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50. Les colonnes d'Hercule

Auqmn : Égypte

Je me tiens sur une très haute falaise en compagnie d'une jeune femme égyptienne. Nous avons une excellente vue de la vallée du Nil, un peu en amont de Louqsor jusqu'au delta (curieusement mon attention se porte seulement sur la rive droite - il n'y a rien sur la rive gauche). Je distingue parfaitement les monuments antiques (que je reconnais aisément) et des habitations rurales (aucune ville). Karnak est en parfait état.

Le niveau du fleuve est assez bas. Je songe que les bateaux ne peuvent vraisemblablement pas remonter le Nil très loin en amont. Ma compagne me dit que le fleuve est navigable à partir des deux obélisques noirs. Ces deux obélisques noirs sont les seuls monuments que je ne parviens pas à identifier dans tout le panorama. Ils sont entourés d'une sorte de large portique en treillis métallique, noir également. J'ai l'impression qu'ils sont de construction récente (par rapport aux pyramides et temples) et que leur signification est différente.

En amont de Louqsor, les abords du fleuve sont couverts d'une végétation luxuriante. Je demande à ma compagne où est le désert. Elle me désigne des montagnes, assez loin en retrait du Nil. Je m'étonne de distinguer à nouveau de nombreuses habitations sur les flancs des montagnes.

Je ne suis plus sur la falaise et mon guide a disparu.

J'ai résolu d'aller en Égypte. Des étudiants que je connais font le même projet, mais ils veulent passer par Gibraltar, ce que je considère comme un détour. Ils m'assurent que c'est la seule possibilité. Je refuse de les accompagner, bien décidée à trouver un moyen plus rapide et plus direct.

Je n'ai pas le temps de vous conter toutes les péripéties du rêve. Il me semble que mon récit comporte l'essentiel, car je me suis réveillée avec en tête les mots de mon guide 'Le Nil est navigable à partir des deux obélisques noirs'.

J'aimerais connaître vos idées.

Christian : Les colonnes d'Hercule

Cela fait une éternité qu'on n'a plus communiqué tous les deux. Pourtant, on s'en est écrit des choses !

Qu'est-ce que tu es allée faire - encore ! - sur cette falaise très haute ? Tu contemples le paysage, tu analyses la situation. Certes la vue est belle et dégagée, mais à mon goût, elle manque de corps, elle est abstraite et distanciée, elle porte sur des monuments antiques, des vestiges du passé, des lieux sans vie. D'ailleurs, le niveau du fleuve lui-même est assez bas. Il manque un peu de vie, de libido. Que représentent ces deux obélisques noirs ? Je ne vois pas très bien pour l'instant, ils sont d'ailleurs énigmatiques pour toi aussi dans le rêve, mais ils marquent une limite à partir de laquelle le fleuve de ta vie devient navigable, lieu d'échanges et de communication entre l'intérieur des terres et l'extérieur. Ton intérieur, en amont de Louqsor, est riche, très riche, luxuriant. Ton problème c'est l'aval, ta relation à l'extérieur, au monde. Comment lis-tu Louqsor ? Le loup qui sort ? (au sens des 'Femmes qui courent avec les loups' ?)

À la fin, tu es redescendue de tes hauteurs, tu es dans la vie, dans ton quotidien. Il y a du monde, des étudiants. Pour eux le chemin de l'Égypte, terre de l'initiation, de l'individuation, clef de ta transformation, passe par Gibraltar. ... Tiens, tiens ! N'est-ce pas là, à Gibraltar, qu'Hercule éleva deux colonnes (les colonnes d'Hercule) pour laisser une trace de son passage alors qu'il était occupé à un de ses fameux travaux (le 10°, si je ne m'abuse). Et toi tu refuses de passer par là ! Tu prétends trouver un moyen plus rapide et plus direct. Pourtant le début du rêve t'explique que ces deux colonnes, ou obélisques, marquent le début de ta navigabilité. C'est à partir de là que tu deviens 'civilisée', ouverte aux échanges. Toi, tu ne veux pas passer par là, têtue que tu es.

Voilà pour la symbolique. Maintenant, que représentent dans ton quotidien ces deux colonnes ? Il faut que tu m'aides. Et en quoi tu les refuses ? À force de vouloir gagner du temps, ne crains-tu pas d'en perdre ?

David : Le dixième travail d'Hercule!

Je séchais depuis plusieurs jours sur ton rêve, Auqmn. J'avais des idées mais pas de fil conducteur. Et notre 'Numineux Christian' :-))) nous apporte la solution, com'd'hab. : HERCULE!

Gibraltar, c'est le Nil! Ce flash, puisque je travaille par flashes (ce qui est normal dans mon joke oke )) -private joke-), je l'avais eu. Mais je n'arrivais pas à relier correctement les deux. Hercule, bien sûr!

Le Nil, dans ton rêve, c'est le point entre rive droite (conscient) et ses monuments anciens, et rive gauche (inconscient) mais aussi (merci Christian) entre un amont intérieur, sauvage et luxuriant et un aval extérieur civilisé mais peu développé (pas de ville, juste quelques habitations rurales).

Lors du dixième de ses travaux, Hercule, qui, outre sa force, brillait plus par ses sensations que par son intelligence (!), Hercule, alors qu'il touchait la terre à l'extrémité de la Méditerranée,

>sépara deux montagnes rocheuses appelées depuis les Colonnes d'Hercule: GIBRALTAR et Ceuta.

GIBRALTAR, c'est le point entre l'Atlantique (inconscient) et la Méditerranée moins agitée, sans marées, plus consciente, la 'Mare Nostrum'; mais aussi entre un intérieur luxuriant (l'Afrique) et un extérieur dit civilisé (l'Europe).

Je crois que ton rêve est un appel à réaliser le dixième travail d'Hercule: repousser tes montagnes de Gibraltar et Ceuta, tes obélisques noirs, pour faire communiquer conscient civilisé et inconscient luxuriant et pour naviguer dans ces nouveaux repères...

Tes étudiants intérieurs le savent, mais tu laisses trop parler ton intellect en place de tes sensations herculéennes... qui ont le pouvoir de déplacer des montagnes! Aller en Égypte ou à Gibraltar ne modifie en rien le problème!!!

>Je demande à ma compagne où est le désert. Elle me désigne des montagnes, assez loin en retrait du Nil. Je m'étonne de distinguer à nouveau de nombreuses habitations sur les flancs des montagnes.

Même ton désert est habité, Auqmn; il y a en toi beaucoup plus que ce que tu (re)connais...

Quant aux obélisques noirs, j'ai trouvé deux références: une dans la bible à Khalu (aujourd'hui Nimrud, en Irak) et l'autre, titre d'un roman de Remarque (Erich Remark), mieux connu pour son roman 'Im Westen Nicht Neues' (A l'Ouest rien de nouveau). Comme dirait Alain :-))) 'Est-ce que ça te parle?' :-)))

Christian : La route de l'Égypte passe par Gibraltar

David,

Je voudrais apporter une petite remarque à ce que tu écris.

Quand tu écris 'Même ton désert est habité, Auqmn; il y a en toi beaucoup plus que ce que tu (re)connais...', moi je dis : Auqmn connaît bien ses mondes intérieurs et leur luxuriance. Son problème est précisément là, c'est celui d'être retenue par cette luxuriance qui affadit considérablement le reste, le monde extérieur.

Comment descendre de la falaise ? Comment s'affranchir de cette pensée qui distancie (chez elle : pensée riche, cultivée, luxuriante, fascinante, 'ensorcelante', 'captivante' mais qui éloigne de la 'réalité', de la 'chair', de la 'vie' du monde, pensée aussi qui protège du risque de se frotter au monde et aux autres) ? Comment faire le pont entre l'extérieur et l'intérieur ? Comment s'intéresser à ce monde à l'extérieur ?

Le problème de départ d'Auqmn, pour autant que je l'ai compris, c'est qu'elle souffre d'être prisonnière d'elle-même et de ses richesses intérieures et qu'elle n'arrive pas à sortir de cet emprisonnement parce qu'elle n'arrive pas à trouver le monde extérieur suffisamment intéressant. Je force un peu le trait, il y a des exceptions à ce que je dis, mais je pense que l'idée est là.

Il y a encore beaucoup à dire sur ce rêve, j'en reste là pour l'instant mais je reviendrai.

David : Le désert

Bonjour Christian,

Je voudrais apporter une petite remarque à ce que tu écris.

>Quand tu écris 'Même ton désert est habité, Auqmn; il y a en toi beaucoup plus que ce que tu (re)connais...', moi je dis : Auqmn connaît bien ses mondes intérieurs et leur luxuriance. Son problème est précisément là, c'est celui d'être retenue par cette luxuriance qui affadit considérablement le reste, le monde extérieur.

Loin de moi l'idée de prétendre que le désert d'Auqmn est à l'intérieur! Son désert est là où dans sa vie c'est le désert! (Ca paraît simple, mais c'est plus profond :-))) ). Si, comme tu le penses, c'est la relation à l'extérieur qui est désertique, je voulais mettre en évidence qu'elle n'était plus si désertique puisqu'habitée...

Christian : OK ami

Dit de cette manière, je suis tout à fait d'accord avec toi.

Ninalee : Obélisques et treillis

Bonjour Auqmn, si ce qui suit peut aider ?

c'est à le gloire de son père Amon (un peu en amont?) que Ramsès II va élever les gigantesques édifices de Louqsor et Karnak et lors de la fête de l'Otep, Amon, dieu des commencements est mis sur une barque d'où il ira séjourner 10 jours ( 10 !) à Louqsor et puis retourne à Karnak.

L'unification de l'Égypte, terre d'Alchimie, carrefour des 4 mondes, dans ses divisions Nord/Sud de la période prédynastique passe par ces deux villes(équilibre entre plan matériel et spirituel, l'intelligence du cœur et celle su cerveau, la chaleur et le froid, le nord et le sud)

L'Égypte , est la plus gigantesque représentation de la contradiction à laquelle l'esprit humain est confronté :celle de la durée (par sa foi éperdue en l'éternité (tombes, momies, rituels ...témoignent d'un refus total de la mouvance de la vie) et en même temps, de la plus démesurée volonté d'ancrage au présent. Cela nous rappelle la difficulté d'harmoniser le désir de réalisation terrestre et un destin éternel impliquant le sacrifice du Moi.

L'unification de l'Égypte apparaît comme un centre spatial et temporel où se conjugue l'adhésion au monde et à l'éternité.

Rêver de l'Égypte peut signifier que ce centre, par ce retour aux sources, à ce dieu des commencement (Amon : Louqsor, Karnak)) à été trouvé.

Obélisques : l'origine de l'obélisque remonte justement à l'Égypte, l'entrée des temples étaient souvent flanquée d'une paire d'obélisques, alors que les parvis n'en comportaient qu'un seul ( les obélisques étaient primitivement des idoles phalliques de la fécondité ? ou axe du monde?).

Dans le rêve ils sont 2 (on peut supposer que tu es à l'entrée d'un temple).

Ils sont noirs : l'Égypte est la terre du rouge et du noir (stérilité des déserts, fertilité des vallées).

Dans les tentatives d'unification de l'Égypte, il y a des périodes intermédiaires, la première d'entre elles est faite de troubles sociaux, d'anarchie, de guerres civiles, de mort - - - bref de NOIR. Cette période voit l'extension du culte d'Osiris, dieu chtonien, NOIR, dieu mort et ressuscité (roi civilisateur qui enseigna l'agriculture, et donna lois et religion) Son frère Seth finit par l'enfermer dans un coffre et le mettre sur le Nil.(comme Moïse) Après qu'on l'ait retrouvé, Osiris sera taillé, dépecé en 14 morceaux qui seront éparpillés sur l'Égypte, sa femme Isis rassemblera les morceaux, sauf un morceau qu'on ne retrouvera pas, jeté dans le Nil et peut-être mangé par un poisson) ; le PHALLUS ! Tandis que le coffre où on l'avait mis ( retrouvé aussi) a été taillé et transformé en COLONNE de palais.

Ces 2 obélisques noires c'est peut-être le Phallus d'Osiris ? sa fécondité ?

Peut-être le coffre taillé en colonnes ?

Mais tout simplement aussi, la colonne, l'obélisque résume le temple, c'est le lieu de ferveur active, et il y a 2 temples (Karnak et Louqsor) dans la symbolique d'UNIFICATION de l'Égypte.

Dans ton rêve les 2 obélisques noirs sont entourés d'un portique de treillis de métal noir : un seul obélisque est entouré d'un filet , c'est l'Omphalos de Delphes, le nombril du monde, centre du monde - représente généralement la fermeture par une pierre d'un canal qui relie les différents niveaux du monde.

L'omphalos est un rocher recouvert d'un filet tressé (treillis). Et c'est en Grèce, côté Méditerranée (dans ce carrefour qu'est l'Égypte, c'est de ce côté là qu'est ton centre).

Ce treillis c'est comme Osiris enchevêtré dans la végétation : comme ces statuettes qu'on fait à son effigie avec le limon, l'argile du Nil qui était pétri avec des grains, quand ces grains germaient, naissaient alors des Osiris végétants, (l'enchevêtrement symbolisant le refoulé, l'inconscient, la censure, la répression, l'enchevêtrement des neurones) Osiris pas capable de défaire ses nœuds, à sortir de l'enchevêtrement de ses problèmes, de toile tissée (treillis) par le fer (animus) ?

Car le fer du treillis est un animus noir qui appelle le sang rouge féminin.

(le rouge et le noir d'Égypte).

Toute cette histoire avec Osiris m'a été soufflée par une photo que je savais avoir et que j'ai retrouvée (mais je ne sais pas d'où elle a été prise, de quel endroit d'Égypte): c'est la photo d'une peinture murale égyptienne certainement, on y voit Osiris avec le sceptre et le fléau, sur fond blanc, son visage et ses mains sont vert intense( dieu de la végétation)et autour de ce cadre blanc, 2 OBELISQUES NOIRS (alors j'ai cherché la relation entre Osiris et les 2 obélisques de ton rêve).Voilà pourquoi c'est si long.

Et en effet, comme le disent si bien Christian ( bien vu Christian !) et David (qu'est-ce que t'as de bons flashes, toi!), ces obélisques dans ton voyage seraient les colonnes d'Hercule.(division de 2 mondes, mais lieu de passage aussi entre deux mondes (Delta du Nil, détroit de Gibraltar).

Ce n'est qu'un prélude, car Hercule a séparé ces deux montagnes, avant d'aller à son dixième travail, celui de rassembler et de ramener les troupeaux de bovidés de Géryon ( Bœuf, taureaux : fécondité à ramener, comme le phallus d'Osiris!).

Dans la lignée d'Osiris, on pourrait alors passer à Apis et Mnevis, les taureaux sacrés.

Voilà, il me semble que tu es entre deux villes,(Louqsor et Karnak) deux directions (nord/Sud,gauche/droite) , vers un centre, ton centre, aux sources du monde (Amon), où l'écriture est à la première place (Hiéroglyphes),dans l'enchevêtrement de tes neurones qui recouvre ton élan à t'élever de tes grandes aspirations terrestres au spirituel, à l'éternité, à l'entrée d'un temple, à devoir réunifier le rouge et le noir, pour ramener la fécondité.

Le dixième travail : 10 : nombre d'accomplissement

Bonne route vers Gibraltar, Auqmn

Christian : Peux-tu coaguler STP ?

Bonjour Nina,

Ta 'dissolution' est très intéressante, elle permet de faire un tour d'horizon de la symbolique mise en jeu, mais j'ai envie que tu ne t'arrêtes pas là. J'ai envie que tu 'coagules' un petit coup maintenant, en nous disant ton sentiment sur ce que cette symbolique dit à Auqmn. Ma demande n'engage que moi, Auqmn parlera pour elle, mais moi j'ai envie de concret. Qu'apporte ce rêve à Auqmn, à elle dans sa manière d'être au monde ?

Auqmn : Bravo et merci, mais prenez patience

Je vous remercie vivement pour vos commentaires instructifs et pertinents. Vous m'avez fourni de nombreux éléments de réflexion et la plupart de vos remarques ont fait mouche. C'est toujours à la fois plaisant et quelque peu déstabilisent de vous lire, car la conjonction réussie d'une image (vestige de mon rêve) et d'une idée (votre interprétation) produit plus que du sens. Je suppose que des strates profondes de la psyché réagissent à la mise en lumière du symbole, et mon moi conscient en perçoit l'écho évanescent.

Malheureusement, je ne puis vous répondre en détail pour l'instant car divers travaux (académiques, pas herculéens) réclament tous mes soins et toute mon attention.

Je vous ferai part de mes réactions dès que possible (ce qui laissera le temps de décanter à toutes les idées que vous avez soulevées et me permettra d'y voir un peu plus clair).

Christian : Pendant ce temps, on continue à résonner

Prends ton temps, amie ! Nous, nous avons encore du boulot à faire sur ton rêve.

Je continue à développer ma réflexion.

Les deux obélisques noirs et le portique en treillis métallique marquent la séparation entre le monde navigable et celui qui ne l'est pas, alors que les colonnes d'Hercule marquaient d'une certaine manière les limites du monde antique. Il est donc bien question, me semble-t-il, de séparation entre deux mondes, je dis l'intérieur et l'extérieur car je sais que c'est un problème important avec lequel se dépatouille Auqmn. Si le rêve pose bien ce problème, je me demande ce qu'il dit de la solution. Or là je trouve une contradiction entre la voie courte que cherche Auqmn et la voie longue par Gibraltar que choisissent les étudiants. Qui a raison ? Quelle est le bon chemin d'Auqmn vers cette terre d'Égypte, dans sa démarche d'individuation ?

Si Gibraltar renvoie à Hercule et à ses travaux, c'est-à-dire à une voie héroïque, j'ai envie de dire : Auqmn a raison de ne pas passer par là. J'en ai suffisamment parlé avec elle, elle sait que je me méfie beaucoup de l'héroïsme car je ne crois pas à sa vertu individuante, il y a toujours mieux à faire autrement. Elle sait aussi qu'en bon petit soldat qu'elle est, c'est souvent cette voie de courage et de raison qu'elle est encline à choisir naturellement.

Si Gibraltar, c'est décider d'aller aux limites de son monde connu, alors oui, là est peut-être la solution d'Auqmn et le rêve dit alors qu'elle refuse cette solution sous prétexte d'en trouver une plus rapide. Peut-être doit-elle faire ce saut qualitatif hors d'elle-même pour réussir son défi d'individuation actuel ? Peut-être doit-elle accepter de passer par l'extérieur d'elle-même pour cheminer vers son centre ? Je le pense personnellement, la voie vers le centre d'Auqmn passe par l'extérieur. Toute sa difficulté est là : Quel intérêt y a-t-il à aller dans ce désert extérieur ?

Auqmn : Quelques réflexions

Puisque David s'impatiente ;-))) voici ce que m'inspire mon rêve 'Égypte' à la lumière de vos commentaires.

Je crois que le rêve me parle essentiellement du détour nécessaire par le monde extérieur (la confrontation aux autres) pour progresser dans la connaissance de moi-même et l'individuation. (Je pense que le rêve oppose intérieur/extérieur plutôt que conscient/inconscient). L'idée m'est familière, et intellectuellement je suis parfaitement d'accord. Le problème, c'est que cette approbation ne dépasse pas le stade intellectuel. Je n'éprouve guère l'envie de sortir hors de moi-même, l'extérieur généralement ne m'attire pas, car mes mondes intérieurs en comparaison sont bien plus passionnants. Je refuse de franchir Gibraltar, je refuse de quitter la Méditerranée, close et familière. Je veux rester dans le sein de la Grande Mère. (Je pense ici que l'Atlantique représente l'inconnu du monde extérieur plutôt que l'inconscient.).

Jusque-là, rien de neuf. Je m'obstine dans mon travers habituel.

Cependant les abords du Nil en aval de Louqsor (mon moi civilisé, mes rapports avec le monde extérieur) ne sont pas aussi désertiques que je le pensais. Ma vie réelle (par opposition aux mondes imaginaires) n'est donc pas totalement dépeuplée. Ce n'est pas le domaine exclusif de la pensée analytique et désincarnée, austère, aride et pure. La vallée du Nil est couverte d'une végétation clairsemée. Ce n'est pas la luxuriance de mes mondes intérieurs, mais ce n'est pas le désert escompté (je suis surprise que le désert soit repoussé vers les montagnes, du reste elles aussi habitées). Le Nil est bas, c'est la saison sèche, mais avec la crue viendra le limon fertile (la chair, la vie, les sentiments, les émotions), et si je m'en donne la peine, je pourrai faire prospérer toute cette zone. En gros, j'ai le potentiel nécessaire, il suffit que je me mette au travail.

Cependant je ne crois pas qu'il s'agisse d'un travail héroïque et herculéen que je me doive d'entreprendre aussitôt. A quoi me servirait de m'investir davantage dans le monde extérieur si cet engagement ne résulte que d'un effort de volonté ? Si j'agis uniquement par devoir ? À rien.

Il me semble au contraire que le rêve tente d'éveiller mon intérêt pour le monde extérieur, afin que ce soit spontanément, sincèrement, par curiosité et avec plaisir, que je porte attention aux autres et au monde qui m'entoure. Ne rien forcer, au contraire geschehenlassen.

Je ne sais toujours pas comment interpréter les deux obélisques noirs au-delà de leur statut de bornes solennelles marquant le passage d'un monde à l'autre.

J'ai apprécié les explications détaillées de Nina, mais rien ne m'a vraiment touchée.

Je crois que le symbolisme de l'Égypte (comme but du voyage) m'importe peu dans l'immédiat.

C'est désormais le voyage lui-même qui m'intrigue et m'attire.

Nina : Re : réflexions

c'est la saison sèche, mais avec la crue viendra le limon fertile (la chair, la vie, les sentiments, les émotions), et si je m'en donne la peine, je pourrai faire prospérer toute cette zone. En gros, j'ai le potentiel nécessaire, il suffit que je me mette au travail.

Quel travail Auqmn ? comment feras-tu pour faire prospérer toute cette zone?

Y a quelque chose qui bloque apparemment. Comment iras-tu vers la chair, la vie, les sentiments si tu ne peux aller vers l'extérieur les 'prendre' pour les ramener en toi?

>Il me semble au contraire que le rêve tente d'éveiller mon intérêt pour le monde extérieur, afin que ce soit spontanément, sincèrement, par curiosité et avec plaisir, que je porte attention aux autres et au monde qui m'entoure. Ne rien forcer, au contraire geschehenlassen.

Je pense que si tout à fait spontanément tu ressens une curiosité, un plaisir, une attention aux autres et au monde, c'est qu'il est arrivé quelque chose ou quelqu'un dans ta vie (dont le rêve se fait le reflet, une nouvelle donnée que le rêve intègre) Et tant mieux, Auqmn, tant mieux !

>Je ne sais toujours pas comment interpréter les deux obélisques noirs au-delà de leur statut de bornes solennelles marquant le passage d'un monde à l'autre.

>J'ai apprécié les explications détaillées de Nina, mais rien ne m'a vraiment touchée.

Oui Auqmn, il me semble que plus nous pouvons entrer dans le détail de certaines symboliques, plus tu pourras trouver de matériaux et prendre celui qui te convient. Désolée que rien n'ait trouvé d'écho chez toi!

En effet les obélisques ne sont pas encore élucidées sauf '' dans leur statut de bornes marquant le passage d'un monde à l'autre ''dis-tu : quand es-tu passée d'un monde à l'autre la dernière fois? quand as-tu quitté le monde de l'enfance, de l'adolescence? je me suis permise d'aller lire tes autres rêves et j'y ai trouvé ces 'liens' :

- dans Égypte : ces obélisques QUE TU N'ARRIVES PAS A VOIR sont de construction plus récente, est-ce que cela signifie que nous ne devons pas les considérer dans ce vaste terreau de mémoire collective qu'est l'Égypte mais plutôt en relation à des faits plus 'modernes', de ta mémoire individuelle à toi? ( Petit lien : il y a 2 frères jumeaux dans ton autre rêve, 2 animus/ phallus identiques, comme les 2 obélisques).

- dans ton autre rêve Venise : il y a ' 2 édifices modernes, dont l'un est associé au nom de Cléopâtre, mais qui serait UN TROMPE L'ŒIL (comment ne pas les mettre en parallèle avec les obélisques d'Égypte que tu ne vois pas)

- dans ces deux rêves il y a chaque fois des étudiants ( qui font le cirque - qui veulent passer à Gibraltar, une partie de toi plus juvénile, plus espiègle, qui oserait passer à Gibraltar, faire un détour, l'école buissonnière)

- dans le rêve du doigt manquant, où le mot de castration a été prononcé, je ne manque pas de voir aussi le phallus perdu d'Osiris

- dans ton rêve de cuirassé tu parles de ton amie K et de l'Allemagne - tu reparleras de cette amie dans le dernier rêve où tu tues ton frère

(moi je l'ai associé à l'animus noir du treillis en fer, à l'enchevêtrement des neurones, dont l'ordinateur devant lequel ton ami se terre me semble un bon exemple)

- dans tes rêves il y a du sang ou une évocation du rouge

(tu vois rouge? ou tu ne veux pas voir rouge? - le rouge est bien entendu, vie, passion,chaleur, mais aussi colère)

- il y a un repaire, une caverne où tu ne veux pas aller, et plus tard les colonnes d'un temple où tu ne veux pas passer (temple avec sa représentation utérine, sa connotation matricielle).

Qu'y a t il que tu ne peux pas voir ?

Si la falaise marque ton ambition d'élévation, ton animation verticale, son antonymie naturelle est la fatalité de la chute, la dynamique de renversement

(plutôt qu'aller vers le haut, le ciel, il est peut-être nécessaire d'abord de descendre dans le puits profond, retrouver quelque chose). C'est peut-être ce quelque chose qui bloque actuellement ton désir d'aller vers l'extérieur, vers l'autre. Car c'est ainsi que j'entends ta manière d'appréhender l'extérieur, comme un terrain aride et ennemi. Tu as raison de dire que tu ne veux pas aller à l'extérieur si c'est juste une conclusion mentale pour toi et qu'il te faut attendre que naturellement tu y sois portée. Mais peut-être que 'naturellement' suppose quand même une descente dans le puits de ta mémoire d'émotion, je veux dire les tripes.

'Quel intérêt y a t-il à aller dans le désert extérieur ?' ai-je entendu

Quel intérêt y a t-il à ce que le loup hurle à la Lune? (et d'abord, pourquoi appeler ça un intérêt ? )

>Je crois que le symbolisme de l'Égypte (comme but du voyage) m'importe peu dans l'immédiat.

je ne parlais pas de l'Égypte comme but du voyage mais de l'Égypte là où tu es dans le rêve (tu es bien sur une falaise surplombant le Nil dans le rêve, n'est -ce pas?) et être dans ce pays veut dire être aux sources, à ta source, là où tous les commencements sont possibles

>C'est désormais le voyage lui-même qui m'intrigue et m'attire.

Alors je répète comme je disais l'autre fois : bonne route vers Gibraltar !

Et pour ceux qui n'avaient pas compris, permets-moi d'ajouter Auqmn :

Vas-y les voir ces 2 colonnes ! c'est à partir de là que ça devient navigable, pas avant, il me semble.

(Je pense Auqmn que tu n'ignores pas le lien qu'il y a entre SAVOIR (étudier) et VOIR)

Auqmn : Réflexions, suite

Je réagis à quelques points que tu as abordés :

>Quel travail Auqmn ? comment feras-tu pour faire prospérer toute cette zone? Y a quelque chose qui bloque apparemment.

Le blocage est ancien. J'ai très jeune eu conscience que le monde extérieur était un territoire hostile et dangereux, et que l'humanité n'était qu'une misérable engeance (rassure-toi, j'ai une position moins extrême à présent). Ce rêve à mon avis ne met pas l'accent sur ce blocage (dont très rationnellement je déplore l'existence depuis 7 ou 8 ans), mais sur le fait qu'il est en train de céder. (La preuve : l'Égypte dans sa partie navigable n'est plus un désert.) Donc je m'en réjouis sans m'alarmer de l'ampleur de la tâche qui reste à accomplir.

>Je pense que si tout à fait spontanément tu ressens une curiosité, un plaisir, une attention aux autres et au monde, c'est qu'il est arrivé quelque chose ou quelqu'un dans ta vie !

C'est ce qui me rend perplexe : il ne s'est rien passé.

Depuis près de 4 mois je me consacre exclusivement à mon projet de recherche (je suis au labo 7 jours sur 7, 10h à 12h les jours de semaine, un peu moins le week-end). Je ne fais rien d'autre (à part ma séance de natation quotidienne). Je côtoie quelques étudiants avec qui je m'entends fort bien, mais j'ai rarement le temps de m'entretenir avec eux. Je vis vraiment dans une bulle (encore 4,5 mois à ce rythme avant de pouvoir émerger). Le pire, c'est que cela ne me pèse pas (et pourtant je ne suis pas passionnée par mon projet de recherche, je le mène à bien consciencieusement, c'est tout).

Je me suis donc plutôt retirée en moi-même ces derniers temps. Certaines occupations répétitives et fastidieuses ne requièrent qu'un degré d'attention minimal et j'en profite pour convoquer mes personnages imaginaires ainsi que pour retravailler quelques poèmes inachevés et en élaborer de nouveaux (la reprise de mes travaux d'écriture sont la seule nouveauté depuis 3 mois).

>- dans Égypte : ces obélisques QUE TU N'ARRIVES PAS A VOIR sont de construction plus récente, est-ce que cela signifie que nous ne devons pas les considérer dans ce vaste terreau de mémoire collective qu'est l'Égypte mais plutôt en relation à des faits plus 'modernes', de ta mémoire individuelle à toi?

Je suis d'accord pour l'idée que les obélisques font référence à mon passé personnel. Toutefois je tiens à préciser que dans le rêve 'Égypte' je les distinguais parfaitement. Seulement, à la différence des autres monuments (antiques et célèbres), je ne les reconnaissais pas et me demandais de quoi il s'agissait (édifiés par qui? Quand? Pourquoi? Quel symbolisme?)

>- dans le rêve du doigt manquant, où le mot de castration a été prononcé, je ne manque pas de voir aussi le phallus perdu d'Osiris

OK. J'ai une vague idée là-dessus, reliée à un autre de mes problèmes : cesser de regretter de n'être pas un homme. Disons qu'en Égypte (en moi-même), le phallus est perdu. Il faut que j'accepte cette perte, et que j'agisse en conséquence, c'est-à-dire que j'aille le chercher à Gibraltar, de l'autre côté des colonnes d'Hercule, à l'extérieur, hors de moi-même, donc en un autre (je rejoins ton idée sur le 10ème travail d'Hercule, ramener les troupeaux de bovidés, la fécondité, le phallus). Ça se tient à peu près. Mais pour la mise en pratique, il faudra attendre.

>- dans ton rêve de cuirassé tu parles de ton amie K et de l'Allemagne - tu reparleras de cette amie dans le dernier rêve où tu tues ton frère (moi je l'ai associé à l'animus noir du treillis en fer, à l'enchevêtrement des neurones, dont l'ordinateur devant lequel ton ami se terre me semble un bon exemple)

L'association que tu proposes n'éveille rien en moi. Le treillis est parfaitement ordonné, ce n'est pas un enchevêtrement, toute la structure est géométrique et à angles droits (mais ajourée, c'est ce qui retient mon attention). J'aurais peut-être dû préciser également que le portique entoure les obélisques sur trois côtés seulement, au cas où cela aurait une signification.

>- dans tes rêves il y a du sang ou une évocation du rouge

Le sang serait plutôt de la colère, ce me semble. De la colère refoulée très longtemps et très efficacement (au point que je l'ai sans doute ignorée), colère que j'ai besoin d'extérioriser.

>Qu'y a t il que tu ne peux pas voir ?

Si je le savais :-)))... (que je ne suis pas un homme ? que je ne suis pas parfaite ? que j'ai des faiblesses ? qu'on m'a fait mal ? que je suis humaine ?)

>Si la falaise marque ton ambition d'élévation, ton animation verticale, son antonymie naturelle est la fatalité de la chute, la dynamique de renversement

>(plutôt qu'aller vers le haut, le ciel, il est peut-être nécessaire d'abord de descendre dans le puits profond, retrouver quelque chose). C'est peut-être ce quelque chose qui bloque actuellement ton désir d'aller vers l'extérieur, vers l'autre..

Oui, oui, je sais bien tout ça (la lumière dans les ténèbres, etc). Du reste je me suis vraiment efforcée d'explorer ma mémoire et mon passé (et j'ai mis à contribution toute ma famille, suite à des allusions répétées dans mes rêves à l'existence d'un secret de famille). J'ai l'impression que je connais bien mon histoire (y compris dans ses épisodes douloureux). Je connais deux expériences qui ont contribué à renforcer ma défiance envers le monde extérieur. Elle existait cependant déjà alors que je n'étais âgée que de quelques mois.

>je ne parlais pas de l'Égypte comme but du voyage mais de l'Égypte là où tu es dans le rêve

La falaise est loin à l'ouest de l'Égypte (imagine la distance à laquelle il faut se trouver pour voir le Nil depuis Louqsor jusqu'au delta - et ne parlons pas de la hauteur de ladite falaise), de sorte que je n'ai pas le sentiment d'être en Égypte lorsque je me tiens en cet endroit. La hauteur de la falaise ne représente pas à mon avis une recherche d'élévation, car ma compagne égyptienne me conduit là pour que je puisse jouir de la vue, rien de plus.

Christian : Le monde du DEUX

En passant par là, je me disais que, tous comptes faits, ce qui caractérisait ces deux colonnes qui marquent la limite de navigabilité (ou la limite de la Grande Mer(e) à Gibraltar) c'est qu'elles étaient deux.

Ben oui, le monde extérieur dont elles marquent l'entrée, c'est le monde de l'altérité, c'est la prise en considération de l'autre. Elles font passer du monde de l'un au monde du deux, elles font passer d'un certain narcissisme, d'un certain autoérotisme, d'un certain égocentrisme à un temps de confrontation avec l'autre.

Ces colonnes signifient à mes yeux : ici commence le monde du DEUX . Qu'elles soient de construction récente signifient peut-être qu'il s'agit d'une terre nouvelle pour toi Auqmn, en quelque sorte d'une terre promise.

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Commentaire de Sylvie : Ce n'est qu'un MENSONGE de plus des webmasters qui ne sont plus à ça près.. (posté le 23/12/2006 à 01h02).

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Commentaire de Takeo : WBOSZsQzSsZM (posté le 22/03/2016 à 16h45).

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Commentaire de Denver : LsiRrgQbvtobbKD (posté le 23/03/2016 à 03h30).

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