Commentaire de Soufiane : divin désir (posté le 20/12/2002 à 01h46).

lu aujourd'hui dans le n°29 d'Actualité des Religions: "Le désir est-il diabolique?" (avant de découvrir ici l'extrait de Singer, dois-je le préciser...), une interview de Christian Jambet, spécialiste de l'Islam ésotérique, menée par Michel Cazenave. Extrait:

MC: Comment définir le désir lui-même? Nous ne sommes pas ici dans un contexte où le désir humain, c'est une chose, le désir vis-à-vis du divin, une autre. Il y a une unité-pour ne pas dire une "unicité"- profonde du désir.

CJ: Il y a une unicité du désir parce que le mot arabe que nous traduisons par "désir", est un terme technique qui désigne le mouvement divin d'effusion, d'élan, propre à l'ensemble de la création et la réponse de la création à l'effusion originelle. Donc le désir fondamental est le désir divin. Et le désir du fidèle n'est rien d'autre, au fond, que le désir de Dieu s'épanchant dans la création et faisant retour à son origine.

MC: Pourtant, il est évidemment impossible au désir de l'homme de tendre vers l'essence insondable de Dieu?

CJ: Oui. Ce qui est à la portée de ce désir, c'est la figuration de Dieu dans la femme, laquelle, bien sûr, n'est pas Dieu, mais est aussi Dieu. Autrement dit, elle n'est pas le Dieu caché, elle est le Dieu manifesté, elle est une théophanie; et elle va devenir ici, dans l'expérience amoureuse, "la" théophanie, de sorte que le désir de l'homme s'adressant à Nizham, le désir d'Ibn Arabi, cet homme-ci, s'adressant à Nizham, cette femme-là, apparaît comme le "type", au sens technique, de l'expansion libératrice du souffle miséricordieux, et du retour de la créature à son Seigneur. Le seigneur personnel étant ici symbolisée par la femme.

MC: L'interprète des désirs, c'est Nizham, c'est la femme, ce qui pose évidemment deux questions: pourquoi l'épiphanie, la manifestation, a-t-elle lieu dans la femme? Et en quoi est-elle l'interprète?

CJ: En droit, toute réalité sensible ou, a fortiori, toute réalité perçue par l'imagination visionnaire, est une théophanie; toute apparition est apparition de l'Etre divin. Mais on voit qu'il y a une apparition qui est plus valorisée que les autres, et qui est l'apparition de la femme. Ce qui est tout à fait remarquable, c'est que la femme, ici, soit l'archétype de la beauté. Le féminin est la manifestation du beau. Ce n'est pas d'ailleurs parce qu'elle est femme dans le cadre de la division sexuelle, mais parce qu'elle est d'une beauté qui apparaît à Ibn Arabi comme étant la beauté même de Dieu; elle manifeste ce qu'il y a dans les Noms divins, selon l'expression coranique, les plus beaux des noms. Evidemment on retrouve ici une thématique foncièrement platonicienne: l'idée que le beau serait la médiation vers le vrai - on peut même dire vers le réel -, et qu'il n'y aurait pas d'autre médiation possible, si ce n'est celle-là pour l'âme humaine. Donc la femme est élue comme interprète.

MC: Nizham ne parle pourtant ni ne chante, c'est Ibn Arabi qui le fait?

CJ: Oui, mais tout ce que dit Ibn Arabi, il le dévoile dans la présence de cette femme et avec des déclarations stupéfiantes. Qu'on puisse faire coïncider par exemple les jambes de Nizham, avec tel verset portant sur la révélation mosaïque semble tout à fait aberrant, voire scandaleux au regard de la sacralité du texte. Et bien, le texte prend chair. Il ne s'incarne pas, mais il prend forme dans une chair féminine. Donc Nizham est le véritable sujet de l'interprétation parce qu'elle provoque l'apparition d'une parole du sens caché, parole d'un sens qui était jusque-là autre et étranger pour Ibn Arabi.

Commentaire de Rémy : regard et amour de Dieu (posté le 22/12/2002 à 16h54).

Merci, j'ai bien aimé ce message, qui me fait penser à ma relation avec Dieu, ou qui me fait penser à ouvrir plus mon regard vers celui que Dieu à sur moi, à chaque instant...

Mais puis-je voir ce que Dieu voit de moi-même si Dieu ne m'a pas prété ses yeux ?

En effet Dieu dans sa bonté, offre ses yeux seulement si on accepte de ne plus voir comme avant, de ne plus croire qu'on voit en soi et dans les autres des choses qui n'y sont pas (tel des richesses), et qu'on ne voit pas en soi et dans les autres des choses qui y sont (tel des souffrances).

Et c'est à ce moment là qu'on peut "pleurer en acceptant ses richesses, sourire en acceuillant ses souffrances" et louer Dieu pour sa bonté.

Ce message, en effet abat nos valeurs et nos idéaux sur soi-même ou sur l'autre, c'est-à-dire sur ce qu'on croit être.

Il nous invite à l'humilité face à Dieu, car c'est lui qui guéris et non soi-même et aussi à notre engagement envers lui pour faire ce qu'il nous demande : l'aimer et aimer l'autre comme soi-même, puisque lui-même est amour.

Je voudrais aussi renvoyer au texte biblique de Jean, chapitre 9, et à cette citation : "Faites attention à ce que vous entendez ! Dieu mesurera ses dons envers vous avec la mesure que vous employez vous-mêmes et il en ajoutera encore." (Marc4.24)

En ce qui concerne le commentaire qui a été fait par la suite, j'ai quelques remarques à faire puisqu'il parle de Dieu, et que, vous l'aurez remarqué, je connais un peu les Ecritures.

"Dieu créa les êtres humains

à sa propre ressemblance;

il les créa homme et femme." Genèse1.27

"En effet, quand les morts reviendront à la vie, les hommes et les femmes ne se marieront pas, mais ils vivront comme les anges dans le ciel." Matthieu22.30

Peut-on alors donner un sexe à Dieu ? Non je ne le crois pas, autant qu'on ne peut pas diviniser l'homme ou la femme, indépendamment ou l'un par rapport à l'autre.

Je crois aussi qu'il est possible d'exprimer le masculin et le féminin chez les 2 sexes, mais ce n'est pas exprimer le divin si un homme exprime le féminin ou si une femme exprime le masculin.

Si la femme manifeste la beauté de Dieu, l'homme alors manifeste la force de Dieu et les deux sont des interprètes à leur manière.

On peut peut-être dire que tendre vers Dieu, vers le vrai, c'est tendre vers une harmonisation du féminin et du masculin, de la beauté et de la force.

Avec son partenaire, en réaction au commentaire de Christiane Singer, il faut faire attention à ne pas idéaliser son partenaire, c'est à dire à projeter son idéal sur lui.

Car un regard amoureux, c'est voir autant les richesses que les souffrances car c'est aussi accepter qu'on ne peut pas voir comme Dieu voit le partenaire. C'est ainsi apprendre à ne pas juger son partenaire. A ce moment là, si le partenaire le veut, il pourra se contempler dans notre regard comme dans un mirroir d'amour, de vérité et de dignité.

Je voudrais renvoyer aussi dans la Bible, au chapitre 7 de Matthieu, versets 1 à 12.

Si l'un d'entre vous n'a pas de Bible, qu'il n'hésite pas à me demander, en commentaire, de citer les passages que j'ai mis.

Rémy

Commentaire de halbouche : l'amour divin (posté le 24/12/2002 à 15h19).

bonne fête et bonne année!!

Il est donc établi que la psychothérapie intégrale doit tenir compte des « forces spirituelles » envisagées tout au moins comme élément psychique. en effet, l’homme est un tout et cette totalité englobe l’aspiration spirituelle a la délivrance aussi bien que l’instinct animal a la base . une vie spirituelle sainement conçue est indirectement une psychothérapie supérieure. En effet, elle contribue puissamment a faire l’unité du moi autour de cet axe : vivre pour dieu .au contraire le péché nous installe dans le conflit : le sujet y est écartelé entre la satisfaction coupable et le malaise de la conscience. Dans le démon du midi, P.BOURGET a puissamment dépeint l’ âme déchirée de SAVIGNAN. a l’inverse, le saint de fait ou de désir accepte tout l’ordre divin et classe ses valeurs autour de l’axe susdit. en outre, A l’inverse du repliement morbide sur soi-même dans l’auto-analyse, la vie spirituelle imprime au psychisme unifié un mouvement en avant, comme l’ont tant recommande JUNG et ADLER… en avant et en haut. Les annales de la sainteté contemporaine administrent une preuve éclatante de cette vérité. SAINTE THERESE DE LISIEUX aurait pu sombrer dans la névrose : qu’est ce qui l’en a préservé ? la fillette larmoyante ,scrupuleuse et timide est devenue la sainte de la confiance, de la joie, une vierge guerrière… comment ?… c’est, si j’ose dire, par la fuite en avant et en haut, la « fuite » dans la sainteté par le don total de soi-même a l’amour miséricordieux.

ce commentaire est tire du livre "docteur cerveau":jean de courberive.