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Le départ en voyage

"L'homme est un être de transition."
Sri Aurobindo.

Tout commence pour moi par cet appétit de transcendance que l'on éprouve au fond de soi et qui ne nous lâche pas, malgré toutes nos tribulations. Le point de départ est cette idée persistante que cette vie peut et doit être changée, que le morne quotidien est appelé à être illuminé par la quête, cette aventure essentielle productrice de sens. Mais ce n'est pas pour autant que l'on prend la route. Ou plutôt, on a l'impression de la prendre et puis de la quitter, et puis de la reprendre pour la quitter à nouveau. Alternance qui semble perpétuelle jusqu'au jour où l'on trouve son souffle et où l'on comprend enfin qu'en réalité on n'a jamais quitté le chemin, car cette alternance de présence et d'absence, de jour et de nuit, c'est la respiration du temps de la quête. Vient ainsi le moment où le désir a mûri et sert de guide à la vie quotidienne. C'est le moment de se fixer sur son but, naturellement, sans crispation. Et alors ce désir fixé devient un aimant pour tout ce qui le nourrit. Et les activités de la vie courante se mettent petit à petit en orbite autour de cet axe central organisateur.

C'est la conversion, le changement de point de vue, état fragile, instable, sur lequel il faut veiller activement. C'est le feu qu'on allume et que l'on doit entretenir en le gardant doux et régulier. C'est l'athanor que l'on construit et que l'on ferme. C'est pour moi le départ du pèlerinage vers Compostelle. Tout a véritablement commencé là lorsque le travail sur soi est apparu plus constamment au premier plan de mes préoccupations, lorsque la réalisation intérieure s'est affirmée comme l'œuvre de ma maturité.

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