Billet d’humeur n°15 - 19 décembre 2002
La chaîne des yeux
Tu as posé ton regard sur moi et mon vieux prisme ébréché qui ne laissait passer que les ombres a éclaté en miettes. Deux yeux posés sur moi ; fait banal ! Mais ce regard - le tien - a fait germer en moi un nouveau cristal. Désormais, les couleurs de l'arc-en-ciel illuminent mon ciel intérieur.
Ton regard posé sur moi, je l'entends résonner en mon âme, sa voix murmure : "Je te vois. Je te vois au fond. Mon œil traverse tes boucliers, il perçoit tes peurs, il sourit de tes esquives. Il démasque tes fuites et il devine tes errements. Il sait ta force. Il suscite tes rêves, il anticipe tes intentions, il te soutient dans l'émotion. Il te conduit sur le chemin de la confiance."
Quand tu n'es pas là, ton regard posé sur moi, lui, est toujours là. Il est présence, il est silence, il est amour. Je le porte en moi et, à nouveau, en écho dans mon cœur, j'entends "Viens, viens à loisir, viens puiser en moi ce qui est bon pour toi. Puise, puise tant que tu veux. Plus tu puises, plus tu me nourris. Jamais tu ne m'épuiseras.".
Ton regard posé sur moi a changé mon propre regard que je portais sur moi. Oui, vois-tu, j'ai répondu à ton invitation. J'ai osé laisser mes protections, j'ai osé la transparence, j'ai osé être moi. Nue, oui nue, j'ai pleuré en acceptant mes richesses et j'ai souri en accueillant mes souffrances. J'ai cru en toi. Je t'ai cru et ma souffrance accueillie ne m'a pas brisée. Me voilà capable de réaliser mes rêves.
Un certain silence m'habite maintenant, il a ouvert en moi un espace qui me semble infini ; l'amour est là, au fond, dedans, partout. Et toi, porteur du sens, tu m'accompagnes.
Ami, garde-moi ton regard posé sur moi, ce regard qui a ouvert mes yeux que je pose à présent sur chacun autour de moi.