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10 - Une fonction inférieure de type sensation

Christian

Je veux finir de réagir sur ton intervention 'Type psychologique' avec deux remarques.

D'abord, ce que tu me dis de l'ouïe à laquelle tu n'as pas recours naturellement et ce que tu me dis du regard que tu ne portes pas avec intérêt sur la peinture, la sculpture et l'architecture vont tout à fait dans le sens d'une fonction sensation qui n'a pas l'habitude de s'exercer, ou qui ne s'exerce pas naturellement, dans ces domaines. Et du coup, cette fonction reste un peu archaïque, insuffisamment éduquée et ayant peu le sens des nuances.

La brutalité avec ton corps me paraît aussi relever d'une certaine manière de cette faiblesse de la fonction sensation, en raison de la préférence que tu me parais porter aux sensations fortes (au sens de 'sans nuances'). Je pense aussi que tu dois avoir une certaine capacité à désinvestir ton corps quand tu es absorbée dans une réflexion.

Auqmn : Fonction inférieure (suite)

Je me suis reconnue dans les exemples que tu m'as donnés te concernant.

Je ne suis pas observatrice moi non plus. Il m'arrive de ne pas me souvenir du visage de quelqu'un alors que je me rappelle parfaitement de ce que j'avais deviné de sa personnalité.

J'apprécie un repas fin mais je ne prends pas la peine de me préparer des plats sophistiqués et j'ai l'habitude de lire en me restaurant (manger devient totalement mécanique).

Il m'arrive de ne pas décoller de mon occupation pendant des heures et de ne pas sentir la fatigue - jusqu'à ce que je réalise que je suis incapable de réfléchir ou que mes yeux me fassent vraiment mal (lecture 14h de suite, 38h non-stop sur un rapport de recherche, journées fréquentes où je ne quitte pas mon ordinateur et mon logiciel de simulation pendant 10h). Même les tiraillements d'estomac ne m'incitent pas à m'arrêter, j'attends qu'ils passent.

Je pense que ma fonction sensation déficiente m'a posé de grosses difficultés en équitation. Je ne sais pas si tu pratiques ce sport, mais il exige d'être extrêmement attentif aux réactions du cheval afin de s'y adapter en permanence et de faire les corrections adéquates. Et souvent je ne sentais absolument pas mon cheval (ce qui était catastrophique à l'obstacle). Les rares fois où j'étais à l'écoute du cheval, tout devenait facile et il m'obéissait parfaitement.

Bon, et maintenant que j'ai pris conscience qu'il faut que je développe cette fonction, comment faire ? Essayer d'être plus attentive à mes sensations, certes, mais encore ? Puisque tu es dans le même cas que moi et que tu es familier avec l'oeuvre de Jung, tu as déjà dû faire des efforts en ce sens. Comment procèdes-tu ?

J'ai fini l'autobiographie de Jung et je commence 'L'Homme à la découverte de son âme', tout en continuant en parallèle Psychological types (long et dense). Plusieurs de ses théories me semblent remarquablement pertinentes, mais étant matérialiste, je n'adhère pas du tout à ses positions sur Dieu et la religion. La synchronicité me paraît éminemment suspecte, de même que l'idée d'un inconscient collectif qui aurait des racines ailleurs que dans la seule culture dans laquelle le sujet a vécu, car je n'arrive pas à concevoir une explication valable. Et les preuves qu'il avance ne me satisfont pas. Enfin il y a au long de ses réflexions une condamnation caricaturale de l'époque moderne, un côté réfractaire qui m'horripile (don't get me wrong, je ne dis pas que le progrès est une fin en soi, ni qu'il est synonyme de bienfaits pour l'humanité, mais le contraire n'est pas plus vrai). Mais c'est une lecture captivante et stimulante que j'apprécie beaucoup.

Et la mer à la ronde roule son bruit de crânes sur les grèves. (Saint John Perse)

Philippe

Bon effectivement la fonction sensation est peut-être négligée chez toi, mais à mon avis c'est plutôt du côté d'une histoire sentimentale qu'il faudrait chercher pour compenser ton fonctionnement hypercérébral. Ce serait peut-être plus judicieux que de s'imposer des parcours du combattant. Qu'en penses-tu?

Auqmn : histoire sentimentale

Si l'occasion se présente, je l'accueillerais volontiers. L'expérience m'aiderait peut-être en effet à développer ma fonction sensation déficiente, mais je n'en suis pas persuadée. Pourquoi estimes-tu que cela me ferait tellement de bien ?

Et puis j'aime bien les parcours du combattant :-))

Philippe

C'est évident, cela t'ancrerait de nouveau dans la réalité. Je te vois mal mettre en scène tes personnages imaginaires en partageant la vie de quelqu'un, il faudrait que tu sois un minimum à son écoute. L'amour oblige à faire des compromis avec les tendances les plus extrêmes.

Auqmn : Quitter mes mondes ? Jamais !

Assurément je passerais moins de temps dans mes mondes imaginaires, mais je n'y renoncerais pas. Jamais. Je ne partagerai vraisemblablement avec personne mon espace imaginaire.

Mais tu as raison de dire que je ne suis pas suffisamment ancrée dans la réalité. Je n'éprouve guère d'intérêt pour les gens et le monde extérieur. Effectivement, si j'aime quelqu'un au point de partager ma vie avec lui, le problème sera en partie résolu et cela m'encouragera sans doute à considérer le monde réel avec plus d'attention et m'y investir davantage spontanément.

Philippe : mon avis

Il me semble que ce que je te suggère est une démarche naturelle , mais je suppose qu'il faudra un certain temps pour que tu réformes ton aptitude à vivre dans l'imaginaire, cela ne se fera sans doute pas du jour au lendemain. Pourtant il faut prendre conscience que cette tendance n'est qu'un avatar de la solitude, une compensation.

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Commentaire de Marni : SmsEvMYyBXMbvR (posté le 15/12/2011 à 15h18).

When you think about it, that's got to be the right anwser.

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