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Billet d’humeur n°13 - 15 août 2002

Du bon usage
du feu secret des sages

Mère Alchimie, in Le jardin de la Reine, Étienne Perrot

Dans un grand éclat de rire pour marquer les vacances et renouer avec la tradition de la gaie science, voici un petit rêve en hommage à Étienne Perrot. Je ne doute pas que notre guide en alchimie aurait savouré l'humour truculent avec lequel le maître des songes a mis en scène sa citation (voir ci-dessous).

" Dans le ciel, je vois passer un scooter avec deux passagers dont l'un se tient au siège par les mains seules et flotte comme une bannière flotte au vent. Quand il atterrit, une institutrice et une gamine d'une dizaine d'années descendent. Je maudis cette institutrice irresponsable qui met son élève en si grand danger. "

" Nous sommes un petit nombre à être invités au restaurant par 'l'organisatrice des cours'. Nous sommes installés en terrasse. Comme les autres, je suis en slip et en tee-shirt. Les chiens sortent des sacs à dos qui leur servent de niche et s'ébrouent. Le temps est humide, j'ai un peu froid. Pour me réchauffer, je vais m'installer au-dessus du fourneau de cuisine situé dans l'angle. Je suis comme assis à un mètre au-dessus du fourneau, jambes écartées qui épousent l'angle. Je ne sais pas comment je tiens ainsi en hauteur mais, comme disent nos amis Belges, j'ai bon ! "

Les lecteurs d'Étienne Perrot et les amis de la Fontaine de Pierre n'auront pas manqué de reconnaître Mère Alchimie sous les traits de 'l'organisatrice de cours' nourrissant 'le petit reste'.

Les aventuriers du rêve n'ont d'habits que le strict nécessaire pour rester décents. Leurs bagages se réduisent à un sac à dos pour porter leur chien et assumer la nature qu'il représente. Et puis, fort heureusement, ils ont accès au fourneau d'angle, variante de la pierre angulaire qui assure la solidité des édifices.

A la différence de l'institutrice irresponsable qui confond enseignement et acrobaties intello-aériennes périlleuses, Mère Alchimie nous présente un programme en trois temps :
- nous déshabiller,
- assumer notre nature,
- et nous chauffer benoîtement le cul au feu secret des sages.

Les anciens alchimistes insistaient lourdement sur la qualité de leur feu, de manière à éviter l'exaltation inflationniste caractéristique d'un coup de feu en cette partie charnue. Le feu doit être doux et régulier, disaient-ils ! Ainsi, il fait du bien partout où il chauffe, et de surcroît, ... tout ça c'est très bon pour la kundalini ! :-))

N'est-ce pas l'essentiel !

Commentaires du billet d'humeur n° 13





Citation du mois



À travers des nuits qui auraient pu être mortelles, il [l'Esprit de l'alchimie] nous a effectivement dirigé vers la terre élue et nous a révélé le premier arcane dont parlent les livres, "la nature de la matière première". Un homme étroitement lié à Goethe, dont une légende synchronistique faisait de lui l'arrière-petit-fils, nous a appris que cette matière n'était pas éloignée mais proche et que, comme chacun, nous l'avions "auprès de nous, en nous". Jung l'appelait "l'inconscient". Ainsi que le disaient encore les grimoires, le nom du fourneau merveilleux nous apparut avec celui de la matière à cuire. Nous avons su que l'athanor était notre corps. Il nous restait à découvrir le nom du feu transformant, ce " secret que les adeptes ont juré de ne révéler à personne " . En fait, il était déjà là et c'était lui qui animait toute notre recherche. Son nom est AMOUR. Il nous faudrait, il est vrai, des années et des années pour lui donner la place qui est la sienne dans notre vie et celle des êtres qui viendraient se joindre à nous. Au prix d'expériences périlleuses, mères d'erreurs et d'échecs, nous sommes parvenus, par Sa grâce, à discerner partout son visage et à lui laisser la totale conduite de nos travaux. Là encore, nous avons vérifié une maxime alchimique:

" L'œuvre se réduit à une seule opération qui est la cuisson "
.

Étienne Perrot, Mystique de la Terre, La Fontaine de Pierre, (2002), pp 58-59