Billet d’humeur n°17 - 7 juin 2003
Tarot et aventure intérieure
Je marche depuis plusieurs jours. Et plus je marche, moins j'avance. J'ai l'impression de stagner. Il me semble qu'il ne se passe rien. Ou plutôt, je ressens tout au fond de moi une insatisfaction. Une insatisfaction sur fond de conflit de devoirs. Je ne suis pas en paix. Ni avec moi, ni avec le monde qui m'entoure. De quelque côté que je me tourne, je ne trouve aucune issue satisfaisante à mon déchirement intérieur et à l'impasse dans laquelle je me trouve dans la vie extérieure.
C'est ce que j'en suis venu à appeler une "situation impossible", car je suis coincé de tous côtés, passé à la moulinette morale, salaud quoi que je fasse. Ce n'est pas la première fois que je me retrouve ainsi. Je me demande même si cette mise en situation impossible n'est pas l'outil de prédilection du Soi pour nous amener à nous dépasser. Comme si le conflit - la mise en tension - était le moteur de l'aventure intérieure et la première source d'énergie psychique. En fait de moteur, mon vécu actuel est celui d'une béance par laquelle je me vide. Interdit de plénitude.
Depuis hier, curieusement, je répète, ou plutôt "ça" répète en moi : "tout est le chemin". Cette traversée du désert serait-elle partie intégrante du chemin ? Mais alors, quel est son sens ? Et, pourquoi y aurait-il un sens ? Peut-être, en fait, n'y en a-t-il pas et tel est précisément le sens de cette traversée du désert : la confrontation à l'absence de sens. Quoi qu'il en soit, je ne saurais me résigner. Je dois, je veux faire face. Mais comment ?
Le Yi King, je n'arrive pas à entrer dedans. J'essaie le Tarot. J'ai celui de Dürer sous la main. Je confie ma question à l'air du temps et je tire une carte : c'est le "5 de Deniers" (cf 1° image).
Après avoir décrit l'image, "j'entre" dans le paysage, je laisse émerger mon ressenti, puis je fais le lien avec la question posée. Je m'identifie spontanément à l'homme. A mes pieds, 5 pièces d'or. L'une représente un aigle, ailes déployées, tendu vers le pentagramme, signe de l'homme. Ce désert gelé est bien celui de mon quotidien. Certes c'est dur mais je suis blindé, je pourrais continuer. Ce qui me pose problème, c'est cette jeune fille juchée sur son mulet. J'en suis responsable. Je l'expose au froid, là est ma fragilité, là est ma culpabilité. Faire face au déchirement, dit mon tirage, c'est frapper à cette porte et entrer dans la maison. La porte est surmontée d'un phénix. C'est la maison de la transformation. Ici se trouve l'issue de mon conflit. Elle est dans ma transformation. Une situation impossible se résout par un saut qualitatif.
Je poursuis mon interrogation du Tarot. Je lui demande ce qui va se passer dans cette maison de la transformation et ce qui est attendu de moi. Je tire une nouvelle carte : le "9 de Deniers" (cf 2° image). La réponse est là, c'est la femme qui a été transformée dans la maison du phénix. De servante effacée, elle est devenue grande dame portant une robe vert-de-gris, couleur de Vénus. Conjonction des contraires, c'est par sa main gauche posée sur la tête de l'aigle que la dame a autorité sur le maître de l'air. Ce qui est attendu de moi dans la maison de la transformation, c'est de permettre à l'Anima de prendre toute sa place, d'affirmer son autorité en fixant le volatil et en donnant corps à l'esprit. En toile de fond, le 9 marque la fin d'un cycle.
Message reçu ! J'ai compris. Merci Tarot, merveilleux outil de projection, source de synchronicités, support de mon imagination active. Tu m'es bien utile dans mon aventure intérieure. Puisses-tu l'être également pour tous les mérelliens en quête de sens !