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26 - L'ombre de la mère Sapin

Auqmn : Lavande contre lilas

Hello tout le monde.

Me revoilà avec deux (courts) rêves que je ne comprends pas.

1. J'ai planté de la lavande dans mon jardin, à plusieurs endroits. Au pied d'un sapin, elle meurt. Au pied d'un lilas, elle prospère tant qu'elle devient aussi haute que le buisson de lilas (c'est une lavande 'mutante' ;-))) et je songe que les deux plantes vont se gêner, que je n'aurais pas dû planter la lavande à cet endroit car la lavande et le lilas vont finir par 'se battre'.

2. Je pénètre dans une maison au ras de l'eau à la recherche d'un cadavre (rien de lugubre ni de menaçant, j'espère vraiment trouver ce cadavre, ce serait une découverte d'un grand intérêt). Or je rencontre un de mes oncles qui déclare posément qu'il veut que nous mourions, moi, mon frère et mes deux cousines. Je suis plutôt choquée. Des membres de la famille de ma mère présents sur place semblent l'approuver et nous conseillent de nous laisser faire, d'être dociles. Mon oncle demande du vin, il dissout dedans un poison-somnifère et nous tend le breuvage avec le commentaire que cela ne sera pas douloureux.

Mes cousines sont apathiques. Je n'ai aucune intention de boire et je suis en colère (curieusement je n'ai pas peur, je ne me sens pas menacée). Mon frère obéit (le vin devient alors un plat de viande) mais j'ai l'impression qu'il a une idée en tête et qu'il ne compte pas se laisser faire. En effet il convainc mon oncle de manger lui aussi le plat empoisonné. Moi je n'y touche pas.

Le rêve s'achève sur un repas auquel participe toute la famille, le jour de Noël, dans l'ambiance chaleureuse habituelle.

Je me demande si j'aurais dû obéir à l'injonction de mon oncle, et surtout ce qu'il représente. Mon frère me donne-t-il l'exemple ? Qu'est-ce qui doit mourir en moi ?

Le vin et la viande : faut-il y voir des allusions à ma fonction sensation déficiente (d'autant plus que mon oncle est un fin gourmet)?

(Il est évident que tout cela est à interpréter sur le plan du sujet car toutes les personnes intervenant dans le rêve s'entendent très très bien dans la réalité et s'aiment sincèrement les unes les autres).

Quant au premier rêve, la lavande, le lilas et le sapin... tout cela est très obscur.

Si vous avez des idées, elles sont les bienvenues :-)))

Chaton

Concernant ton premier rêve la lavande symbolise la sagesse, l'aspiration et la divinité. Plantée en dessous d'un sapin elle ne peut pas grandir car le sapin l'empêche de recevoir la lumière du soleil. (le sapin est tout de même un élément de paix, de quiétude et de sérénité)

Concernant le lilas, c'est une plante qui par certains aspects ressemble a la lavande (odeur caractéristique ...) d'où le possible conflit.

Je pense que ce rêve explore une situation dans laquelle tu es et les deux solutions que tu peux y voir: soit se mettre à l'abri, accepter de se mettre sous l'aile de quelqu'un (le sapin) pour retrouver paix et sérénité mais au risque de te faire étouffer ou alors décider d'affronter la situation en sachant qu'un conflit peut survenir et qu'un combat serait envisageable.

Auqmn

Merci pour tes remarques, chaton.

Je ne suis pas sûre d'être confrontée à l'alternative que tu mentionnes.

Je ne vois qu'une seule personne susceptible d'incarner le sapin, mais ce n'est assurément pas un abri que je cherche auprès d'elle. Et au lieu de m'étouffer j'ai plutôt l'impression qu'elle m'incite très fortement à respirer profondément et à aller chercher la lumière du soleil moi-même, ce qui ne se passe pas toujours en douceur. Quiétude, sérénité, abri, cela ne colle pas.

Je pense plutôt que le sapin est en moi-même...

Après avoir réfléchi à tes commentaires, je crois que je saisis mieux le symbolisme de mon rêve, à présent.

Il me semble que mon jardin est moi-même. Le sapin est un grand et bel arbre, planté à droite (au centre du côté droit - le jardin est carré). J'ai envie d'y voir ma fonction pensée (assurément très développée et bien portante). Le lilas est sur un côté adjacent, opposé à celui d'où je regarde le jardin. Intuition ou sensation ? Le buisson est encore malingre, je dirais sensation, et mon point de vue est celui de ma fonction dominante intuition.

La lavande est une nouvelle pousse, une énergie nouvelle, dont je ne sais pas très bien quoi faire. L'aspiration à la divinité dis-tu, une quête spirituelle peut-être. (Si c'est le cas, c'est effectivement une toute jeune pousse). Où la planter ? A l'ombre de la raison elle dépérit, ce qui paraît assez logique. A côté du lilas, elle croît mais je redoute un conflit. Enfin je ne l'avais pas précisé dans le récit, mais j'avais mis en terre un troisième plant, qui s'était bien développé (je ne savais plus si je l'avais associé à un autre végétal et je ne pensais pas alors à l'importance du symbolisme spatial), mais je me souviens clairement que c'était à gauche du lilas : sentiment. Ce serait donc sur la terre associée à cette fonction que la lavande peut le mieux croître.

Philippe

[...] Dans le second rêve, le vin , le poisson sont des symboles de nourriture spirituelle, ce sont des symboles chrétiens.On te donne l'ordre de mourir , mais c'est sans doute dans la perspective d'une résurrection, comme tu le dis : quelque chose doit mourir en toi. Le fait que le vin devienne de la chair n'a plus rien de chrétien, à mon avis, ce n'est pas la chair du Christ, mais la chair au sens érotique. Le passage à une vie plus charnelle semble ici présenté comme un accomplissement spirituel. Mais qu'en penses-tu? très beau rêve...qui s'achève sur le jour de Noël, une naissance...

Auqmn : Mourir et renaître

Je suis globalement de ton avis sur mon second rêve. Il présente ma mort comme une transformation, comme une évolution, mais pas de nature spirituelle, en dépit du vin et de Noël (ces symboles traduisent uniquement l'idée de résurrection, de renaissance). Je pense qu'il s'agit au contraire de la transition vers une existence plus terrestre, plus ancrée dans le monde extérieur, dans ma réalité physique. Bref, je descends de ma montagne.

(Du reste, le processus a commencé dans ma vie réelle).

Philippe : Question

A lire tes rêves ces derniers temps , on devine que le changement est en marche, mais que penses-tu de ton 1er rêve? c'est assez bizarre, le sapin est le symbole de l'arbre de vie. Quand aux fleurs je suppose qu'elles symbolisent des sentiments naissants...Est-ce le cas? Tu es très discrète sur ta vie affective , y aurait-il une ouverture de ce côté là? Excuse l'indiscrétion de ma question mais ta réponse aiderait l'interprétation de ce genre de rêve. De tout façon je comprendrais parfaitement que tu ne veuilles pas étaler ta vie privée ici.

Personnellement , au vu de tes rêves, je suis presque sûr qu'il y a une ouverture vers les autres et que tu commences à nouer des liens affectifs,me tompè-je?

Auqmn : Réponse

Le sapin de mon rêve ne me fait pas vraiment penser à l'arbre de vie.

Sa première caractéristique est qu'il est sombre, d'un vert presque noir, et la lumière manque à son pied. Il me semble moins vivant que ne l'aurait été un chêne, par exemple, avec sa profusion de feuilles et ses larges branches dépolyées. Le sapin de mon rêve a un aspect froid, inaltérable. Il est certes puissant mais je n'ai pas l'impression qu'il veut communiquer sa force. Mon sapin n'a rien d'accueillant, de bienveillant, il est satisfait de lui-même, de sa droiture impeccable et de sa cime qui domine tout le jardin. Et ce sapin me fait penser aux arbres sur les pentes enneigées des montagnes. C'est pourquoi j'y vois la raison, la logique, les solitudes intellectuelles altières, et c'est pourquoi il est naturel que la lavande meure à son pied. Elle a besoin de chaleur et de soleil.

Je ne sais pas quoi faire du lilas. Il végète depuis des années dans le fond du jardin, mais dans mon rêve il est en fleur. Il est frêle encore mais je sens qu'il va s'épanouir et se développer.

Des sentiments sur le point d'éclore ? Peut-être.

Pour répondre à ta question sur ma vie privée, je dirais simplement que je me suis aperçu qu'il y avait des gens intéressants autour de moi, que depuis quelques semaines je prends plus souvent, plus facilement et plus volontiers contact avec les autres, que je leur porte intérêt, et que les discussions qui en résultent m'apportent beaucoup, et pas seulement sur le plan purement intellectuel de l'échange d'idées. Chose inouïe : je prends régulièrement plaisir à être en la compagnie de deux ou trois personnes (qui pourraient éventuellement devenir des amis).

J'ai quitté les solitudes glacées et tranquilles, je m'avance vers la vallée et je trouve des arbres et des plantes au lieu de la neige.

Enthousiasmant, tout ça.

Philippe : Heureux !

Tant pis pour le 1er rêve, peut-être as-tu raison d'ailleurs. L'essentiel est que tu sois sortie de ton isolement, je ne saurais trop que t'encourager dans cette voie. Sont-ce nos interprétations qui , quoiqu'en dise Alain, étaient plus ou moins concordantes, et t'ont fait évoluer ? Ce serait formidable qu'internet aie pu remettre quelqu'un sur les rails d'une vie plus saine. As-tu eu des conseils extérieurs? En tout cas, je suis très heureux pour toi!!!

Alain : Sapin !!?!

Bonjour Auqmn,

Voici ce que je pense de tes derniers rêves. Puisque tu veux le savoir. Je ne voudrais pourtant pas te mélanger, tu n’auras qu’à rejeter ce qui ne fait pas ton affaire.

La lavande est une fleur d’une couleur bleue et tu la plantes partout dans le jardin. Le bleu fait généralement référence à la fonction pensée (je continue de penser que c’est ta fonction dominante, mais n’en faisons pas de cas). C’est comme si tu voulais, en en plantant partout, mettre de la pensée partout. C’est-à-dire, comme si tu voulais tout comprendre de toi par la raison. Or, le sapin ne se laisse pas approcher. Celui-ci est bien planté, grand et fort. Il est aussi vert foncé et presque noir. Ce pourrait être une image de l’animus… Un peu comme tu as vu ces hommes forts du rêve précédent. J’ai l’impression que tu ne peux rejoindre ton animus par ta pensée. Sans connotation sexuelle, le sapin est d’une forme phallique, mâle. Tu vois qu’il est bien planté et toujours présent, mais, comment l’approcher ? Pas par la pensée…

Le lilas pourrait être les sentiments tendres et ceux-ci sont dans une lutte sans fin avec la pensée. Ils se laissent approcher davantage que le sapin, et cette lutte montre qu’à tout le moins tu t’attaques au problème de tes sentiments. Je pense qu’ici je rejoins l’idée de Philippe qui suppose un progrès en ce sens.

La forme carrée de ton jardin et la terre montrent que tu es maintenant dans le concret, le terre à terre. Tu as commencé à cultiver ta terre de l’autre rêve. Ce sont des fleurs, des arbustes et des arbres, mais c’est tout de même un très bon début. Des choses deviennent concrètes.

Auqmn : Lavande!!?!

Bonjour Alain,

Je vais creuser ton interprétation sapin-animus qui me paraît très intéressante, mais pour l'association lavande-pensée, je ne suis pas d'accord. Tout d'abord la lavande de mon rêve n'est pas bleue, elle est mauve. Et le vert grisâtre de la tige compte autant. Sa couleur n'est qu'une caractéristique secondaire, ce qui importe c'est le parfum qu'elle dégage. Elle évoque pour moi la Provence, le soleil, la chaleur, un monde très coloré (je passe tous mes étés en Provence et j'adore cette région). Cela ne cadre pas avec la fonction pensée (alors que le sapin est pour moi l'arbre qu'on trouve sur la montagne dans la neige, dans un monde blanc et noir d'une clarté glacée = pensée, sommets de l'intellectualisation et de l'abstraction). La lavande de mon rêve n'a pas la forme des plants cultivés, c'est une plante sauvage, elle est plus pâle, plus frêle, et pousse en tiges isolées, dans un environnement peu hospitalier. Peut-être est-ce plutôt du lavandin. Et je n'en plante pas partout dans mon jardin. Je plante trois jeunes pousses à 3 endroits distincts. C'est un test, un essai, pour voir si elle va s'acclimater. Tout cela me paraît bien 'timide' et fragile pour être associé à ma fonction pensée (qui est seulement dominante dans mon rapport avec le monde extérieur -persona-, mais pas lorsque je me retire en moi-même), fonction solidement ancrée en moi-même et parvenue à maturité.

Evidemment si ce jardin désigne seulement une partie de moi (la terre inexploitée que je me décide à cultiver) il peut être logique que la pensée soit une nouvelle venue sur ce sol et qu'elle ait à se développer après avoir été transplantée (d'où l'aspect jeune pousse - mais pourquoi sauvage?).

Cependant je n'adhère pas vraiment à cette interprétation, car dans le rêve de la terre noire fertile et inexploitée sur la côte de Seattle (j'aimerais bien savoir ce que cette ville signifie) je voyais l'homme dans un champ de fleurs mauves (j'avais oublié ce passage quand j'ai relaté mon rêve sur le forum). Donc ce sont plutôt la lavande et le lilas que j'associe à cette terre, de préférence au sapin. De plus cette côte fertile ne portait pas un seul arbre.

Qu'en penses-tu ?

Alain : Exprimer sa vraie nature

Bonjour Auqmn,

Effectivement ça change tout. Je pensais surtout à une fleur bleue et que tu en avais mis partout. Peut-être veux-tu mettre dans ton jardin un peu de tes rêves de liberté sauvage, ta vraie nature! Au moins tu essaies des choses. Et comme le dit Philippe tu te rapproches de tes sentiments, l'odeur des fleurs.

Je suis heureux que tu me reprennes. Ça marche les dialogues!!!

Voici une autre lecture: Tu reviens dans le concret, la terre. Tu essaies d'y implanter tes désirs de liberté et d'y exprimer ta vrai nature. Sauvage parce que nouveau et, surtout, naturel. Or, tu te buttes au sapin, à ta pensée rigide et bien implantée. Je suis tenté de dire que ton animus est divisé en deux : le végétal, que tu connais bien et l'animal (instinctif) qui t'est moins connu, mais tout de même sympathique. Tu as davantage le goût d'être toi-même dans ce que tu as de plus naturel et de vivre tes sentiments, tes émotions.

Voici pour le dernier rêve. Tu cherches un cadavre sans avoir peur et cela n’a rien de morbide. C’est que tu cherches une partie de toi qui ne participe pas à l’ensemble de ta psyché. Tu as donc à le retrouver et à le faire revivre (il n’est pas toujours bon de faire revivre les cadavres, mais il me semble que ta recherche est, ici, nécessaire). Il est d’un grand intérêt que tu le retrouves ! ! !

Or, ton oncle (le frère de ton père ou de ta mère ?) demande à ce que vous mourriez par le vin. La recherche du cadavre semble donc passer par un genre d’initiation où tout ce qui est conscient (tu connais tous les gens impliqués) doit à tout le moins s’endormir. C’est une mort symbolique. C’est peut-être qu’à quelque part l’inconscient prend maintenant le contrôle pour t’amener plus loin en toi et recréer un nouvel équilibre. C’est un peu déséquilibrant pour le conscient, pour un temps. Le vin et la viande font penser au sang et au corps du Christ. Celui-ci a été sacrifié pour libérer le monde. Manger son corps et son sang est un genre de participation mystique où l’individu se transforme.

Cette mort est suivie d’une renaissance, Noël ! Et là, tu retrouves tous ceux que tu aimes, la totalité de toi-même.

Je pense que tu ne crois pas tellement à la religion, à Dieu et au Christ. Pourtant, ce rêve a quelque chose de profondément religieux. Rechercher le cadavre me fait penser aux femmes qui allaient au tombeau pour chercher le corps de Jésus. Mais celui-ci n’était pas parmi les morts. Il est vivant, ensuite, par l’eucharistie (chair et sang). Son sacrifice (mort volontaire) nous réunit tous pour une promesse de vie nouvelle. Ne vois tu pas une correspondance directe entre ton rêve et ce que je viens de dire. Je ne fais pas ici une promotion pour la religion, je constate seulement le parallèle. Tu dois trouver que je pousse pas mal… tu sauras me corriger ! Je me demande seulement en quoi tu as balancé tes croyances et ta foi d’enfant, pour tout rejeter en bloc. Car il me semble y avoir là un élément de solution.

Donne m’en des nouvelles !

Auqmn : Religieux ?

Merci Alain !

J'approuve ta lecture de mon geste (planter la lavande) comme retour au naturel, désir de liberté (liberté d'être moi) et tentative de renouer avec les sentiments et les sensations. Je n'avais vu dans le sapin que la pensée rationnelle, mais c'est aussi un aspect de l'animus comme tu le soulignes à juste titre (mais pas l'aspect instinctif qu'il me reste à découvrir et à développer - aspect qui du reste m'est plus sympathique que ce sapin austère).

Je suis également d'accord avec toi en ce qui concerne ton interprétation de mon second rêve (à propos, l'oncle de mon rêve est un de mes oncles maternels), mais j'apporte quelques réserves circonspectes quant au côté religieux que tu en dégages.

>Je pense que tu ne crois pas tellement à la religion, à Dieu et au Christ.

Tu peux écrire 'pas du tout' au lieu de 'pas tellement'. Je ne crois pas en Dieu. Je pense qu'un homme nommé Jésus a existé, mais le Christ comme figure religieuse est un personnage mythique (inspiré de l'homme Jésus). J'approuve certains des préceptes qui lui sont attribués d'un point de vue strictement philosophique. Quant aux religions, je considère qu'elles ont une fonction purement sociale.

>Je me demande seulement en quoi tu as balancé tes croyances et ta foi d’enfant, pour tout rejeter en bloc. Car il me semble y avoir là un élément de solution.

???? Explique-toi mieux s'il te plait.

Quelles croyances et quelle foi d'enfant ?

Alain

Bonjour Auqmn,

Je ne sais pas si on se comprend bien. Je vois une part d’animus dans le sapin, c’est quelque chose que tu connais. Lorsque je parle de l’aspect animal de l’animus, plus près de ses instincts celui-là, c’est lui que tu connais moins bien (les hommes qui se prouvent qu’ils sont des vrais hommes). Celui que tu aimes le moins est celui que tu connais et celui qui t’est sympathique est celui que tu veux connaître. Est-ce que tu l’entendais ainsi ?

Au point de vue religieux, je me demandais seulement si tu n’allais pas à l’église quand tu étais petite et si, alors tu ne croyais pas en Dieu. Je trouve particulier le dernier rêve qui se sert d’un tel symbolisme. N’as-tu jamais cru, ou bien y a-t-il quelque chose de particulier pour que tu n’y adhère plus ?

Auqmn

A propos de l'animus, je t'avais bien compris :

>Celui que tu aimes le moins est celui que tu connais et celui qui t’est sympathique est celui que tu veux connaître.

En effet je n'aime guère le sapin qui fait de l'ombre à ma lavande (aspect connu que j'ai d'ailleurs developpé sciemment), mais j'éprouve de la sympathie pour les jeunes hommes athlétiques (aspect inconnu jusqu'à présent).

>Je trouve particulier le dernier rêve qui se sert d’un tel symbolisme.

Moi aussi !

Je ne suis jamais allée à l'église (sauf pour deux enterrements) car mes parents sont athées. Je n'ai jamais cru en Dieu. Je ne crois pas avoir eu l'idée, étant enfant, qu'un dieu puisse exister. J'ai découvert très jeune et avec beaucoup de plaisir les mythologies égyptiennes et grecques, l'hindouïsme, les religions des civilisations précolombiennes, et je trouvais en comparaison les mythes chrétiens bien fades. Les quelques aperçus que j'ai eus de l'Ancien Testament et de la mythologie juive ne m'ont pas beaucoup plu. Je n'ai toujours qu'une connaissance très superficielle de la Bible (je sais que c'est une lacune importante dans ma culture générale mais je n'ai aucune envie d'y remédier). Enfin j'ai joué avec le concept philosophique de Dieu vers 18 ans, mais il s'agissait d'un dieu comme principe physique d'énergie, définitivement hors de portée de l'homme, sans interaction possible, un dieu sans conscience de lui-même au sens humain du terme et sans influence sur les affaires humaines.

Bref une idée de dieu exempte de sentiments religieux. Je crois qu'aucun des dieux des grandes religions humaines n'existe. Et s'il y a 'autre chose' cela m'est égal et n'a aucune incidence sur ma vie et la façon dont je la mène.

Et tu persistes à voir un aspect religieux dans mon rêve ? :-)))

Alain : Contact du divin

Je n'ai jamais connu de vrais athées. Ceux que je connais qui disent l'être, sont en fait des gens qui ont viré le dos à la mentalité de l'Eglise. Ils y ont vécu tant de frustrations de toutes sortes, qu'ils en ont perdu le sentiment religieux et la foi.

Si il y a vraiment du religieux dans tes rêves (on verra par les prochains rêves), c'est que tu as atteint une couche bien profonde de la psyché. C'est ce que Jung appelle l'inconscient collectif. En touchant à de grands symboles (Chrétien) tu fais l'expérience du numineux (du divin en toi), c'est-à-dire, que tu t'approches du Soi, de la totalité psychique. Psychologiquement, Dieu n'est qu'une appellation pour désigner le Soi, le centre et la totalité de l'être. Bien des Chrétiens voudraient faire cette expérience du numineux, c'est-à-dire, d'un contact direct avec le divin en eux. Cette définition n'enlève rien à Dieu s'il existe, mais à quelque part il est aussi une représentation commune à ceux qui font l'expérience du tout en eux. Comme disait Jung, que Dieu existe ou non, il est. On le retrouve partout quelles que soient les croyances de chacun, il est une représentation de ce que peu d'êtres ont vraiment pu faire l'expérience, une image du tout.

Alors, attendons les prochains rêves!!!

Philippe : surprenant !!

Ma chère Auqmn, tu es surprenante, tu te dis agnostique si j'ai bien compris, et tes rêves sont truffés d'images du divin, cela devrait te porter à la réflexion.

Personnellement, je pense qu'il y a en nous un instinct spituel au moins aussi fort que les pulsions plus classiques décrites par Freud. Si je puis me permettre, tes rêves l'attestent!

Auqmn : dieu et le Soi

Je crois qu'il y a eu un malentendu sur les termes 'Dieu' et 'religieux'.

Quand je mets en question l'aspect religieux de mon rêve, je veux dire qu'il me paraît inconcevable que je manifeste un quelconque intérêt pour les dieux des diverses religions et pour l'idée de l'existence d'un dieu 'extérieur'. Si au contraire il s'agit d'une quête spirituelle au sens de la réalisation du Soi (la quête du dieu intérieur comme symbole du Soi, symbole d'une totalité transcendant la conscience), je suis parfaitement d'accord avec toi, Alain.

Et en réponse à Philippe, je ne dénie pas l'existence de cet 'instinct spirituel' en moi (si tu veux appeler ainsi une aspiration à connaître la totalité de l'être), mais cela n'a rien à voir avec le fait que je sois athée ou agnostique. Les dieux qu'imaginent les hommes sont une projection du Soi. Savoir si le Soi est réciproquement une projection de Dieu est définitivement hors de notre portée.

Alain

C'est exactement de cette façon que je l'entendais. J'espérais que tu le perçoives ainsi. Loin de moi l'idée de te convertir...!

Philippe

bonjour chère Auqmn, je vois que tu as adopté la position officielle de Jung, celle qu'il affichait vis à vis des autres scientifiques.Permet moi de te poser une question. As-tu lu la critique de la raison pratique de Kant ? si oui qu'en penses-tu ?

Ne crois tu pas que le principe d'individuation implique qu'il y ait une continuité de l'être après la mort physique ? Sinon à quoi bon chercher à évoluer s'il n'y a ni critère d'évaluation (Dieu) ni continuation. Chercher la sagesse pour finir en poussière, est ce que cela a un sens?

Auqmn : Prosélytisme

Débattre de métaphysique me semble déplacé sur ce forum.

Kriss : Jung a écrit

je ne sais pas si cette pensée de Jung peut concourir à enrichir le débat, les progressions de l'argumentation ne sont pas forcément linéaires...

L'âme est à Dieu ce que l'oeil est au soleil (Jung - L'âme et la vie)

Philippe : bien sûr !!

Bravo, Kriss pour cette belle citation, bien sûr le spirituel fait partie intégrante de la vie de l'âme.

Chère Auqmn, tu semblerais vouloir compartimenter le spirituel, l'éros et autres pulsions, or, à mon avis elles forment un tout, sinon il n'y aurait pas de Soi.

L'individuation ce n'est pas seulement évoluer dans sa propre psyché, c'est aussi mieux comprendre l'ordre du monde, mais ça n'est qu'un avis personnel.

Christian : Sapin, ma mère

Ton analyse est intéressante Alain, et je ne la rejette pas. Néanmoins, j'aimerais qu'Auqmn essaie d'analyser son rêve en faisant l'hypothèse que le sapin c'est .... sa mère ! Je dis bien sa mère. Juste pour voir si ça apporte quelque chose.

Auqmn : Sapin

Je veux te parler du sapin - ma mère.

Dans le rêve avec la lavande, cela ne m'aide guère mais avant ta remarque le sapin m'avait fait pensé à ma mère dans un rêve que je t'avais décrit : cela commençait par un voyage en traîneau, un chien épuisé, puis on se retrouvait à 4 pour déjeuner sur un rocher sous un grand arbre, et parmi nous il y avait une petite fille. Notre étape suivante était le point de départ du périple de la petite fille, situé à l'extrémité gauche du diamètre horizontal d'un cercle qui représentait notre parcours. Je te disais que cette petite fille était liée au 'monde des fées'. Il y avait un côté féminin et maternel dans tout ça. Cet endroit qu'il nous fallait atteindre et d'où elle était partie, je l'ai dessiné aujourd'hui.

J'ai commencé par dessiner l'enfant (2-3 ans) assis sagement dans une poussette, puis un pilier en pierre juste derrière, et une haute grille de fer forgée, étroite, avec des pointes, plus haute au centre que sur le bord. En fait il n'y avait qu'un pilier et qu'un battant. A gauche, à la place du pilier manquant, il y a un grand sapin. Grand, que dis-je ? Immense, imposant, puissant. On devine son tronc noir et droit à travers les branches tombantes qui effleurent le sol. Une silhouette noire se glisse entre les branches vers l'enfant qui attend. C'est une 'fée', un esprit, un fantôme, pas un être humain. Elle flotte au dessus du sol, elle n'a pas de visage, seulement des taches blanchâtres dans une forme ovale sombre (elle me fait penser au tableau Le Cri d'Edward Munch). Je n'ai pas pu peindre la scène, mais les couleurs étaient vert sombre, noir et gris. Le pilier marque l'entrée d'un parc, d'un vaste domaine, plein de sapins, d'ifs, de forêts denses et sombres, de rochers abrupts, de sources cachées sous la mousse, d'eau froide et pure qui court sous la pénombre des arbres. C'est un monde peuplé de 'fées', figures longilignes et fines comme des algues, aux longs cheveux sombres et raides comme des herbes folles, avec des faces blanches vides (sauf les yeux), qui se déplacent en flottant, esprits d'une nature vierge, sauvage et impénétrable, figures protectrices mais pas bienveillantes, détentrices d'un mystère primordial. C'est mon monde originel, en quelque sorte.

J'ai contemplé mon dessin, étonné de la fascination qu'il exerçait sur moi. Brusquement je me suis sentie très bizarre, ébranlée dans les fondations de mon être, j'avais envie de rire, de pleurer, de tournoyer sur place et de marcher sur les mains. Ce n'était pas vraiment pénible mais pas très plaisant non plus. Quelque chose s'agitait en moi. Au bout de 3 à 4 secondes, cela s'est estompé. J'ai écrit les idées qui m'étaient venues (retranscrites plus haut) et mon écriture était légèrement penchée sur la gauche, alors qu'en général mes lettres sont bien verticales. Puis je me suis dessinée en train de caresser le museau du cheval bai et l'incident fut clos.

Ce qui me dérangeait le plus dans mon dessin, c'était l'absence du second pilier et du second battant. Je ressentais cela comme un manque, une asymétrie blessante.

Je n'arrive pas à interpréter cela. Quel est le pouvoir, le secret de ces 'fées' ? Pourquoi n'ont-elles pas de visage? Pourquoi cette nature est-elle oppressante ? Elle est vivace et luxuriante, fertile, mais trop dense. Elle semble être là à la fois pour cacher et pour exprimer quelque chose d'essentiel. Et puis tout est froid et sombre. J'ai peut-être vécu là mais j'en suis partie pour toujours. D'ailleurs dans le rêve avec la petite fille, nous allons seulement jusqu'au pilier qui marque la frontière de ce monde. Nous ne nous aventurerons pas dans ces futaies. Curieusement, il n'y a pas d'animaux, dans ce monde interdit. Seulement la flore.

Je n'y comprends rien.

Christian : Sapin, ombre de la mère et non phallus du père

Mon hypothèse sur la nature féminine, maternelle, du sapin me paraît importante. Je ne crois pas à la lecture phallique d'Alain et au sapin-animus (pour d'autres peut-être, mais pas pour toi, pas dans ce rêve et pas en ce moment). Plus j'y pense, plus je me dis que voir dans ce sapin un symbole phallique ou une image de l'animus est un contresens.

Ce sapin, c'est l'ombre de la mère, l'image austère, certes majestueuse, mais surtout sombre et rigide, que te donne la mère pour que tu te construises.

Le buisson de lilas, avec sa nature sauvage, indomptée et fleurie, me semble un meilleur tuteur pour grandir, même si un jour le plant de lavande grandissant que tu es finit par entrer en conflit avec celui-ci.

Par contre ton association avec la fonction pensée me paraît plus lumineuse, et je voudrais qu'on progresse un peu dans l'analyse de cette fonction en relation avec ton image de la mère (souviens-toi, la femme et le docteur passe-muraille qui avaient abandonné l'enfant dans les neiges éternelles). Je crois qu'il y a là un nœud qui te fait mal, mais je ne suis pas capable de le dénouer tout seul et à distance qui plus est. Toi, petite fleur (j'aime t'imaginer en plant de lavandin), l'ombre de ta mère t'empêche de pousser et de t'épanouir. Accroche-toi à mon bras et faisons quelques pas vers cette nature oppressante dominée par les fées sans visage, vers cette nature humide, végétale, sombre et froide. Faisons un pas vers ces futaies. Ne forçons pas le mystère, respirons juste un petit coup pour nous imprégner de l'odeur de l'humus et nous habituer à elle. Voilà, on reste calme !

Auqmn

J'ai rêvé de ma mère cette nuit, mais je ne me souviens que d'une seule scène (ce matin j'avais l'esprit très occupé par le métabolisme cellulaire et mon examen de génie biochimique).

Voilà ce dont il s'agissait : je faisais du patin à roues alignées devant ma mère qui me regardait. L'endroit n'était pas très approprié : c'était une sorte de piste en forme de S à l'envers, avec une forte pente entre deux zones plates, un revêtement rugueux et des graviers dans les passages les plus inclinés qui étaient aussi des tournants brusques. Bref, pas moyen de prendre de la vitesse, ou alors il faut pouvoir s'arrêter quasiment sur place (ce qui en patin à glace ne pose guère de problème, mais en patin à roues alignées c'est plus délicat).

Ma mère tenait à ce que j'exécute une figure particulière - que je savais bien faire - mais à cause du terrain de mauvaise qualité je ne réussissais pas parfaitement. Autour de la piste, il y avait de hautes herbes, jaunes, sèches. C'était vraiment un endroit désolé. Je montais et redescendais le S à plusieurs reprises, manquant de tomber régulièrement, n'y prenant pas vraiment plaisir. A un moment, arrivée sur le palier supérieur, j'ai failli plonger en contrebas (je me suis soudain trouvée devant un talus abrupt qui descendait jusqu'au palier inférieur). La paroi était de terre ocre, rougeâtre, et je l'associais à un cratère créé par l'explosion d'une bombe. Je m'étais arrêtée au dernier instant. La chute n'aurait pas été bien grave (quelques mètres) mais je me disais que décidément ce n'était pas un endroit pour faire du patin.

Bizarre. Dans ce rêve ma mère ne dit rien, elle est complètement passive, assise dans l'herbe, mais je fais tout ce cirque pour elle, au risque de me casser la figure. Et le lieu est presque sinistre. Jaune, ocre, gris. Mort. Du gravier, du goudron blanchi, des herbes sèches. Je voudrais prendre de la vitesse, m'élancer, foncer, mais c'est dangereux ici. Je suis à l'étroit. Je ne proteste pas pourtant.

S'agit-il de ma relation avec ma mère réelle ou avec l'image de la mère en moi ?

Parce que je n'ai vraiment pas l'impression de faire ce que ma mère attend de moi. A vrai dire, je ne sais même pas ce qu'elle attend de moi. Je crois qu'elle veut que je sois heureuse, c'est tout. Elle n'a jamais émis d'opinion sur "ce que je devrais faire plus tard", sur mon orientation, ma décision d'aller en prépa, d'intégrer telle école, de partir au Canada. Je n'ai pas vraiment consulté mes parents sur ces sujets. C'était ma décision.

Je discute plus avec mon père qu'avec ma mère. Quand nous nous lançons dans de grands débats, elle n'intervient pas et se contente de nous écouter. Mais elle sait toujours ce que je ressens. Si je suis triste ou que quelque chose m'a ébranlée, elle le sait alors que mon père ne remarque rien. Il y a plus d'un an nous (mon père, mon frère et moi) avons eu une discussion acharnée de plusieurs heures sur Dieu et la justice (le point de départ était l'attitude mon frère lors d'un repas de famille où il avait fait preuve d'un athéisme agressif et intransigeant, ce qui m'avait mise mal à l'aise, et puis nous avions dévié sur d'autres sujets, en particulier la justice, l'éthique et à titre d'exemple ce que j'aurais dû faire quand j'étais aspirant pour faire bon usage de l'autorité dont j'étais investie). La discussion a été interrompue car nous avions à faire chacun de notre côté, et je me suis sentie brusquement émue aux larmes. Je n'en avais pas encore laissé couler une seule que j'ai senti la main de ma mère sur ma nuque. Elle savait. Et d'ailleurs elle avait aussi des larmes dans les yeux. Je n'ai toujours pas compris pourquoi j'ai pleuré ce jour-là, mais je trouve que c'est un bon exemple de l'empathie qui existe parfois entre ma mère et moi. Je dissimule sans difficulté mes sentiments à mon père et à mon frère, mais pas moyen de les cacher à ma mère.

Elle ne parle presque jamais d'elle-même. Cela paraît absurde mais nous connaissons mal ses goûts. Nous n'osons pas lui offrir de cadeau qu'elle n'ait approuvé auparavant de peur de lui déplaire. Elle est toujours à se priver, à se sacrifier pour les autres. Elle s'occupe de sa mère avec une abnégation incroyable, sans jamais se plaindre, même à nous (cela lui prend beaucoup de temps, et elle en passe déjà énormément à préparer ses cours et à corriger les monceaux de copies qu'elle récolte chaque semaine). Ma mère, c'est le Devoir incarné. Il ne reste jamais de temps pour le plaisir. Elle ne va jamais au cinéma (sauf si le film est susceptible d'être intéressant pour ses élèves et qu'elle projette de les y emmener). Quand nous habitions dans le Nord, elle avait deux amies. Maintenant elle n'en a plus (elle s'est détachée peu à peu d'une amie qu'elle avait connue à la fac et qui habite près de chez nous. Nous la recevons avec sa famille régulièrement, mais cela n'apporte plus à ma mère le même plaisir qu'il y a 10 ans).

Elle aime lire, marcher dans la nature et ne rien faire (mais elle ne s'octroie jamais de pause, même en vacances elle prépare ses cours ou alors il faut repeindre les huisseries extérieures de la maison, etc.). Elle aime que tout soit organisé et prévu à l'avance. Elle est maniaque de l'ordre (moi aussi). Elle n'aime pas rencontrer de nouvelles personnes. En dehors de son travail, elle ne voit que les membres de sa famille (du côté de ma mère, heureusement, tout le monde s'entend à merveille et on aime se retrouver ensemble, on s'entraide, les relations sont très chaleureuses, et on rit toujours beaucoup).

La scène aride de mon rêve me semble l'antithèse du monde végétal, luxuriant, vert sombre, boisé et humide, dont je te parlais récemment.

C'est plutôt confus, toutes ces réflexions sur ma mère jetées au hasard. Je ne saisis pas encore très bien comment elle me fait de l'ombre.

Pourquoi écrivais-tu "on se calme" ?

Comment fais-je pour aller respirer l'odeur de l'humus ? Comment y entrer, dans ce monde des fées froides, dans ce monde à la flore oppressante ?

Christian : L'ombre de la mère

Je constate avec plaisir la cohérence entre le rêve de ta mère et le fait que j'ai posé le problème de ta mère à propos du sapin. Il est clair pour moi, que ce sapin auprès duquel le plant de lavandin que tu es ne peut s'épanouir, c'est l'ombre de la mère et non le phallus du père. Reste à savoir pourquoi. Commences-tu à sentir le fil d'Ariane qui circule entre ce que tu rêves, ce que tu vis et ce que nous échangeons ? Les faits et les idées se renvoient des échos. Sens-tu ces correspondances, ces synchronicités ? Le dedans et le dehors communiquent.

Voyons ton rêve de cette nuit. Laisse-moi entrer dedans et résonner en lui. Allons, grâce à lui, à la rencontre de la mère.

Le regard de la mère ! Ce n'est pas rien. Tu évolues sous le regard de la mère, tu te livres à des acrobaties imposées sur un circuit imposé dans un pays de désolation et de sécheresse affective, avec aux pieds des patins inadaptés qui te privent de souplesse et te rendent malhabile. A jouer ainsi au chien de cirque, tu risques à tout instant de faire une chute et donc de perdre la face sous l'œil de la mère. Et puis tu as raison, ces exercices, dans un tel environnement, sont absurdes et morbides.

" S'agit-il de ma relation avec ma mère réelle ou avec l'image de la mère en moi ?" demandes-tu. Les deux évidemment ne coïncident pas exactement mais ne sont pas non plus indépendantes. L'une, ta mère, a servi de support projectif à l'autre, la mère.

" Parce que je n'ai vraiment pas l'impression de faire ce que ma mère attend de moi. A vrai dire, je ne sais même pas ce qu'elle attend de moi. Je crois qu'elle veut que je sois heureuse, c'est tout. Elle n'a jamais émis d'opinion sur "ce que je devrais faire plus tard", sur mon orientation, ma décision d'aller en prépa, d'intégrer telle école, de partir au Canada. Je n'ai pas vraiment consulté mes parents sur ces sujets. C'était ma décision."

Je ne doute pas un instant de tout cela. Mais on touche là des choses plus profondes que celles-ci, et l'inconscient comme son nom l'indique est ... inconscient. On est bien au-dessous du niveau des relations objectives avec tes parents. Tu portes en toi une image de la mère, de ta mère, et tu as une relation profonde, obscure, inconsciente avec elle, puisque tu attaches tellement d'importance à son regard. Cette image de la mère, on l'aperçoit plus loin.

Elle sait, elle sent, elle partage avec toi l'émotion, son domaine c'est l'Eros non le Logos (je suis ton récit, me suis-tu ?), oui l'empathie existe entre vous deux. Tout cela me paraît formidable et très sain.

La suite (j'espère ne pas te choquer, car ce n'est vraiment pas mon but) me paraît beaucoup moins saine et propre à te fournir le tuteur sur lequel t'appuyer pour grandir, petite fleur. Relis ta description :

"Elle ne parle presque jamais d'elle-même. Cela paraît absurde mais nous connaissons mal ses goûts. Nous n'osons pas lui offrir de cadeau qu'elle n'ait approuvé auparavant de peur de lui déplaire. Elle est toujours à se priver, à se sacrifier pour les autres. Elle s'occupe de sa mère avec une abnégation incroyable, sans jamais se plaindre, même à nous (cela lui prend beaucoup de temps, et elle en passe déjà énormément à préparer ses cours et à corriger les monceaux de copies qu'elle récolte chaque semaine). Ma mère, c'est le Devoir incarné. Il ne reste jamais de temps pour le plaisir. Elle ne va jamais au cinéma (sauf si le film est susceptible d'être intéressant pour ses élèves et qu'elle projette de les y emmener)."

Ta mère est un sapin : sombre et austère, le fût le plus droit de tous les arbres. Modèle d'abnégation, ce portrait est celui d'une sainte, est-il celui de la femme épanouie que tu veux être ? C'est celui qui t'a été donné par la nature pour te construire. Veux-tu ressembler à ta mère ? Certes, je comprends et j'approuve que tu l'admires et que tu l'aimes profondément, mais le modèle de femme qu'elle incarne pour toi te convient-il ou aspires-tu, même confusément, à être autre chose. Et ce modèle que tu refuses par certains côtés au fond de toi, ne l'incarnes-tu pas tout de même par certains de tes traits de caractère et de tes comportements ? Où prends-tu ton plaisir ? Organises-tu ta vie par rapport à ton plaisir ? N'es-tu pas, toi aussi, à ta manière, une femme de devoir ? Ne subis-tu pas la tyrannie de ton devoir au point d'être capable de t'ennuyer à en mourir ? Aimes-tu l'improvisation ? Vas-tu naturellement au-devant des autres personnes ? Sens-tu, à travers ces questions, le regard de la mère ? C'est ce regard qui te fait de l'ombre. Par contre, tu as en toi le sentiment qu'auprès d'un buisson de lilas tu pourrais mieux grandir, tu te sentirais pousser des ailes. Ah, le buisson de lilas ! plante sauvage et naturelle, avec des fleurs qui sentent bon le miel et la gaieté. Certes le buisson brouillon n'a pas la majesté austère du sapin, mais lui respire la joie de vivre.

Comprends-tu mon langage ?

" La scène aride de mon rêve me semble l'antithèse du monde végétal, luxuriant, vert sombre, boisé et humide, dont je te parlais récemment." Les choses ne sont pas incompatibles. Le 'monde végétal, luxuriant, vert sombre, boisé et humide' me paraît se rapporter tout à fait à la prégnance exercée par l'image de ta mère dans ta profondeur obscure et humide

Auqmn

La cohérence entre nos échanges et mes rêves est en effet flagrante, mais je n'en ai jamais douté.

Puisque mon conscient se préoccupe de l'influence que ma mère exerce sur moi, il me semble logique que mon inconscient se manifeste sur le sujet, d'autant plus qu'il est "brûlant". Et le dessin a trouvé des échos insoupçonnés en moi, au niveau de l'inconscient, qui ont sans doute activé quelque chose. (J'aimerais bien comprendre ce qui m'est arrivé pendant ces 3 ou 4 secondes).

Quand je t'ai décrit ma mère, j'ai essayé d'être objective. Bien sûr j'admire certains aspects de sa façon d'être, mais je ne veux pas lui ressembler (ce n'est pas une découverte récente). Si mon père, mon frère et moi n'étions pas là, elle serait épouvantablement seule et je me demande si elle pourrait être heureuse. Ce n'est pas sain du tout de se consacrer exclusivement au devoir et au bien-être des autres. (Tu comprends peut-être mieux maintenant pourquoi je te disais que je ne voulais pas être mère parce que je voulais exister pour moi-même.) Je veux avoir une vie plus équilibrée. Mon père "fait son devoir" spontanément, selon son inclination naturelle, je ne sens pas en lui cette volonté formidable qui érige des digues et trace des routes au cordeau au mépris du paysage. Je veux plus ressembler à mon père qu'à ma mère. Mais inconsciemment c'est ma mère que j'imite ! Si je m'en rends compte et que je refuse de faire ce qui m'apparaît comme un devoir (mais n'en est pas forcément un), je me sens coupable.

Le regard de ma mère dans mon rêve, c'est la façon dont je me juge selon les critères qu'elle m'a inculqués (inconsciemment, sans doute), n'est-ce pas ? Comment m'affranchir de ces règles, comment échapper à l'ombre de ma mère-sapin très droit ? Je ne suis pas sûre d'ailleurs que ce soit auprès d'un buisson de lilas qu'il me faille grandir. Le lilas est aussi une plante que j'associe à ma mère (je crois que c'est sa plante préférée). Dans mon rêve il y avait un conflit potentiel entre la lavande et le lilas. C'est la troisième pousse de lavande qui s'épanouissait le mieux, sans entrave, sans autre plante à proximité.

Mes rêves de cette nuit ne semblent avoir aucun rapport avec ma mère. Je ne les comprends pas du tout.

1. Je suis un cours. Le professeur est un jeune homme sympathique et familier. Nous sommes moins d'une dizaine d'étudiants. Le cadre est très informel. Il est question de l'usage que l'on peut faire du calcium radioactif. Je me rappelle une application en immunologie mais mon souvenir est vague. Le prof développe. Puis il est question de l'utilisation du Ca radioactif en relation avec les lithocoques. Une jeune femme semble bien maîtriser le sujet car il s'applique à elle-même (elle souffre d'une maladie spécifique). Nous étudions des données expérimentales sur un graphique. L'information que nous cherchons nous est fournie par une rupture de pente après lissage des données.

2. Une camarade de collège (à qui je n'avais jamais songé en 10 ans) me dit qu'elle voudrait bien aller avec moi à la piscine car elle adore nager mais qu'elle n'ose pas car elle ne connaît pas les 3 garçons qui nagent avec moi. Je lui réponds que je ne les connaissais pas non plus avant, qu'elle n'a aucune raison de les redouter et que de toute façon nager est une activité solitaire. Cela ne la convainc pas. Je ne la comprends pas.

3. Je suis sur le point de quitter l'école où j'ai passé mon primaire (je ne sais pas pourquoi j'y étais revenue). En décrochant mon manteau de la patère je rencontre mon ancienne institutrice qui me dit qu'elle voudrait savoir d'où je tenais le mot "tintinabuler" que j'avais employé à l'âge de 6 ou 7 ans. Je lui explique que j'avais appris ce mot dans une chanson de Greame Allwright que je me mets à lui chanter.

4. Je sors de l'école en compagnie d'une jeune fille, il fait très beau, c'est un après-midi d'été, des gens sont installés sur la pelouse, ils ont même planté des tentes, l'atmosphère est festive. Je m'étonne que mes parents ne soient pas là et j'ai un peu honte qu'ils nous fassent attendre, ma camarade et moi. Je remarque un écureuil à côté de moi, je l'appelle, il vient et se laisse caresser. Je le prens dans mes bras et c'est soudain un animal de plus grande taille (une marmotte). Je caresse son dos brun très doux. Il me mordille les doigts sans me faire mal, pour jouer. Cela me fait plaisir d'avoir cet animal dans les bras.

C'est l'histoire du calcium radioactif qui m'intrigue le plus. Association immédiate : calcium-lait. Quand j'étais enfant on me disait que je manquais de calcium et que je devais boire du lait, mais j'avais horreur du lait et refusais d'en boire. Mon dégoût du lait est quelque chose que j'associe à ma mère, sans pouvoir me l'expliquer. Je l'ai également perçu comme une anomalie parfois douloureuse qui m'éloignait des autres enfants et que je taisais. Et les lithocoques ???

Christian

La cohérence entre nos échanges, tes rêves et ce que tu vis, cette cohérence que tu trouves naturelle, beaucoup te gens seraient en droit de te l'envier, car c'est assez exceptionnel ce que tu vis, ne l'oublie pas. De plus, tu m'as très bien compris, mieux que ce que j'ai pu l'écrire. Ta capacité de compréhension, au quart de tour, de ce que je peine à t'expliquer, me fascine.

On est donc parfaitement en phase : l'ombre de ta mère t'empêche de grandir et de t'épanouir. Avoir fait ce constat et l'accepter est une avancée importante sur laquelle tu vas pouvoir construire. Continue à progresser dans ta prise de conscience et petit à petit les choses se mettront en place d'elles-mêmes. Ce n'est qu'ainsi que tu briseras le cercle vicieux du devoir et de la culpabilité. Tu y arriveras ma fille, même si a priori tu n'en as pas trop le goût, Saliere fera de toi une vraie mafiosa. :-))) Ton évolution passe par là, tu dois défier la loi, tu dois t'affranchir de la loi pour que le regard de la mère, c'est-à-dire l'œil qui était dans la tombe et qui regardait Caïn, abandonne la tyrannie qu'il exerce sur toi. Laisse faire ton cheval, aime-le et laisse-toi aimer par lui. Ose la sensualité, monte-le à cru, et galopez en liberté en pleine nature, vous méritez mieux que de faire du manège.

Tu ne veux pas imiter ta mère, je te comprends. Tu veux exister par toi-même, j'applaudis à deux mains. Tu en déduis que tu ne veux pas être mère, je te réponds que ton raisonnement est déconnant. La preuve, c'est que je connais des milliers de vieilles filles complètement ratatinées et recroquevillées sur elles-mêmes que la maternité aurait bien décoincées. Le problème n'est pas d'être mère ou de ne l'être pas, mais celui de savoir comment l'être ou comment ne l'être pas. Qui a dit qu'être mère requerrait un sacrifice total, un oubli de soi ? C'est absurde. Une bonne mère doit apprendre à son enfant que l'autre existe aussi pour lui-même, elle doit trouver un équilibre entre se donner et se respecter. Refuser d'être mère est une solution de facilité pour éviter d'avoir à prendre des risques pour trouver cet équilibre délicat. Serais-tu une dégonflée ? :-)) Tu m'avais paru plus vaillante :-p. Ose la vie, Auqmn, ose.

Je n'entre pas facilement dans tes 4 rêves. Je ne sais pas ce qu'est un lithocoque, il y a bien lithos qui m'intéresse mais je ne sais pas aller plus loin. J'aime bien la scène de l'écureuil, puis de la marmotte qui te titille le bout des doigts pour éveiller tes sensations et stimuler ta sensualité.

Auqmn : Imagination active ?

> Tu ne veux pas imiter ta mère, je te comprends. Tu veux exister par toi-même, j'applaudis à deux mains. Tu en déduis que tu ne veux pas être mère, je te réponds que ton raisonnement est déconnant.

Non, je n'en "déduis" pas. S'il s'agissait seulement d'un refus rationnel, d'une démarche logique, le problème serait vite résolu car il est aisé de démontrer l'absurdité d'un tel "raisonnement" ! Mais il ne s'agit pas d'un raisonnement, du moins pas au niveau conscient. Et c'est pourquoi, comme tu le sais parfaitement d'ailleurs, ce n'est pas une brusque prise de conscience qui va résoudre mon problème vis à vis de la maternité et de la féminité en un soudain éclair de clairvoyance.

Mais j'ai fait le premier pas. Le processus d'émancipation est amorcé. Attendons la suite avec confiance.

> Serais-tu une dégonflée ? :-))

Ose me répéter ça en face et non à 6000km de distance et on verra qui est dégonflé ! :-)))

> Je ne sais pas ce qu'est unlithocoque, il y a bien lithos qui m'intéresse mais je ne sais pas aller plus loin.

Je pense que dans mon rêve le terme lithocoque a remplacé celui - réel - de coccolithe (souvenirs de géologie de 4ème sur la formation du calcaire et en particulier de la craie par des micro-organismes planctoniques, mêlés à des connaissances plus récentes de microbilogie où le suffixe "coque" est fréquemment employé en taxinomie). C'est donc cohérent avec le thème du calcium. D'autre part, si je parle de calcium radioactif, en fait dans mon rêve je le désigne toujours par "Ca*" et l'étoile réapparaît plus tard dans la chanson de Greame Allwright dont je ne chante que quelques vers, dont "Écoute les étoiles". Mais je n'ai aucune idée de ce que cela signifie.

Si je ne t'ai pas répondu sur l'imagination active, c'est que je sais pas trop ce qu'il en est. Je me suis penchée sur le concept jungien d'imagination active, mais je n'arrive pas à me décider.

Quand je m'immerge dans mes mondes imaginaires et que je deviens I, A, Y ou C, l'inconscient joue un rôle très secondaire, réduit à d'occasionnelles inspirations. Par exemple s'il m'a fourni l'idée qui est à la base de l'intrigue, c'est consciemment que je bâtis tout le reste, scénario, dialogues, décors, personnages secondaires. Il est bien sûr intéressant de voir comment ont évolué ces intrigues au fil des ans. Quand j'avais 6ou 7 ans, c'était très simple : au début je faisais partie des "méchants" et puis parce que les "bons" me venaient en aide au lieu de me tuer ou à la place des méchants qui m'avaient abandonné (abandonnÉ pas ÉE, car j'étais un garçon) sans scrupules, je passais dans le camp des "gentils".

A présent c'est évidemment beaucoup plus complexe et moins manichéen. Mes histoires sont moins violentes qu'elles ne l'ont été suite à ma phase de misanthropie, et j'évite autant que possible de tuer des gens. Un autre élément où le conscient a peu de part, c'est le choix de l'histoire quand au lieu d'en construire une nouvelle, je décide d'en vivre une déjà bien connue (pas à la lettre, bien sûr, il y a toujours une part d'improvisation).

Parfois je ne sais pas très bien pourquoi j'ai choisi tel personnage et tel épisode. J'ai dans mes "archives" des histoires gaies, tristes, exaltées, sinistres, calmes, sereines, sanglantes, des histoires dans lesquelles le héros vient en aide aux autres ou au contraire a besoin d'aide, des histoires dans lesquelles il est seul par choix, ou se sent abandonné, ou encore dans lesquelles il a des amis sur lesquels il peut compter.

Je ne cherche pas à analyser ces impulsions, je vis les histoires qui me sont désignées et j'y trouve plaisir et apaisement, aussi violentes soient-elles, même si mes héros souffrent (et il y a des cas où je ne les gâte pas).

Parce que je m'accorde cette liberté extrême, parce que je ne juge ni ne réprime ces inspirations, je sais que l'inconscient participe à mes jeux imaginaires. Mais la mise en forme relève exclusivement du conscient.

Et je n'en dis mot à personne, car je sens bien que dans ces mondes, ces personnages, ces aventures, il y a un moi brut, que je ne suis pas sûre de pouvoir regarder en face et que je veux encore moins exposer aux autres.

Il est une caractéristique commune à toutes mes histoires : mes héros ne sont jamais perçus tels qu'ils sont vraiment par les autres. L'écart est important entre leur être véritable et l'image que les autres perçoivent. Ils se trompent toujours - en bien ou en mal - sur le compte de mes héros - lesquels entretiennent ou non l'illusion - et le moment de la révélation, le moment où la vérité se fait jour, est toujours un moment de grande tension que je soigne particulièrement.

Je pense que je pourrais apprendre beaucoup sur moi-même en parcourant mes mondes comme observateur et non comme protagoniste. Cependant je n'ai jamais vraiment tenté l'expérience, et d'ailleurs je crains de ne pas pouvoir être objective. Il faudrait sans doute un regard extérieur, mais je ne suis pas prête encore à te prendre par la main et à te présenter à mes personnages pour que tu les accompagnes dans leurs pérégrinations.

Christian : Ecoute les étoiles

> Non, je n'en "déduis" pas

J'avais bien compris ! Ok ma phrase était mal construite.

> Mais j'ai fait le premier pas. Le processus d'émancipation est amorcé. Attendons la suite avec confiance.

Deviendrais-tu sage et patiente, apte à épouser le rythme intérieur ? intéressant.

> Ose me répéter ça en face et non à 6000km de distance et on verra qui est dégonflé ! :-)))

J'adore !

> la chanson de Greame Allwright dont je ne chante que quelques vers, dont "Écoute les étoiles".

Excuse ma nullité crasse, mais je ne connais pas ce chanteur. Par contre "Écoute les étoiles" évoque pour moi le chemin de Saint Jacques de Compostelle dans lequel les anciens alchimistes nos pères voyaient une représentation allégorique de l'individuation, d'abord parce que Compostelle c'est le champ de l'étoile annonciatrice de la naissance de l'enfant divin (il n'y a pas de bondieuserie dans ce que j'écris, bien évidemment) et ensuite parce qu'ils appelaient ce chemin "la voie lactée" ou la "route étoilée" à cause des étoiles, des signes, des synchronicités qui la jalonnent et qui permettent aux pèlerins de se guider dans leur nuit. Oui Auqmn, soyons attentifs aux petites lumières sur notre chemin.

> Quand je m'immerge dans mes mondes imaginaires et que je deviens I, A, Y ou C, l'inconscient joue un rôle très secondaire, réduit à d'occasionnelles inspirations. Par exemple s'il m'a fourni l'idée qui est à la base de l'intrigue, c'est consciemment que je bâtis tout le reste.

Ton argumentation ne me convainc pas entièrement car dans les expressions de notre conscience entrent beaucoup de contenus inconscients (et on n'en est pas conscient évidemment)

> je sais que l'inconscient participe à mes jeux imaginaires. Mais la mise en forme relève exclusivement du conscient.

Je n'ai jamais pensé personnellement que les produits de l'imagination active étaient de purs produits de l'inconscient. Je crois de plus qu'il ne faut pas abuser de la dichotomie conscient - inconscient.

> Et je n'en dis mot à personne, car je sens bien que dans ces mondes, ces personnages, ces aventures, il y a un moi brut, que je ne suis pas sûre de pouvoir regarder en face et que je veux encore moins exposer aux autres.

Ici se pose le problème de ma virtualité et de mon statut : suis-je réellement un autre ?

> mes héros ne sont jamais perçus tels qu'ils sont vraiment par les autres

L'information me paraît importante, gardons la en mémoire pour interpréter tes rêves. Ce décalage entre la réalité du personnage et la représentation que les autres s'en font me rappelle nos toutes premières interprétations et notamment le 3° rêve du 1° groupe que tu nous a livré avec le prétendu assassin empoisonneur poussé dans le vide depuis le pont. J'ai repensé à ce rêve après que nous en ayons débattu et je n'ai plus eu l'occasion de te dire qu'il évoquait pour moi un "jeu" classique en analyse transactionnelle bien connu sous le nom de "ah, je te tiens salaud !" Ce jeu consiste pour X à pousser Y à la faute de manière à lui faire porter la responsabilité d'une situation, exemple : X femme frigide pousse son mari Y à une faute quelconque de manière à avoir une raison de se refuser à lui et à lui faire porter la responsabilité du refus. (L'allusion à la frigidité est pour les besoins de l'exemple et n'a rien à voir avec le contexte de ton rêve).

Auqmn

Il m'arrive quelque chose d'étrange : je suis en train d'écouter de la musique et d'y prendre un très grand plaisir. Tout a commencé vendredi lorsque j'ai appris que M (qui vient du New Brunswick) ne connaissait Brel et Brassens que de nom. J'ai donc résolu non seulement de lui faire lire leurs textes mais aussi de lui faire écouter leurs chansons et je suis allée puiser dans la collection de fichiers MP3 de mon frère (les seuls CDs que j'ai ici sont le Faust de Gounod et les Totenkinderlieder de Malhler - j'ai dû les écouter 2 fois en un an). Et cet après-midi je me régale avec Brel, Brassens, Leonard Cohen, Ferré, etc (et je n'apprécie pas seulement la beauté des textes). Pour le moins surprenant de ma part. Je n'en réjouis.

Je viens de recommander le site à M et C, deux étudiantes, l'une a fini sa maîtrise, l'autre la commence. Je connais Caroline depuis 1 an et nous sommes assez proches. Je lui ai parlé de mes mondes imaginaires en juin, je lui en ai décrit le principe, et je lui ai même raconté - sans entrer dans les détails - une histoire d'A (ce que je n'avais jamais dévoilé à personne auparavant). Elle me connaît donc assez bien.

Quant à elle, elle m'a souvent parlé de son enfance, de son horrible grand-mère, de sa soeur dépressive, et des sujets qui lui tiennent le plus à coeur. Depuis son retour d'Europe elle se remet en question (elle est au collège des ingénieurs et ce qu'on lui enseigne ne lui convient pas). Elle a l'impression que jusqu'à présent elle n'a jamais fait que ce qu'on attendait d'elle et qu'on l'a trompée sur ce qui était important. Samedi dernier nous avons eu une longue discussion de plusieurs heures, je lui ai parlé de Jung naturellement et comme ses rêves - auxquels elle prête attention même si elle ne les comprend pas - sont particulièrement marquants et semblent refléter un violent conflit intérieur, je lui ai conseillé le forum pour avoir des avis plus éclairés que les miens.

En ce qui concerne M (que je connais depuis 2 mois seulement), elle me raconte ses rêves une fois par semaine et nous passons 2 heures à les décortiquer en rapport avec sa vie réelle. (C'est drôle, les gens me parlent très volontiers de leurs problèmes personnels ; je n'ai jamais sollicité les confidences de M ni celles de C - ni celles de N, Ma, Ch, Ca...).

Christian

> C'est drôle, les gens me parlent très volontiers de leurs problèmes personnels

C'est peut-être drôle, mais c'est caractéristique. Ce n'est pas pour rien que les alchimistes parlaient de "l'aimant des sages", en jouant sur le mot aimant : 'devient aimant celui qui aime'.

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