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2 - Trois rêves pour commencer

AUQMN

En réponse à ta suggestion, voici le récit de trois rêves récents :

1. Je me réveille dans une bâtisse inconnue. J'ai une dizaine d'années. Je regarde par la fenêtre et je vois des terres immergées jusqu'à l'horizon. Des arbres sans feuilles et des branches noires dépassent de l'eau étale, parfaitement lisse, qui reflète comme un parfait miroir le ciel semé de nuages. La scène est lumineuse, bleue et blanche hachurée de traits noirs. La sensation d'étrangeté s'estompe rapidement et je sais que ce marais (?) est mon domaine.

2. Je progresse le long des passages secrets, de corridors obscurs et étroits (certains passages sont de véritables chatières, avec un mécanisme complexe d'ouverture). Je suis tendue, très concentrée, il s'agit d'une sorte d'épreuve initiatique que je tiens à réussir, et j'ai pour me guider dans ce cheminement malaisé le souvenir très précis d'avoir emprunté ces mêmes passages en compagnie de mon double. Nous étions alors enfants tous deux. Le fait d'être ensemble nous conférait une immense force et une grande assurance, alors même que nous devions nous battre - à l'épée - une fois parvenus dans le château (les passages secrets aboutissaient à une grotte sous le château). Nous avions fini par remporter la victoire, ce qui avait été source de joie et de fierté. Cette fois j'étais seule, mais je réussissais à aller jusqu'au bout et j'éprouvais à nouveau la même exaltation et le même sentiment de triomphe.

3. J'aperçois un jeune homme que je reconnais pour l'assassin d'un randonneur noyé dont j'ai découvert le corps en plongeant quelques temps auparavant (j'avais cru alors qu'il s'agissait d'un suicide, mais à présent je sais que c'était un meurtre.) L'homme sait que moi et deux jeunes filles pouvons témoigner contre lui. Les deux jeunes filles sont soudain mes doubles (nous formons une seule individualité à trois.) L'assassin cherche à nous empoisonner mais échoue. Je me bats avec lui sur un pont dont une extrémité se perd dans le brouillard. L'homme bascule dans le vide. Nous (les 3) nous retrouvons ensuite dans l'eau en-dessous du pont et je rattrape au vol un petit tube à essai tombé du pont qui contient le poison. Cela m'emplit de satisfaction car c'était la preuve qui nous manquait. Le rêve s'achève sur une note parfaitement sereine.

Ces trois rêves étaient agréables (galvanisant même, en ce qui concerne le deuxième) et m'ont laissé une forte impression, mais je suis perplexe quant à leur signification. Les commentaires sont les bienvenus.

Philippe : Interprétation

Le premier rêve révèle un sentiment de solitude, [...].

Le troisième est encore plus dur. Mais bon , essayons. Je suppose que l'assassin représente ton ombre, une partie de toi refoulée. Quant à l'éprouvette c'est peut-être un symbole phallique, je ne sais pas. Le tout signifie sans doute qu'il y a des instincts refoulés.

AUQMN : Conflit masculin/féminin

L'hypothèse que tu avances au sujet de l'éprouvette comme symbole phallique m'a fait penser à un conflit entre les aspects masculin et féminin de ma personnalité (puisque dans le rêve nous sommes 3 femmes opposées à un homme). Mais dans ce cas, la partie refoulée serait la partie masculine, et cela ne me semble pas adéquat en ce qui me concerne. En effet j'ai toujours regretté de ne pas être un homme (mes mois imaginaires sont de sexe masculin) et ce sont plutôt les aspects féminins de ma personnalité que j'ai étouffés pour développer des qualités masculines (par exemple, rationalisation à l'extrême et mépris de l'affectif). Le jeune homme-assassin de mon rêve aurait dû être en position de force, alors que c'est nous (femmes) qui représentons une menace et qui finalement triomphons de lui. Ou alors le rêve signifie-t-il que je dois combattre cette propension à agir et penser comme un homme ? (Ce dont je suis bien consciente, mais je n'aime pas y penser car cette question est un point très sensible, et je me contente de vivre dans une sorte de statu quo.)

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Commentaire de Frédéric : Ma vision de ton monde (posté le 24/01/2002 à 16h24).

J'ai essayé de me mettre à ta place dans tes rêves et j'en ai fais une interprétation qui m'est personnelle. Ne vas pas croire que je prétends t'apporter une vérité absolue, c'est ma vision du monde 'réel' à travers tes yeux. Tu me diras si tu penses qu'elle te correspond car on a à peu près le même âge. J'avais commencé à lire les autres interprétations mais j'ai préféré arrêter pour garder un oeil 'innocent'.

Pour ton premier rêve, je pense que cela s'explique avant tout par le fait que tu es une femme sensible (sans jugement aucun). Tu ne peux pas être indifférente à la masse de signaux, de cris sur notre monde et toutes ces choses qu'on ne peut montrer à un enfant. Tu ne peux pas être non plus indifférente à toi-même. Le marais que tu décris, c'est la vision du monde que tu as aujourd'hui, revue et corrigée par l'enfance qui est encore en toi. Si cela peut-être plus clair, je crois que ce parfait miroir est le monde et aussi toi-même car il te renvoie sans cesse à ta propre image. C'est pour cela que tu es dans ce domaine inconnu qui est le tien. L'enfant ne reconnaît plus son propre monde.

Pour ton deuxième rêve, je pense que cela s'explique avant tout par la solitude émotionnelle qu'engendre nos sociétés (car on peut avoir de nombreux rapports sociaux et se trouver en situation de solitude).

C'est encore une fois ta vision enfantine de cette vie qui est si complexe, il faut se battre pour aller chercher les victoires ou les trésors. C'est cela que tu aimes, vivre et à plusieurs. Ceux que tu as conquis à deux t'ont procurée de grands sentiments, tu étais en vie car en particulier, il y avait cette joie de vivre dont tu parles et qu'on ne retrouve plus beaucoup à part chez les enfants. La deuxième fois, tu est fière mais tu ne peux être aussi joyeuse car tu es seule. Tu apprends ainsi ta vie.

Le troisième rêve est le plus complexe car je pense qu'il nous montre ton exploration de la réalité toujours par l'enfance chose difficile et douloureuse pour les êtres sensibles. Tu as du te rendre compte assez jeune que les choses n'étaient pas toujours ce quelle avaient l'air d'être. Qu'un homme qui se suicide est parfois un homme qu'on a assassiné. Mieux, car comme tu es une sorte d'exploratrice, tu croises le responsable et tu le démasques par ton intuition. Encore une fois tu dois te battre pour avoir cette vérité, cette preuve, pour atteindre ton but. A la fin tu es sereine car on ne pourra pas dénier ta parole d'enfant, te renier, toi et ta vision car tu as la preuve que réclame les 'grands'. Le thème de l'empoisonneur et de la chute finale est aussi très intéressant car on voit là que tu sens, au moins inconsciemment, l’influence, la relation que tes perceptions ont avec toi-même, ta relation au monde qui t'entoure si tu préfères, celui qui se transforme parfois une sorte de marais et qui te transforme aussi en retour.

Bon, j'ai essayé de te dire tout cela avec mon coeur plus qu'avec ma raison. Il faut peut-être que tu arrives bien à sentir comment est ce que tu voyais le monde quand tu étais petite pour mieux le comprendre. Si je me suis trompé de bout en bout, tant pis. Si tu trouves que cela te correspond, j'espère que tu seras joyeuse et cela fera alors un bisou sur la joue de ton enfant au mien pour la consultation.

Commentaire de Pierkiroul : Hypothèse fumeuse ? (posté le 24/11/2006 à 12h25).

Voici l’histoire que me content ces trois rêves. Seulement une histoire… une histoire qui ne parle(ra) peut-être qu’à moi seul. ?

1-La rêveuse se réveille, âgée d’une dizaine d’années, dans une bâtisse inconnue. N’est-ce pas l’impression que peut ressentir une jeune fille au moment de la puberté ? Celle de se retrouver soudain dans une bâtisse inconnue, c’est à dire dans un nouveau corps et une personnalité modifiée à laquelle est venu s’adjoindre un nouvel élément de grand poids qui, sans balayer tout l’ancien, crée cependant une nouvelle donne ?

2 - Il faut alors à cette jeune fille émerger une deuxième fois du Grand Tout, de l’Éternité où rien ne bouge, du Grand Sein Cosmique qui est son domaine (a); son domaine d’origine, l’infini des possibles, celui des modèles « immobiles », celui auquel nous arrache l’incarnation. (a) le bleu (clair) est aussi la couleur du féminin (celle du manteau de la Vierge) – le Grand Tout au féminin -

La puberté serait pour les femmes une sorte de supplément (b) d’incarnation, qui en laisse présager d’autres (b) lorsqu’elles deviendront mères. Elles deviennent alors un prolongement, une part de la Grande Matrice Universelle.

Cette seconde naissance n’est pas une petite affaire et la rêveuse n’a plus le soutien de son double, comme autrefois, lors de l’accouchement maternel qui la mit au monde. Le double serait cette part éternelle de chaque individualité, cette part qui souhaite s’incarner et nous accompagnerait lors de notre « première » naissance. Pour les suivantes, il n’en serait plus tout à fait de même.

3 – Mais finalement le passage s’est fait : c’est une victoire exaltante. Trois jeunes femmes deviennent une. La féminité de la rêveuse prend corps, s’étoffe, s’enrichit de deux nouvelles parts issues de sa profondeur. Devant cet accroissement d’une féminité gagnante et accusatrice, le masculin (dans l’un de ses aspects, dans un certain rapport avec le féminin au sein de la personnalité d’ Auqmn ?), déjà mis à mal par suicide ou par meurtre « fratricide », doit céder du terrain. Ce qui convient sans doute pour l’heure. Il ne peut pas empoisonner ce nouveau féminin enrichi, mais l’affaire, assez embrouillée, n’en est pas à son point final. La rêveuse récupère un petit tube à ESSAI contenant le poison : l’ESSAI d’accord et le poison de la discorde entre le masculin et le féminin ?

C’est la preuve qui manquait : ce qui sert à tuer est aussi parfois ce qui sert à redonner la vie, dans les contes et dans les rêves, par exemple (ce qui a ‘pris’ la vie la contient en puissance). Ce pourrait donc être la preuve du conflit mais ausssi la preuve qu’il y a encore beaucoup à faire à ce sujet et que rien n’est perdu. Ce serait comme un germe, une promesse du retour de ce masculin. Dans un contenant à la fois long et creux : promesse d’androgyne également ?

L’une des extrémités du pont se perd dans le brouillard : l’une des rives serait-elle celle du féminin et l’autre, qui se perd dans le brouillard, celle de ce masculin-là qui quitte la scène. Le pont de la tension entre les contraires, celui d’une POLARITE tumultueusement vécue (ça bataille dur). Entre les deux rives s’écoule probablement le COURANT de vie.

Ces trois rêves seraient-ils une rétrospective, un « résumé » à la façon de ceux qui sont donnés avant le nouvel épisode pour permettre de suivre et comprendre les feuilletons télévisés ou ceux de la presse écrite ? Si c’est le cas, ils sont tout à fait à leur place dans une entrée en matière onirique alors que s’engage cet échange entre la rêveuse et ses interlocuteurs-interprètes.

Commentaire de Sylvie : Ce n'est qu'un MENSONGE de plus des webmasters qui ne sont plus à ça près.. (posté le 23/12/2006 à 01h00).

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