Billet d’humeur n°11 - 19 mai 2002
"Meurs et deviens !"
L'Ombre, c'est ce que j'ai rejeté en me construisant. L'Ombre s'est construite en même temps que Moi, elle comprend tout ce que j'ai refoulé pour m'adapter à mon environnement familial et social, tout ce que je n'ai pas développé, pas parce que ce n'était pas acceptable, mais tout simplement parce que je ne pouvais pas tout faire. Aujourd'hui, cette Ombre s'est constituée en adversaire intérieur et elle m'interpelle par la tension qu'elle crée en moi.
Qu'ai-je à lui opposer ? Si ce n'est ma bonne conscience et la belle image que je me fais de moi-même !
Ce Moi narcissique auquel je m'identifie volontiers subit de plein fouet les assauts de l'Ombre. Et du coup, je relativise les valeurs auxquelles j'étais attaché, je perds mon assurance, je perds mes repères, j'en viens à me dégoûter, je sens que je me désagrège, je me sens comme en prison, je suis seul. Suis-je le plus malheureux des hommes ? Assurément !
Soit, mais j'existe ! Mais au fait qui suis-je ?
Depuis que j'ai vu le revers de la médaille de ce héros que je m'imaginais être avec tant de complaisance, depuis que je ne m'identifie plus à des images de moi, je commence à me vivre sans me définir, je commence à me vivre sujet. La fin de mon Moi imaginaire n'est pas mon anéantissement ni la fin du monde, je peux encore dire 'je'. J'ai l'impression que je vis plus au large, que je respire mieux et que je comprends mieux les autres. J'ai l'impression d'avoir les pieds sur terre et de vivre pleinement, ici et maintenant. Je comprends Élie Humbert lorsqu'il dit : " Dans cette perspective, la psychanalyse est peut-être l'art de perdre ses illusions dans un accroissement du goût de vivre ".