14 - Maternité
Auqmn
J'ai encore rêvé que je devais m'occuper d'un jeune enfant. J'écris "encore" car cet été déjà j'avais rêvé que je portais une fillette dans mes bras en gravissant une montagne à la suite de son père qui allait mourir au sommet et me l'avait confiée. Dans ces deux rêves j'ai le sentiment qu'une grande responsabilité m'est échue, mais elle ne me pèse pas, je vais l'assumer, car ce qui compte c'est l'avenir et l'évolution de l'enfant. D'ailleurs je sens que je suis à la fois l'adulte et l'enfant du rêve. L'enfant représente mon moi en devenir, n'est-ce pas ? Je ne me souviens pas avoir fait ce genre de rêve auparavant.
Christian : Bonne fête maman !
Bravo pour ta nouvelle maternité, c'est très beau, tu es dans le vrai. Oui, c'est ton moi en devenir. Rien ne résiste à ta perspicacité. As-tu compris le sens de mon 'petite fleur' ? Heureusement, ... car il y en a un autre derrière (suspens !) :-))), un autre qui prend en compte que tu n'as pas aimé que je t'appelle ainsi (rien à voir avec la colère salutaire).
Auqmn : Don't ever call me "maman" again !
Je ne suis pas sûre d'avoir saisi toute la signification de "petite fleur". Cette fois cela ne m'a pas irritée, mais je n'aime pas l'image de la fleur (ni les fleurs en réalité) car pour moi une fleur est fragile (comprendre faible) et éphémère. Quand je vois une fleur, je pense qu'elle va se faner et mourir bientôt.
Tu te félicites de ma "nouvelle maternité". Grrr. Je HAIS ce mot appliqué à moi-même. Le sujet de ton mail faisant allusion à moi comme "Maman" m'est très pénible. Dans le rêve j'ai la charge de l'enfant, mais je ne deviens pas sa mère. Non. Jamais. Hors de question. Tuteur, mentor, protecteur, mais pas "maman". Ce mot me répugne et me fait mal (appliqué à moi-même, s'entend). Ce n'est pas que je refuse d'avoir la responsabilité d'un être jeune, mais il y a dans les mots du champ lexical de mère quelque chose qui me fait bondir et grincer des dents. Je ne veux pas avoir d'enfant. Surtout pas donner naissance à un enfant. Peut-être en adopter un qui ne soit plus un bébé.
Je ne sais pas d'où cela vient. Mais le sentiment de rejet est violent.
Christian
Je suis stupéfait par la rapidité avec laquelle tu réagis.
Une mise au point d'abord. Quels que soient les jeux sur le langage que je puisse faire, quels que soient les points qui font mal sur lesquels je puisse être amené à mettre le doigt, sache que, fondamentalement, je te respecte et je respecte ce que tu penses sans avoir à en juger (par exemple, je considère que ta position sur la maternité relève de ta liberté souveraine et que je n'ai pas de jugement de valeur à formuler dessus, même si je suis amené par ailleurs à m'exprimer à nouveau dessus). Je ne peux pas le répéter chaque fois, je mets en facteur cette déclaration, au début de notre échange. Ceci dit, je ne m'excuse pas de t'avoir fait mal. Je ne l'ai pas cherché, j'espère que tu en es convaincue. Je considère que cela fait partie du jeu de la vérité que nous essayons de jouer ensemble. Quant à ma position personnelle, je sais qu'à travers mon expression je peux paraître très affirmatif et me poser comme détenteur d'une vérité, il n'en est rien, et loin s'en faut. C'est pour ne pas alourdir mon texte que je supprime les phrases du type : "il me semble que", et autres pondérations de la pensée Je suis structurellement contre les arguments d'autorité et donc mes réserves sont implicites.
Avant de terminer, je veux dire un mot sur 'petite fleur'. Encore une fois, tu as anticipé sur le 2° sens dont je parlais : il s'agit bien de la fragilité et de la faiblesse. Bravo ! Tu es très forte Auqmn, je pense que personne ne te le conteste, la grande classe maintenant c'est d'intégrer ta faiblesse.
Auqmn
Tout d'abord, je tiens à préciser que je ne t'en veux absolument pas ! J'ai grogné et encaissé le coup, sachant très bien que tu n'as jamais voulu le donner. Et je comprendrai sans peine que tu reviennes sur la question de la maternité et de la féminité, parce que je pense qu'il y a à ce sujet quelque chose à approfondir, mais toute seule je ne sais pas comment attraper le problème. Et pour te rassurer complètement, je n'ai jamais perçu jusqu'à présent tes commentaires et tes remarques comme des vérités assénées, des blocs de certitude et des préceptes que tu m'enjoins de suivre. Je sais que tu essaies de ne pas formuler de jugement de valeur (mais c'est bien difficile de ne pas juger) et tous tes messages sont très respectueux (précautionneux, parfois). Ne t'inquiète pas, je perçois les réserves que tu n'exprimes pas, je sais que ta position n'a rien d'autoritaire et que tu me fais part avec honnêteté des réflexions que je t'inspire, en toute subjectivité. Et je t'en remercie :-))
Ah, la faiblesse... L'odieuse, l'intolérable, l'exécrable faiblesse ! Interdit d'être faible ! L'ennemie intérieure ! A dissimuler, à ignorer, à oublier. Parmi mes "principes", il y a le suivant : seul le Fort peut se permettre d'être faible. Mais je ne suis pas assez forte encore. Être faible, c'est être passif, c'est avoir besoin d'aide (horreur absolue), c'est souffrir des assauts des Autres, c'est être vaincu. Et le vaincu est méprisable. Seuls mes mois imaginaires ont cette liberté immense : ils peuvent avouer leur faiblesse. Ils ont le droit d'être faibles, et même d'être vaincus occasionnellement. Pas mon moi réel, qui est bien trop fragile. Je suis consciente de ces mécanismes de protection, mais je ne suis pas sûre d'être prête à intégrer la faiblesse, comme tu dis.
Je suis moi aussi étonnée de la vitesse à laquelle je réagis. J'écris "je", mais le processus est inconscient.
Christian
Je suis heureux de savoir que tu comprends et apprécies ma respectueuse impertinence. Je reviendrai effectivement à l'occasion sur la question de la maternité et de la féminité, si tu es toujours OK pour faire face à ce qui sort de toi. Je joue en quelque sorte, à tes côtés, le rôle d'un aide-jardinier.
J'aurais aimé que tu me précises comment tu as exprimée ta colère et ta haine à la suite de mon allusion à la maternité. En effet, c'est passionnant la colère et la haine, et je croyais que tu étais incapable de te laisser aller à de tels débordements.
Au sujet de la rapidité de tes réactions intérieures, ressens-tu des choses en surface ? as-tu l'impression de vivre, disons, une sorte de révolution culturelle ?
Ta réaction sur la faiblesse est bonne, je veux dire qu'il est efficace de l'exprimer, d'aller au bout de ce que tu ressens, quitte à forcer le trait. C'est la bonne méthode (en tous cas, celle que je pratique). Même si ce que tu racontes est déconnant :-))).
T'es-tu demandée en quel sens l'acceptation et l'intégration de la faiblesse pouvaient être une acquisition positive ? Si je devais résumer en un mot ce qui pour moi résume le mieux la démarche jungienne, je dirais la fécondité de la réconciliation des contraires.
Auqmn
> je croyais que tu étais incapable de te laisser aller à de tels débordements.
J'en suis toujours incapable. J'ai éprouvé de la hargne et de la colère mais je les ai exprimées seulement à travers le mail que je t'ai écrit. J'ai peut-être serré les dents et raidi quelques muscles, c'est tout. Du reste, la colère s'est estompée rapidement
> Au sujet de la rapidité de tes réactions intérieures, ressens-tu des choses en surface ? as-tu l'impression de vivre, disons, une sorte de révolution culturelle ?
En surface, la seule réaction flagrante est l'augmentation très nette de ma joie de vivre. Je suis d'excellente humeur, pleine d'énergie et je crois que je m'intéresse un peu plus à ce qui se passe autour de moi. Quant à vivre une révolution culturelle ... je ne suis pas sûre de saisir ce que tu entends par là.
> T'es-tu demandée en quel sens l'acceptation et l'intégration de la faiblesse pouvaient être une acquisition positive ?
J'ai bien compris combien cette notion est importante, mais en fait je crains de ne pas savoir ce que signifie "intégrer la faiblesse". Ne plus redouter d'être faible ? Ne plus cacher ses faiblesses ? ne plus chercher à les combattre ?
Christian : Ex perfecto nihil fit !
> En surface, la seule réaction flagrante est l'augmentation très nette de ma joie de vivre. Je suis d'excellente humeur, pleine d'énergie et je crois que je m'intéresse un peu plus à ce qui se passe autour de moi. Quant à vivre une révolution culturelle ... je ne suis pas sûre de saisir ce que tu entends par là.
Excellente nouvelle de la surface, j'en suis particulièrement heureux. Pas étonnant que tu ressentes de l'énergie avec le volcan qui bouillonne dans tes profondeurs. Par révolution culturelle, j'entends : as-tu l'impression que tu ne fonctionnes plus exactement comme avant, que tes repères dans la vie évoluent, que ta conduite s'appuie sur des valeurs et des références légèrement différentes, que tu n'agis plus tout à fait pour les mêmes raisons ? Bref, as-tu l'impression que le gouvernement de Saint Pétersbourg est en train de changer ?
- L'intégration de la faiblesse n'a rien à voir avec un quelconque misérabilisme. Tu as déjà bien progressé dans la réflexion, tu as conscience de toute la faiblesse qui entre dans ta prétendue force. Oui, tu as déjà fait une partie importante du chemin. Je retrouve la même ambiance que dans ton 2° rêve du début : tout se passe comme si tu avais déjà fait le chemin et que tu étais en train de reparcourir, de réviser, de réactiver des choses que tu sais déjà et qui sont enfouies. Cette faiblesse, je pense qu'il faut la reconnaître, il faut l'accepter comme une donnée structurelle de l'être et ainsi la dépasser en prenant appui sur elle. Là est la véritable force, le véritable courage, la dignité humaine. Je n'ai pas envie de tenir un discours abstrait sur le sujet, ce qu'il nous faut ce sont des exemples vivants, des rêves lumineux. Laissons les venir. Ils ne manqueront pas de le faire avec toute la pertinence que nous avons observée jusqu'à maintenant dans tes productions. Je me bornerai à dire que ce que je ressens en toi, c'est de grandes qualités certes, mais aussi beaucoup de violence, de violence contre toi. Tes passages en force manquent d'élégance. Prends l'exemple de l'équitation, des maths ou du piano, comme tu veux, et extrapoles-le à la manière de gouverner Saint Pétersbourg. Ne penses-tu pas que le régime policier de l'académisme gagnerait en aisance, en élégance, en humanité en acceptant de se fragiliser par l'acceptation du risque de se tromper, par la disponibilité qui découle d'un certain affranchissement des règles et donc de l'acceptation de faire face en étant nue ? J'arrête là, de peur d'être fumeux. Une vieille phrase chère aux alchimistes me vient à l'esprit : "Ex perfecto nihil fit !", traduction libre : de ce qui est parfait, on ne tire rien !
Auqmn
Grâce à nos échanges j'entame la matinée d'excellente humeur et ils me donnent à réfléchir pour la journée. La révolution culturelle... Oui, une altération de mes valeurs et de mon système de références est en cours. Mais je ne puis pas encore identifier ce qui est en train de se faire jour.
Tout ce que tu me dis de la faiblesse et de l'acceptation du risque et de la fragilité me semble très cohérent, mais je ne sais pas comment mettre en pratique tout cela. Peut-être d'ailleurs est-ce parfaitement vain de vouloir appliquer tes suggestions en m'y contraignant par la force de ma volonté. Il faut "laisser advenir" et suivre mon intuition, puisque mes rêves semblent indiquer que le processus est en cours.
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