue que cela me manque de ne pas pouvoir discuter de littérature, ou si peu. Ne parlons pas de poésie.

J'en viens à quelques mots sur mon rêve de cette nuit. Je retrouvais un ami que j'ai connu au collège et que j'appréciais dans une petite fête, nous nous mettions à discuter et au bout d'une heure nous nous déclarions un amour mutuel. J'étais tellement heureuse que je me faisais la réflexion que c'était forcément un rêve. J'avais écrit une symphonie (sic) et recevais un prix pour mon œuvre. La cérémonie avait lieu en présence d'un grand nombre de personnes, et parmi elles se trouvaient mes parents qui étaient très surpris. Je portais le surnom de Caroline. Je réalisais brusquement que tout le monde m'appelait ainsi et je ne savais pas pourquoi.

Voilà pour ce matin. J'ai retrouvé mon énergie.

Christian

Ton mail me fait très plaisir. Moi non plus je n'étais pas heureux de ce que j'ai écrit hier soir, ni de ta réponse.

Plaisir car tu t'ouvres à autrui et que tu y trouves ton compte.

Plaisir car tu es amoureuse (en rêve certes mais c'est chouette de toute manière)

Plaisir car tu as écrit une symphonie. et cette symphonie, je suis persuadé que tu vas aussi l'écrire et l'interpréter dans la vie réelle.

Mon mail d'hier soir n'était effectivement pas stimulant, il est vrai que la confrontation avec l'ombre n'a rien d'exaltant sur le moment. Cependant, comme tu as pu le constater, des tensions ont été relâchées et ainsi une certaine énergie captive s'est trouvé libérée.

J'ai parfaitement compris ta démarche de laisser s'exprimer ton ressenti avec ses propres mots, avec sa grandiloquence habituelle, avec la dramatisation qui le caractérise. C'est bien, c'est comme cela que ça sort, je connais bien cette expérience pour l'avoir pratiquer souvent.

Quant à tes deux expériences amoureuses, j'ai été amené à dire des choses, mais je n'ai jamais voulu dire que tu aurais mieux fait de faire autre chose plutôt que ce que tu as fait. Tu m'écris 'C'est pourquoi je prends très mal le fait que tu suggères que j'aurais pu agir autrement'. Je prends acte de cette phrase et je conclus que je me suis mal fait comprendre car je ne pense pas cela. Un point que je voulais noter et qui m'a échappé, c'est que tu as mis fin à tes deux expériences car la situation de dépendance de tes deux amoureux te mettait, d'une certaine manière, en situation de les materner.

Je ne comprends pas ta phrase : 'Une relation amoureuse, c'est le dernier retranchement d'Uterpe'. Le lien entre Uterpe et la relation amoureuse est évident, mais pourquoi 'dernier retranchement' ?

Auqmn

'Le dernier retranchement d'Uterpe' : cela signifie qu'Uterpe est souvent attaqué et défait par Audre, et qu'il ne lui reste plus que le domaine de l'amour pour s'exprimer et faire valoir son opinion.

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Commentaire de Pierkiroul : Serpent anémié ou livide ? (posté le 30/11/2006 à 22h12).

Je vois midi à ma porte et ce rêve comme ceci:

C’est le grand-père, c’est une racine agressive (et peut-être terre à terre, peut-être fortement engagé-e- dans la chair, pour le meilleur ou pour le pire ?) qui pousse la rêveuse à engager la partie. Il y faut de l’agressivité et de l’autorité pour bousculer les résistances ou les timidités, etc…

D’ailleurs, il va falloir se cramponner pour vaincre l’obstacle constitué par les parties encore gelées.Ce n’est probablement pas la ‘raison pointue’(crampons) qui le permettra, mais autre chose.

C’est une totalité terrestre (quatre) qui se met en marche. C’est peut-être elle le nouveau crampon ?

La chair autrefois prise dans les hauteurs, abstraite par l’élévation au-dessus de ce bas-monde, kidnappée par le « haut », a sans doute commencé à se libérer et à redescendre, rejoignant ainsi la communauté humaine (villageoise), encore montagnarde, mais humaine, incarnée.

La rêveuse est invitée à reprendre goût à la chair. A l’aimer davantage.

La tomate, cet « œuf de sang », ainsi que la rêveuse nous confie l’appeler dans son « exaltation » : il me semble que la tomate représente à la fois de la sensualité et une sorte de « Deo gratias » ou de « Natura gratias », une sorte d’action de grâces rendue à Dieu ou à la (Divine)Nature, et ce, quoique la rêveuse se vive/se dise athée. L’invite du fond à retrouver le goût de la chair se trouve appuyée, soutenue par cette part « tomate » demeurée vive et disponible chez la rêveuse.

Le frère (ce croisé de l’athéisme qui aime démontrer par a plus b, à un croyant, l’inanité de sa foi) a fini le coulis de tomate. C’est que, plus qu’un autre aspect de la personnalité, il a grand besoin de cette tomate, de cet amour qui est adhésion reconnaissante à la (Divine)Nature, hors la « tête ».

Le serpent végétait dans son trou d’eau, régréssait fort vers le niveau du végétal : hyphes mycéliens : champignons !Avant de se minéraliser, de se scléroser complètement ? L’hibernation « végétalisée » n’était pas irréversible. Ouf ! et bravo ! Le serpent donc, émerge pour accompagner le mouvement. On le comprend ! Ca fait longtemps qu’il jeûne et cette chair promise le réveille. Il va sans doute en faire son profit et retrouver quelques couleurs, comme tout convalescent recouvrant la santé.

Le Vieil Homme, le sage conseiller à l’expérienc immémoriale, en délogeant le serpent

veut-il que la rêveuse ait bien conscience de ce que ce dernier représente, bien conscience de l’enjeu de cette course en montagne ? Le serpent est sûrement source de vie, c’est à dire qu’il était, dans son état d’hibernation, une grande part d’énergie vitale qui végétait : le Vieil homme rappelle aussi Moïse qui fait jaillir l’eau en frappant le rocher de son bâton. ???

Le Vieil Homme apprécierait que la rêveuse, pour son bien, soit plus docile aux bons conseils et il le laisse paraître en grognant…

Commentaire de Zavrina : ojARXHEXOiL (posté le 23/07/2011 à 10h43).

I'm not wrthoy to be in the same forum. ROTFL

Commentaire de Bayu : ryPoJOgRBrcCGDAKufh (posté le 20/10/2015 à 20h59).

Me0C,merci de votre point de vue: Que l’allemand favorise cette tnandece e0 la fascisation de la langue, peut-eatre. Je manque cruellement de compe9tences, autant en linguistique qu en allemand pour creuser plus avant la question. Quoiqu il en soit cet admirable commentaire de votre pe8re sur son propre travail pointait bien quelque chose de ce cf4te9 le0, il me semblait. Ce qui reste un myste8re pour moi, c est que les catacte9ristiques meame de la langue allemande n ont pas, e0 cette e9poque, offert plus de possibilite9s de re9silience e0 l abomination montante (l invasion des champs lexicaux par la terminologie schizophre8ne nazie de8s 1932dont elles avaient, je crois, la paradoxale capacite9 intrinse8que

Commentaire de Ravil : zaisJoDFIuMzttDhJlMM (posté le 22/10/2015 à 03h06).

Bolout, bolout, oh le bolout il est fini!!!!!Or, je suis sans abri ..Ni de famille ni d amies .N importe quoi, je vais chercher LuisEt avec Luis on va mangerAgneau, des truffes et du vinN importe quoi, je serai heureuxNe pense pas que je n ai pas de boloutEt je suis presque seul dans le mondeE me suffit Luis et l agneau.

Commentaire de Cristobal : amyGzhKwzqirsMgG (posté le 23/10/2015 à 19h15).

Il conviendrait de pre9ciser, ce que le site DownloadCrew omet de faire, que la licncee octroye9e pour AIDA64 Extreme Edition 1.85, n'est valable qu'une anne9e. Pas vraiment ge9ne9reux pour une version de9je0 obsole8te !Meilleures salutations. http://rsooyitvc.com [url=http://dzofbqgthik.com]dzofbqgthik[/url] [link=http://ucaqjvo.com]ucaqjvo[/link]

Commentaire de Bruna : KqXblKxHeV (posté le 25/10/2015 à 09h06).

CM: Mais il faudra bien au sencod tour se re9soudre e0 voter pour Monsieur Hollande qui sera malgre9 tout bien meilleur pre9sident que Monsieur Sarkozy. D abord, vous insinuez qu on aura force9ment ces deux-le0 au sencod tour. Bref, le vote INutile , of9 l on fait croire que l on serait oblige9 de tomber dans ce bipartisme e0 la noix, qui n a fait que bloquer le pays depuis 30 ans.Non merci, chacun votera pour qui il veut, au premier comme au sencod tour. Personne ne devrait se laisser bourrer le mou avec l ide9e que ce serait de9je0 joue9, sinon on tue la de9mocratie.Et perso, meame si on a ce triste sencod tour, je ne vais pas force9ment soutenir Hollande, qui est une girouette, une gauche caviar que je de9teste. Et qui tape e0 boulet rouge comme tout candidat sur l actuel, alors qu il aura les meames contraintes financie8res que lui et ne pourra pas techniquement faire tellement mieux.Alors que chacun vote selon ses convictions, moi c est de9je0 de9cide9 l UMPS n a jamais eu et n aura jamais ma voix, plutf4t voter blanc!

Commentaire de Edila : AxvSemowdSQDMV (posté le 25/10/2015 à 17h17).

Oui c'est sfbr.La juste distance.C'est un sujet e0 part entie8re. Est-ce que vous faiets quelque chose qui les conduit e0 eatre sans cesse dans vos jambes ?Beaucoup de mamans couvrent les enfants de bonnets, de trois paires de chaussettes, d'une e9charpe, leur disent de ne pas sortir e0 cause du froid ou de la pluie etc. Elles se projettent dans le corps de leurs enfants. Comment les enfants pourraient-ils ne pas eatre sans cesse le0 ?Comme nous le disons dans un article, les enfants ont besoin de champ. Ils ont un thermome8tre inte9rieur totalement diffe9rent de celui des mamans. Ils ne vont pas attraper froid , ils sentiront le moment of9 il faudra se mettre e0 couvert. Ils sont plus re9sistants parce qu'ils ont plus l'habitude d'eatre confronte9s aux e9le9ments. Plus on les couve, plus ils sont fragiles, plus ils tombent malades. Quand nous e9tions petits, nous e9tions dehors en culotte tyrolienne hiver comme e9te9, meame sous la neige, et pas question de rester toute la journe9e enferme9s, c'e9tait dehors les enfants! . Je ne suis jamais malade, je ne sais pas tre8s bien ce que font les me9decins.Comment donner du champ aux enfants pour qu'ils ne soient pas sans cesse le0 ? C'est une bonne question e0 se poser et voir ce qui pourrait eatre modifie9 pour qu'ils soient plus autonomes. Quelle va eatre votre attitude ?En ge9ne9ral, mieux vaut e9viter la prise en charge qui rend de9pendant, responsabiliser et entretenir une juste distance, qui est variable; il y a le temps pour l'e9treinte affectueuse et le temps pour 10 me8tres de champ. http://rkouxcxlay.com [url=http://gqeibxxx.com]gqeibxxx[/url] [link=http://rasguvvqvhh.com]rasguvvqvhh[/link]

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