Billet d’humeur n°19 - 5 octobre 2003
Approche du Soi
Il y a des jours où l'herbe pousse, où les arbres bourgeonnent, où les fleurs s'épanouissent. Il y a des jours où les rêves remplissent nos nuits, riches de sens et de vie intérieure révélée.
Il y a des jours bénis par Sainte Chronicité, des jours qui nous laissent entendre que nous sommes uniques, élus, attendus. Il y a des jours où nous avons vraiment l'impression d'avancer.
Et puis il y a des jours et des jours durant lesquels il ne se passe rien. Rien de rien. Des jours où tout est banal, y compris et surtout nous. Morne plaine ! Pas de rêve, pas de contenus à la vie, la sécheresse, la canicule qui brûle tout. La lumière de la seule conscience raisonnante écrase toutes les ombres. Où es-tu mon cœur qui ne bat plus ? Où es-tu mon âme qui ne produit plus d'images ? La source intérieure de ton inspiration est tarie. Quel est ce nouveau désert qu'il te faut traverser ?
Douter ? Devrais-je encore douter ? Douter de quoi ? Je ne doute même pas. La vie s'écoule, banale. J'attends. J'attends sans révolte la prochaine saison de l'âme. J'attends que le sens émerge ; pour autant qu'il y ait un sens qui doive émerger. Non, je n'attends même pas.
Dormir, oui dormir, j'ai envie de dormir. Aurais-je épuisé ma capacité de révolte ? Je ne sais pas, je ne sais plus. Tout est calme.
Curieux. C'est curieux comme les mots viennent sous ma plume. Voilà bientôt deux mois que je voulais écrire un billet d'humeur alors que rien ne venait et là, en quelques minutes, alors que je voyage dans un TGV bruyant, les mots viennent, sans effort, et sans d'ailleurs que je sache vraiment où ils veulent me mener. Qu'est-ce que je veux dire au juste ? Diable, je n'en sais trop rien.
Si, je le sais ! J'ai envie de dire, une fois de plus, que tout est le chemin. J'ai envie de dire que l'expérience du Soi à laquelle mène le chemin de l'individuation est comme la réalisation d'une pierre, une pierre qui se fait en roulant, en roulant longtemps, en roulant partout, par tous les temps, une pierre qui a tout subi, une pierre qui n'attend rien, une pierre qui est là, pleine, consistante, éternelle, une pierre qui accueille le monde.
Voilà !