22 - Des carottes pour Thanksgiving

Auqmn

Encore un rêve.

Merci d'avance :-))))

Le rêve commence dans une petite ville de l'ouest américain, au début du siècle. Un homme se tient sur la terrasse d'un bâtiment officiel, face aux habitants assemblés. Il a commis un crime (pas très grave) et a été arrêté par le shérif. Il ne dit rien mais j'ai l'impression qu'il s'excuse devant ces gens.

A l'écart, un adolescent le regarde intensément et tire un coup de revolver dans sa direction. L'attention générale se porte sur le tireur, qui crie au criminel 'Tu as tué mon frère !'. Cela est vrai, mais cette mort remonte à plusieurs années et il me semblait que l'homme et l'adolescent s'entendaient très bien malgré tout. Comme tout le monde le regarde avec désapprobation pour avoir tiré, l'adolescent se trouble et jette l'arme par dessus son épaule. Ce geste me semble dangereux et en effet un coup part lorsque l'arme touche terre, mais personne n'est blessé.

Suite à cet incident, le comportement des habitants et du sherif à l'égard du criminel change. Ils doivent le protéger. D'ailleurs celui-ci a du sang sur sa chemise. Il est décidé qu'il quittera la ville et aucune charge ne sera retenue contre lui. Il est peut-être censé se rendre à un endroit précis, mais ce point n'est plus très clair.

L'homme part à cheval. Il s'arrête dans une grange non loin de la ville où l'attend le garçon, qui ne lui en veut pas du tout. Ils avaient arrangé entre eux l'épisode des coups de feu afin qu'il soit libéré. Il n'est pas réellement blessé. Le garçon cache le cheval et l'homme s'apprête à passer la nuit dans la grange. Tous les deux sont très contents d'avoir abusé les gens de la ville.

Plus tard, l'homme est déguisé en Indien et accompagne le garçon qui conduit un 4x4. Il parle à un habitant de la ville qui hésite à le reconnaître et l'étudie avec beaucoup d'attention. Je trouve qu'il prend un risque inutile en s'adressant à cet homme qui le connaît.

Changement de décor. Cette fois j'interviens dans le rêve et ne suis plus uniquement spectatrice.

Je dois assister à une course automobile à Indianapolis. Je fais partie d'un groupe. Arrivés sur les lieux, nous parcourons le circuit. Des industries aéronautiques sont installées le long du parcours. Quelqu'un désigne un bâtiment à côté duquel se trouve un Falcon et fait le commentaire que cette entreprise a été copiée par Dassault qui a produit le Falcon en plagiant cet avion. J'avais déjà entendu la version contraire en France. Je ne sais pas quelle firme a volé l'autre. J'ai l'impression qu'en fait la situation n'est pas si simple, et cela m'amuse que les deux entreprises s'accusent mutuellement.

Une autre personne désigne avec admiration un prototype bleu effilé. Je réplique que c'est un vieux modèle qui date de l'ère spatiale. Nous nous rapprochons et constatons qu'en effet l'engin est une épave. Nous dépassons d'autres vestiges de la conquête spatiale (des modules lunaires). Je connais très bien tout cela et promène un regard blasé sur les appareils exposés.

Mon grand-père (le vrai que je n'aime guère) veut me donner un chiot pour que je l'emmène avec moi au Canada. Je refuse, je dis que c'est impossible, que je n'ai pas envie de m'en occuper, qu'il va déranger mes colcocs et que je vais avoir des problèmes à la douane. Le chiot est très gentil, noir et roux, je le porte dans mes bras, mais je n'ai pas l'intention de l'emmener. Un chat passe dans la pièce et le chiot montre les dents. Le chat se hérisse. Tout cela m'ennuie.

Je suis énervée car je vais être en retard pour prendre mon avion. Mon frère qui doit me mener à l'aéroport ne semble pas s'inquiéter, il veut même que l'on aille voir la course auparavant, mais je sais que nous n'aurons pas le temps. Je cherche en vain une petite pierre sphérique, noire et polie, que je veux emporter.

Je suis à table chez une amie très proche. Sa mère apporte le plat principal. Ce sont des carottes coupées en fines rondelles (j'abhorre les carottes). Elle me sert. Je mange ma part en grommelant intérieurement et en me demandant si elle l'a fait exprès. Après le repas, je lui dis que ce n'était pas gentil de me faire des carottes pour Thanksgiving. D'abord elle ne comprend pas puis elle se rappelle que je déteste les carottes et s'excuse. Je lui dis que ce n'était pas bien grave.

Alain : Comme chien et chat

Voilà bien ce que je craignais, trop de chefs gâtent la sauce. Pour faire une interprétation dans le style de David (David tu me corrigeras!), je crois que nos divergences de point de vue ne t'ont pas servi à grand chose. Le conflit entre les deux cow-boy n'auront été qu'un leurre pour une bonne partie de ton inconscient. Il devrait s'agir de nos discours en ton absence. Te voilà de retour, et tu vois maintenant une chicane entre deux firmes. Tout au plus, cela t'amuse. Cela se termine par une querelle entre chien et chat et cela commence à t'ennuyer.

Ce que tu voudrais, c'est trouver la pierre noire et sphérique, image du Soi. On n'aura pas su fixer le volatil (action de grâce)(le rêve). Tu n'auras eu que des carottes, comme si on avait voulu te jouer un tour...

David : Question à Auqmn

Juste une question:

Est-ce que, depuis ta participation à ce forum, tu lis (plus) de livres, revues, articles traitant de psychologie, analyse, ou jungiens?

Auqmn : Réponse à David

Oui, je suis en train de me cultiver assidûment dans le domaine de la psychologie et de la psychanalyse.

Ce Forum a éveillé ma curiosité et depuis trois semaines je vais régulièrement à la bibliothèque du département de psychologie de l'université.

Si quelque chose en particulier a motivé ta question, j'aimerais savoir de quoi il s'agit.

David : Voilà ta montagne ...

C'est mon vécu qui a motivé ma question...et je me doutais un peu de ta réponse...

Ca fait trois ans que j'erre sur la montagne de l'intellectualisation que tu es occupée à gravir. Je n'y ai jamais rencontré de vieux sage (désolé Alain :-) ); je ne m'y suis jamais ressourcé (en profondeur); je ne serais pas surpris d'y rencontrer un de ces jours Philippe (désolé Philippe :-) ).

Ce que je peux encore t'en dire, c'est que ce n'est pas demain que tu atteindras le sommet et que tu pourras descendre de l'autre côté...

Depuis que je participe à ce forum, je commence à entr'apercevoir la chaleur qui règne en bas... grâce à la chaleur de ses participants...

Ne me rejoins pas!!! Il sera encore temps après d'apprendre tout ce que tu veux apprendre, si tu en as encore envie...

(Désolé Auqmn :-) )

Christian : Précise

Je ne comprends pas ton cheminement depuis ta question. Mais comme tu nous as apporté déjà plusieurs fois des preuves de ton intuition, je suis attentif et j'aimerais que tu précises ta pensée.

David : Intellectuel criminel

Je vais essayer de mettre des mots sur mes idées (comme dit Kriss :-))

L'alliance créée entre l'assassin et l'enfant dans la première partie du rêve 'Des carottes pour Thanksgiving' me perturbe... vraiment...

Pour moi, ce criminel représente la facette 'intellectuel' d'Auqmn.

L'intellectuel qui a été identifié et arrêté par le sherif Christian :-)))? L'intellectuel qui dirige Auqmn depuis longtemps, trop longtemps.

Lui, cet intellectuel criminel, c'est un homme, pas un enfant. Il a atteint l'âge adulte et est pleinement développé.

>Il a commis un crime

(pas très grave) s'empresse-t-elle d'ajouter. Nous allons voir...

Nous savons, grâce à Auqmn 'Réponse à David', que cet intellectuel criminel suit pas-à-pas 'assidûment' la progression d'Auqmn sur ce forum; quand il ne nous devance pas...

>A l'écart, un adolescent le regarde intensément et tire un coup de revolver dans sa direction. L'attention générale se porte sur le tireur, qui crie au criminel 'Tu as tué mon frère !'.

Ici l'enfant en Auqmn réagit et veut tuer l'intellectuel criminel. Et l'enfant dit: 'Tu as tué mon frère'. Je dirais 'tu as tué mon alter-ego'

>Cela est vrai, mais cette mort remonte à plusieurs années et il me semblait que l'homme et l'adolescent s'entendaient très bien malgré tout.

Ben voyons, au début déjà, Auqmn nous disait '(pas très grave)' et ce crime a été commis il y a longtemps, et donc, ça fait longtemps que le frère de la victime et l'intellectuel criminel ont fait la paix, qu'ils cohabitent en toi, Auqmn. Tu sembles nous dire: C'est comme ça. On n'y peut rien...

Pas d'accord, Auqmn; belle défense, mais TU n'es pas d'accord.

>Comme tout le monde le regarde avec désapprobation pour avoir tiré, l'adolescent se trouble et jette l'arme par dessus son épaule.

Mais comme en toi Auqmn, tout le monde est sous la coupe de l'intellectuel criminel, c'est l'enfant que la foule réprouve...

>Le garçon cache le cheval

Tiens on cache le cheval, maintenant? Et c'est l'enfant qui a ce mauvais rôle?

Cf. 'Cheval émergeant de l'eau'

>et l'homme s'apprête à passer la nuit dans la grange. Tous les deux sont très contents d'avoir abusé les gens de la ville.

Les gens de la ville, c'est toi, Auqmn...

>Plus tard, l'homme est déguisé en Indien et accompagne le garçon qui conduit un 4x4.

L'intellectuel criminel endosse un déguisement d'enfant et l'enfant reçoit jouet de 'Grand'...pour service rendu?

>Il parle à un habitant de la ville qui hésite à le reconnaître et l'étudie avec beaucoup d'attention. Je trouve qu'il prend un risque inutile en s'adressant à cet homme qui le connaît.

Non, ce n'est pas un risque inutile. Dans cette rencontre, je vois ton rêve... 'Il parle'.

Cette intellectualisation (ce contrôle permanent de l'intellectuel criminel) a poussé l'enfant à oublier tout désir de vengeance et à collaborer avec lui. Je pense que Christian a raison de se méfier de la montagne, de ton intellectuel criminel qui se nourrit de tes lectures... J'ai peur que si cet intellectuel criminel se nourrit trop, il ne te détache de tes fonctions Sensation et Sentiment en analysant, catégoriant et prenant à son compte tout ce qui leur ferait tant de bien, tout ce qui revient de droit à l'enfant en toi.

A commencer par pouvoir jouer là où tu es!!! Sans un gymkhana incroyable pour l'emmener sur une plaine de jeux où 'il est à sa place' (sic) cf. 'Deux écharpes rouges nouées'.

J'ai peur, Auqmn, que si tu laisses l'intellectuel criminel faire comme il a toujours fait, j'ai peur qu'un jour tu ne trouves deux enfants sanguinolents sur la montagne... C'est un peu ce qui m'est arrivé.

Voilà, Auqmn (et vous tous), je me rends compte que cette analyse est très dure, très noire, et je sais que je suis peut-être complètement à côté, planté et même plus. Mais je prends le risque de valider.

Auqmn : on va le lyncher

Moi elle me plaît bien, ton idée, David. Je ne la trouve pas si noire, d'ailleurs.

J'ai parfois l'impression que je dilapide mon énergie en discours oiseux.

Mais si tu as vu juste, que dois-je faire ?

Brûler mes livres ? :-))))

Disons plutôt arrêter de lire, d'analyser, d'identifier et de cataloguer ce qui se passe en moi. Essayer de ressentir sans disséquer et tant pis si je ne comprends pas.

Et de façon plus pratique, passer mes soirées avec des gens réels sera bien plus profitable que de me plonger dans de doctes ouvrages.

Je crois que la suggestion est excellente.

David : Ooouuuuuiiiiiiiiiiiii! Ooouuuuuiiiiiiiiiiiii!

Et priorité absolue à l'enfant... d'accord?

A+ et gros bisous

Christian

Seuls Alain et David se sont exprimés sur ce rêve. J'avoue que je suis plutôt loin de leur interprétation.

Ce qui m'apparaît au premier chef, c'est une succession de mystification.

L'ado et l'accusé sont complices, ils inventent un stratagème pour faire de l'accusé une victime et tromper l'opinion.

Puis, l'accusé se déguise en indien pour à nouveau tromper son monde

Après ce sont les firmes d'avionneurs qui se trompent et se volent mutuellement, sans qu'on sache qui a volé qui.

Enfin la coupe est pleine avec le conflit chient chat insoluble, sans fin, sans cesse recommencé.

Derrière ces facéties interminables, ces quiproquos à répétition,, ces voleurs volés, ces mystifications jubilatoires, je ne puis m'empêcher de voir la main de l'incorrigible Mercure, dieu du commerce et des échanges, dieu des voleurs et des faiseurs, grand farceur devant l’Éternel, Mercure aux mille formes, grand agent de la transformation intérieure.

Oui, mais voilà, la rêveuse est fatiguée de ces facéties mercurielles. La seule chose qui l'intéresse c'est cette fameuse petite pierre sphérique, image du Soi, image de la stabilité centrée. Mais elle ne la trouve pas pour l'instant.

Il faut qu'elle passe par une épreuve préalable : à titre d'action de grâce, elle doit manger des carottes qu'elle déteste, oui elle doit boire la coupe jusqu'à la lie et intégrer ce qu'elle abhorre : son ombre !

Lu de cette manière qui me paraît très naturelle, ce rêve est une présentation du travail de l'individuation : ne pas se laisser abuser par les mouvements incessants de l'esprit de Mercure, viser la stabilité du Soi, intégrer l'ombre en prenant sur soi de boire la coupe jusqu'à la lie.